Les antécédents.
Cela se manifeste souvent par des tentatives d’influencer les décisions stratégiques et opérationnelles des entreprises, telles que les fusions et acquisitions, la distribution des bénéfices et la composition du conseil d’administration [1]. En France, il y a eu le dossier Vivendi vs Bolloré Group [2]. Vincent Bolloré, alors président du conseil de surveillance du groupe Bolloré, a utilisé sa participation dans Vivendi pour influencer la stratégie et la gouvernance de l’entreprise. Autre cas d’espèce, LVMH et Hermès [3], Bernard Arnault, PDG de LVMH, a acquis une participation significative dans Hermès International. Or, cette prise de participation non sollicitée a suscité des tensions et des réactions de la part d’Hermès et de ses actionnaires, illustrant ici un exemple indirect de militantisme actionnarial.
D’ailleurs, bien que de telles actions puissent parfois générer des rendements à court terme pour les actionnaires, elles peuvent également perturber la vision à long terme de l’entreprise et compromettre sa capacité à innover et à investir dans des initiatives stratégiques.
Les dangers.
Un des principaux dangers d’une telle entreprise actionnariale réside dans sa propension à privilégier les intérêts à court terme des actionnaires au détriment de la durabilité et de la responsabilité sociale de l’entreprise. Les activistes peuvent exiger des politiques de réduction des coûts drastiques, des licenciements massifs ou des distributions de dividendes excessives, ce qui peut affaiblir la position concurrentielle de l’entreprise et compromettre sa capacité à créer de la valeur à long terme pour toutes ses parties prenantes [4].
Puis, sur le plan juridique, l’activisme actionnarial soulève des questions complexes en matière de gouvernance d’entreprise et de responsabilité des administrateurs. Les administrateurs ont le devoir fiduciaire de gérer les affaires de l’entreprise dans l’intérêt supérieur de toutes ses parties prenantes, ce qui peut parfois entrer en conflit avec les intérêts à court terme des activistes [5]. Les administrateurs doivent être attentifs à ne pas céder à la pression des activistes au détriment de la vision à long terme de l’entreprise, sous peine d’engager leur responsabilité personnelle en cas de préjudice pour l’entreprise.
Le rôle des activistes.
De plus, l’activisme actionnarial peut également compromettre la stabilité et la cohésion du conseil d’administration. Les activistes peuvent chercher à nommer leurs propres représentants au conseil, ce qui peut entraîner des conflits d’intérêts et des tensions au sein de l’organe de gouvernance de l’entreprise. Ces tensions peuvent perturber le processus décisionnel et compromettre l’efficacité du conseil dans la supervision de la direction de l’entreprise [6].
Enfin, l’activisme actionnarial soulève des préoccupations en matière de transparence et de divulgation. Les activistes peuvent accumuler des positions importantes dans une entreprise sans divulguer leurs intentions ou leurs objectifs stratégiques, ce qui peut créer de l’incertitude et de la volatilité sur le marché des capitaux [7]. Les régulateurs et les autorités de réglementation doivent être vigilants pour s’assurer que les activistes respectent les règles en matière de divulgation et agissent dans l’intérêt supérieur du marché et de ses participants.
En conclusion, l’activisme actionnarial présente des dangers significatifs pour la stabilité et la gouvernance des entreprises. Bien que les activistes puissent jouer un rôle positif en stimulant la performance et la responsabilité des entreprises, il est nécessaire que leurs actions soient alignées sur les intérêts à long terme de toutes les parties prenantes. Les administrateurs, les régulateurs et les autorités de réglementation doivent travailler de concert pour garantir que l’activisme actionnarial ne compromette pas la durabilité et la responsabilité sociale des entreprises.