Leur "souffrance" dans ce métier n’est pourtant pas nouvelle, et préoccupe les observateurs et les instances depuis longtemps. Amélioration des conditions de collaboration, meilleure prise en compte de l’équilibre vie professionnelle/ vie personnelle et plus globalement de la QVCT, initiatives des ordres pour leur faciliter la vie (on pense notamment aux crèches créées directement par les barreaux ou encore à la mise en place, par le Barreau de Grenoble, d’une cellule d’aide et de partenariats avec des psychologues pour lutter contre les burn-out) : le sujet a été pris en compte et tous les axes d’amélioration sont envisagés.
Avant d’en venir aux chiffres qui les concernent eux précisément, voici ceux qui concernent les avocats tous âges confondus.
- Étude du Barreau de Paris en partenariat avec l’institut Toluna Harris Interactive Mars 2025
Focus sur les jeunes avocats.
Les résultats de l’étude en ce qui concerne les jeunes avocats (- de 30 ans) ne sont pas très positifs.
D’abord parce que : 65% des avocats de moins de 30 ans disent travailler entre 46h/60h par semaine dès leurs premières années de travail.
Autre chiffre parlant : 46% des avocats de moins de 30 ans ayant connu un arrêt de travail ont continué à travailler.
Enfin, parmi ceux qui qualifient leur santé mentale de façon négative (64% !) [2], 3/4 ressentent des difficultés régulières à équilibrer vie privée et professionnelle, et 54% se sentent souvent non reposés du fait d’un mauvais sommeil.
Si on entre dans le détail de l’enquête, les jeunes avocats déclarent pourtant un meilleur niveau de santé "global"... mais c’est surtout le cas en matière de santé physique : seul un tiers des moins de 40 ans qualifient leur santé mentale de « bonne ». Un constat générationnel peut-être, puisqu’à l’instar des avocats, les jeunes de moins de 30 ans au sein de l’échantillon témoin présentent une santé mentale plus fragile et de moins bonnes habitudes alimentaires.
Les avocats collaborateurs et les 30-39 ans sont ceux qui rencontrent ces difficultés plus régulièrement que les autres :
Mal dormi non reposé(e) ;
Émotionnellement épuisé(e) ;
Mal de tête, des douleurs abdominales, des tensions musculaires ou des
palpitations ;
À bout de force.
De là à dire que les choses n’ont guère progressé, il n’y a qu’un pas... On y voit forcément un lien quoiqu’il en soit avec les enjeux actuels qui concernent l’attractivité des barreaux, et les enquêtes sur les RPS au sein de la profession qui commencent à voir le jour.
Il manque à cette étude (comme aux autres études sur ces sujets) une question plus ouverte et qui amènerait plus d’optimisme : au fond, qu’est-ce qui pourrait aider les jeunes avocats à aller mieux ? Par exemple, à l’heure où l’IA suscite tant d’interrogations et/où d’inquiétudes, en quoi et comment pourrait-elle leur faciliter la vie plutôt que d’ajouter à leur stress par exemple ?
Pour l’instant, et malgré ces inquiétudes, la profession continue d’attirer (le nombre d’avocats ne cesse d’augmenter chaque année) ; sans doute, comme le dit le Barreau de Paris, que "les résultats complets de cette étude (...) mettent en lumière les difficultés rencontrées, mais ouvrent aussi la voie à des pistes de réflexion et d’amélioration concrètes."
La Rédac’ prolonge l’info...
Le 7 avril 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, la Maison du Barreau accueillera une journée dédiée à la santé des avocats en partenariat avec "Agir pour le Cœur des Femmes". Cet événement vise à sensibiliser les avocates et avocats aux risques de maladies cardio-vasculaires et, plus largement, à l’importance de leur santé. Tous les détails ici.
Rappel de la méthodologie de l’enquête :
L’enquête a été menée auprès de 2737 avocats du barreau de Paris afin d’obtenir une photographie représentative de leur état de santé
Les résultats reposent sur un échantillon redressé selon les critères d’âge, sexe
et statut professionnel. En parallèle de l’interrogation des avocats parisiens,
Toluna Harris Interactive a interrogé un échantillon dit « témoin » composé de chefs d’entreprises, entrepreneurs, managers, cadres et professions
libérales exerçant en région parisienne. Cet échantillon permet de comparer
les résultats obtenus auprès des avocats, afin de les mettre en perspective avec
l’état de santé de professionnels avec postes à responsabilités dans d’autres
professions. Le recueil des données a été effectué en ligne, entre le 19 et
le 28 février 2025, par la direction de la communication du barreau de Paris,
en collaboration avec l’institut Toluna Harris Interractive.