Avocates et juristes : apprenez à vous affirmer...

Avocates et juristes : apprenez à vous affirmer...

Rédaction du village

Le 15 novembre 2013 a eu lieu le 6ème forum des réseaux au féminin organisé par l’ACE et Juristes Associés sur le thème « savoir s’affirmer ».
Autour de la table ronde, mais également des différents ateliers pratiques, les participantes et les quelques participants sont revenus sur les difficultés et les enjeux de l’affirmation de soi comme individu libre en tant que femme.

Nous avons assisté à ces échanges de grande qualité avec intérêt et partageons avec vous les réflexions, les chiffres marquants et bonnes pratiques...

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L’affirmation : un enjeu personnel et sociétal.

« Il est plus difficile d’imaginer un colloque sur l’affirmation de soi pour les hommes » a relevé Brigitte Grésy, membre du Haut Conseil de l’égalité, Secrétaire générale du Conseil Supérieur de l’égalité professionnelle, dès le début de la table ronde. « Nos apprentissages sont différents (…) et pourtant s’affirmer, c’est bon pour soi, et c’est bon pour la société ».

Si la catégorisation sociale est positive, les stéréotypes débouchent sur un sexisme ordinaire qui génère de l’autocensure et pour les femmes un conflit de légitimité. Nous n’apprenons pas suffisamment, dès leur plus jeune âge, aux petites filles à s’affirmer. Or, d’un point de vue économique, deux tiers des diplômés sont aujourd’hui des femmes. La société ne peut pas se priver d’un tel vivier de talents. De même, les hommes gagneraient également à cultiver une double appartenance « personnelle et professionnelle ». Que se passe-t- il pour eux en cas de décrochage en fin de carrière, quand ils ont tout donné à leur entreprise ou au développement de leur cabinet ?

Lutter contre le sexisme bienveillant...

Lutter contre les stéréotypes, c’est également refuser de se laisser porter par la nouvelle vague de la "complémentarité" des compétences : les femmes étant empathiques et organisées, les hommes plus ambitieux. « Les qualités et les attitudes n’ont pas de sexe  » a rappelé Brigitte Grésy « nous devons développer une approche individuelle et non pas "genrée" pour créer un nouveau contrat social. »

La diversité : une question de survie pour les cabinets d’avocats.

« Si les femmes ne deviennent pas associés, les cabinets vont mourir, car les clients, surtout à l’international, attendent des actions positives sur la diversité et la mixité  » rappelle Caura Barszcz, directeur de la publication de Juristes Associés. Les cabinets anglo-saxons ont ainsi depuis longtemps revu leurs politiques de recrutement et de motivation pour répondre à la pression des clients. En France, la création récente au sein du Cercle Montesquieu d’une Commission « DJ au féminin » met en avant la féminisation croissante des professions juridiques et l’ambition de participer à ces enjeux sociétaux. Ainsi, les cabinets d’avocats étant des entreprises comme les autres, ils doivent également faire preuve de mixité dans les postes de direction.

Femmes en cabinet : l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.

« Il serait pour autant erroné de croire que l’herbe est plus verte dans les pays anglo-saxons  » souligne Caura Barszcz, en présentant des chiffres. En effet, aux Etats Unis aussi les femmes avocats restent moins bien rémunérées. Si une partie de cette différence peut s’expliquer par la segmentation parfois selon le genre (davantage de femmes en droit social et d’hommes en fiscalité ou Banque-Finance), elle s’explique également par une différence de facturation. Hommes et femmes facturent à peu près le même nombre d’heures, mais la différence de taux horaire ne peut pas à elle seule expliquer les différences d’honoraires sur l’année.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les femmes ne facturent pas comme les hommes ! Un homme ajoute même dans la salle « c’est évident, nous avons tendance à sur facturer et nos consoeurs à sous facturer ! Je pense alors que compte tenu de la pression actuelle des directions juridiques vers des factures « plus justes », disposer d’une mixité entre associés peut être intéressant, mais je me suis interdit de penser en terme de genre » !

Du plaisir d’être soi !

S’affirmer c’est tout d’abord se connaître, s’accepter et avoir plaisir à être soi. Ces éléments essentiels ont été rappelés tant par Madame le Bâtonnier Christiane Féral-Schuhl, en introduction de l’événement, que par les différentes conférencières des ateliers. Comme l’a également souligné Gisèle Szczyglak, PH.D, CEO et fondatrice de WLC Partners, en se référant à Peter Sloterdijk : il est essentiel de garder à l’esprit l’avantage qu’il y a à être soi.

