Avec son essai "Crimes sur toiles", Frédéric Aguillon, avocat pénaliste au Barreau du Val-d’Oise, invite le lecteur à revisiter des affaires jugées au pénal à ce jour classées et jugées en audience publique en leur ajoutant une dimension artistique.
Parmi les dossiers suivis par son cabinet, l’auteur en a sélectionnés douze illustrant parfaitement sa façon bien particulière et personnelle de plaider. En effet, lorsque cela est possible et pertinent, Maître Aguillon propose une représentation graphique, artistique de sa plaidoirie afin d’en donner une vue d’ensemble et permettre ainsi aux jurés de l’appréhender visuellement afin de mieux la comprendre.
Comme l’écrit Marc Trévidic dans la préface de l’ouvrage : « Les mots enfantent des images. Les plaidoiries créent des tableaux. »
Ce livre permet de mieux saisir le travail oratoire des avocats, tout en faisant la part belle à la science criminelle et à l’art puisqu’il donne envie au lecteur de voir ou revoir les toiles que Maître Aguillon fait jaillir de sa défense, qu’il offre à l’imaginaire des jurés pour expliciter un comportement, une situation.
Entretien de la Rédaction du Village de la Justice avec avec Frédéric Aguillon :
Quelles ont été les motivations à la rédaction de cet essai ?
Frédéric Aguillon : « D’abord, il y a le plaisir d’écrire. Je pratique une matière où l’oralité domine. Or, j’ai d’abord fait des études de lettres avant de bifurquer vers le droit. Je suis en quelque sorte revenu à mes premières amours avec la rédaction de ce livre.
Ensuite, il y a le thème du livre que je pensais important de traiter. Je n’y parle pas d’art oratoire mais d’art tout court qui peut dans certains cas faciliter la transmission d’un message ou rendre explicite une situation, un comportement. Cet ouvrage me permettait de fusionner ma pratique professionnelle d’avocat pénaliste avec l’amour des lettres et de la peinture ».
S’il ne fallait en retenir qu’un seul, quel est selon vous le point fort de votre ouvrage ?
- Frédéric Aguillon.
« C’est précisément la démonstration faite à travers une douzaine de dossiers que les images véhiculées en plaidoirie imprègnent profondément l’esprit de l’auditoire davantage que toute autre sorte d’explication.
A vrai dire, je n’ai pas inventé grand-chose. La puissance de l’image n’est pas nouvelle et chacun sait combien elle peut être persuasive, émotionnelle et identificatoire. L’avantage ici, c’est que le délibéré mesuré notamment au regard des réquisitions permet une forme de quantification ».
Comment choisissez-vous les tableaux que vous allez évoquer ?
« Il n’est pas exclu d’avoir déjà une idée à la lecture du dossier et donc avant même l’audience de l’image qu’il conviendrait de faire passer. Mais cela dépend énormément des conditions et circonstances de l’audience. Cette image ne sera pas forcément la meilleure. En fait, les tableaux se peignent d’eux-mêmes au fur et à mesure que se déroulent les débats. La bonne image est celle que tout le monde a sous les yeux sans nécessairement en avoir conscience. Le travail consiste à la mettre en évidence. Pour le reste, je ne peux que recommander la lecture du livre ».
A qui s’adresse votre livre ?
« Le livre s’adresse à un public très large et non spécifiquement aux professionnels du droit ou de l’art. Il est donc tout à fait possible de le lire sans être détenteur d’une licence en droit ou en histoire de l’art... J’ai d’ailleurs fait en sorte que le jargon alambiqué et technique soit suffisamment édulcoré pour ne pas devoir insérer un glossaire en fin d’ouvrage ».
Informations techniques :
Titre : Crimes sur toiles ;
Auteur : Frédéric Aguillon ;
Editeur : La sirène aux yeux verts ;
ISBN : 2382960108 ;
Date de parution : février 2022 ;
Prix : 21 euros.