Ce recueil d’histoires et de situations vécues donne un aperçu de ce que peut être le quotidien d’un avocat en région, qui définit lui-même son activité d’artisanale et de généraliste. Avec humilité, Thierry Fenoy s’est fait le porte-voix de ses clients et les a accompagnés vers une expression vraie.
Les lecteurs y découvriront une vie d’engagement, de souffrance parfois, d’incompréhension aussi face à certaines situations, de questionnement (vis-à-vis du passage à l’acte), mais surtout une vie professionnelle ô combien humaine.
Avant de lire son livre, écoutons ce que son auteur souhaite nous en dire.
Quelles ont été les motivations à la rédaction de cet ouvrage ?
« Désormais en retraite, j’ai voulu que mon expérience ne soit pas perdue, ni pour la relève au sein de la profession, ni pour un public plus large, qui sera sans doute surpris de la diversité de notre profession. Qu’y a-t-il de commun, en effet, entre un généraliste, artisan comme je l’ai été dans une petite ville, un fiscaliste exerçant dans une maison du type Fidal, ou encore un spécialiste du droit de l’environnement ? Pourtant, nous portons la même robe et prêtons le même serment. Le public ne connait souvent du monde judiciaire que la Cour d’Assises ou quelques affaires très médiatisées, mais ignore souvent que cela ne représente qu’une petite partie du domaine de la Justice. Toutefois, je n’ai pas voulu écrire une thèse, mais seulement transmettre un témoignage personnel, en hommage aux personnes qui m’ont demandé de leur prêter ma voix ».
Pourquoi avoir choisi ce titre : "Ad vocatus, habiter la parole" ?
« La Parole est l’expression d’un être. L’éloquence n’est rien pour elle-même : si ma voix sonne creux, je résonne dans le vide. Si j’habite ce que je dis, j’apporterai, si ce n’est la Vérité avec un grand V, du moins celle vécue et ressentie par mon client. La particularité de la parole d’un avocat, c’est qu’elle doit rester la sienne tout en épousant la pensée de son client. C’est cet équilibre très difficile qu’il faut tenir : ne pas trahir ni celui qui vous mandate, ni sa propre conscience. Rester soi-même en acceptant d’être le porte-parole d’autrui, et ce quoiqu’il ait fait ou subi. C’est difficile, mais c’est la noblesse du métier ».
S’il ne fallait en retenir qu’un seul, quel est le point fort de votre ouvrage ?
« Ce serait plutôt au lecteur de répondre à cette question...
Pour ce qui me concerne, je ne peux choisir entre Françoise, Alphonse ou Jacky, ni bien d’autres encore qui m’ont tant bouleversé... »
À la lecture de votre livre, l’on sent votre engagement au sein d’associations, auprès de vos clients, est-ce là une des caractéristiques de l’avocat ? Tout avocat doit-il être engagé ?
« Il est fréquent que des avocats soient engagés, dans le monde associatif, ou en politique. Mais, ce n’est pas systématique ; leur premier engagement est notre profession elle-même, et elle est déjà très prenante.
Paradoxalement, un avocat ne doit pas forcément être engagé dans la même orientation que son client : je me souviens d’un confrère connu pour ses idées "de droite" être le conseil habituel de la CGT locale. L’honnêteté intellectuelle pallie cette apparente contradiction : il faisait du droit du travail, et rien d’autre ! Mais, il est vrai tout de même que la convergence de vues est préférable, et souvent souhaitée par la personne qui vient vous consulter ».
Quel message souhaiteriez-vous transmettre à un jeune avocat ?
« Si tu veux être avocat, tu dois avoir la foi. Je ne parle pas ici de religion, mais d’ardeur. Tu devras être ambitieux, sans sombrer toutefois dans une concurrence à tout-va, ni dans le piège de la vénalité. Tu gagneras fort bien ta vie en respectant le client, le Tribunal et même l’adversaire à qui tu ne feras évidemment pas de cadeaux, mais que tu ne rabaisseras pas non plus. Les juges seront sensibles à ton humanité...
Dis ce que tu crois vrai, ou au moins plausible, et ne plaide pas l’invraisemblable : les juges ne sont pas naïfs...
Enfin, investis-toi totalement dans l’unique dossier qui est pour toi important : celui que tu es en train de plaider.
Pour moi, c’est cela "habiter sa plaidoirie" ».
Informations techniques :
Titre : Ad vocatus,
Auteur : Thierry Fenoy,
Auto-publication,
ISBN : 979-8864532508,
Nombre de pages : 220,
Prix : 12,90,
Distributeur : Amazon,
Parution : novembre 2023.