S’affirmer c’est également inclure la double carrière (homme et femme) dans le projet familial du couple. Echanger avec son conjoint sur ses propres désirs et ambitions professionnelles pour s’assurer un socle personnel solide.
Clarisse Brely, associée du Cabinet NGO Cohen Amir-Asiani, a mis en avant des atouts qu’elle a retrouvés chez beaucoup de femmes : le courage, la franchise et la persévérance.
Dans son parcours professionnel, elle a notamment travaillé au Vietnam et on lui a fait sentir qu’elle n’était pas à sa place. Il est important de savoir lutter contre le monde ambiant et parfois contre sa propre nature. Ses réussites, le fait d’avoir surmonté des échecs, mais également l’inspiration de modèles de femmes, comme Simone Veil, lui ont donné confiance en elle pour pouvoir s’affirmer.

« Apprenez à créer votre buzz inutile »

Dans son atelier, Gisèle Szczyglak a expliqué que les femmes doivent apprendre à faire du bruit, et à maîtriser l’art oratoire non pas uniquement dans un cadre technique, mais pour assurer leur Buzz inutile, leur buzz ordinaire et leur buzz extraordinaire. Il est important de valoriser tant les petits riens du quotidien que les succès et les équipes. Il faut créer sa visibilité pour créer sa crédibilité et donc, pour nous femmes, souvent changer nos priorités, prendre le temps de rédiger des mails sur nos actions, de soigner notre discours en toutes circonstances en nous interrogeant : « quels mots vais-je choisir pour parler de moi ? »

La journaliste et femme pragmatique que je suis pose alors cette question « Mais combien de temps allons nous passer en réunion ? Ces dernières durent déjà deux heures à écouter le buzz de nos confrères masculins, si nous ajoutons le nôtre nous terminerons à 22 heures !  » Rires de la salle. Et pourtant, il faudra en passer par là mesdames …. Comment ? Certainement en étant moins perfectionnistes par ailleurs ! L’objectif n’est pas de nous transformer en hommes, mais de comprendre les règles du jeu... et de les appliquer à partir de soi !

Impossible de faire l’économie du réseau.

De manière générale les professionnels juridiques ne prennent pas toujours le temps de développer une stratégie réseau. Or, il est désormais impossible de faire l’économie d’un réseau : identifier les influenceurs, parler de soi aux bonnes personnes, prévoir dans son agenda un temps "non compressible" de développement et de maintenance de son réseau professionnel.
« Mais pourquoi des réseaux de femmes ? » Encore une fois, la question a été posée. Comme si les réseaux d’hommes n’existaient pas depuis la nuit des temps ! Comme s’il fallait en permanence justifier ces événements. Au-delà du réseau professionnel, dans cette quête d’affirmation de soi, les réseaux de femmes permettent "de faire communauté" pour devenir aussi normatives que les hommes. Bien évidemment, les femmes entendent inclure les hommes dans cet accompagnement au changement !

Et si nous ne devions retenir qu’un point ?
Savoir s’affirmer, c’est se libérer des stéréotypes pour agir comme un individu libre. C’est également affirmer le plaisir d’être soi. « Quand on transmet le désir et l’enthousiasme, les barrages fondent  » a affirmé Bénédicte bury, avocate au barreau de Paris, Vice-Présidente de l’ACE-Paris pour faire écho à ces propos.

S’affirmer sur les réseaux sociaux...

Au sein du Village de la Justice, nous avons voulu savoir si les réseaux sociaux permettaient aux femmes de s’affirmer en dehors de tout stéréotype. Malheureusement, si tous les chiffres montrent que les femmes sont plus actives que les hommes sur les réseaux sociaux, ils n’exploitent pas les mêmes canaux. Les femmes sont plus présentes sur Facebook, Twitter et Pinterest, les hommes sur LinkedIn, Google Plus et Reddit. Ainsi, hommes et femmes ne poursuivent pas les mêmes objectifs et n’ont pas les mêmes habitudes sur la toile. Selon une étude menée par Helen Nowicka, Executive Vice President Digital chez Porter Novelli , intitulée « Men are from Foursquare, Women are from Facebook » réalisée auprès de 10 000 utilisateurs résidant en Angleterre, en France, en Allemagne, en Belgique et aux Pays Bas, les femmes exploitent davantage les réseaux sociaux pour partager avec leurs proches, tandis que les hommes le font dans une optique professionnelle pour exprimer leur opinion. Ainsi 32% des hommes interrogés ont un blog contre 24% des femmes.
Ce constat chiffré fait écho aux propos tenus par Françoise Hatchuel, maîtresse de conférence à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense, lors du colloque Réseaux au Féminin : « les femmes s’autorisent à apprendre et non pas à créer du savoir ».
D’autres études relèvent ainsi que seulement 15% du contenu créé dans Wikipedia est initialisé par des femmes. Mesdames, à vos tablettes, développez votre buzz en ligne !

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