L’ouvrage "L’animal est-il un homme comme les autres ?", qui vient amener une réflexion intéressante sur les droits des animaux sous la forme d’un dialogue entre Aurélien Barrau et Louis Schweitzer est l’objet de la réflexion que porte cet article.
L’animal, un homme comme les autres ?
L’animal, avant d’être reconnu comme un « être doué de sensibilité » a été le fruit de brutalités commises par l’homme. Dès l’origine, la Bible, l’homme et l’animal sont considérés comme deux êtres distincts : les animaux sont créés pour être soumis à l’homme. Par ailleurs, l’un parle, l’autre non, ce qui induit que l’animal est au service de l’homme.
Au XVIIIème siècle, dans le Discours de la méthode, le philosophe René Descartes vient parler de l’animal-machine en exposant sa théorie selon laquelle les vivants non-humains sont des sortes d’automates dénués de consciences. A contrario, le philosophe Michel de Montaigne au XVIème siècle se montre comme un fervent défenseur des animaux : « Nous vivons et eux et nous, sous un même toit et humons un mesme air : il y a, sauf le plus et le moins, entre nous une perpétuelle ressemblance [...] ce défaut qui empêche la communication entre eux et nous, pourquoi ne serait-il pas autant le nôtre que le leur ? [...] Nous ne les comprenons pas plus qu’ils ne nous comprennent. C’est pourquoi, ils peuvent tout autant nous estimer bêtes que nous le faisons [...] ».
Le droit des animaux a évolué à partir de 1791, avec l’Assemblée constituante qui crée la première loi de défense de l’animal, propriété de l’homme. Elle fait inscrire dans le Code pénal comme crime l’empoisonnement par malice ou vengeance, ou dessein de nuire, de certains animaux appartenant à autrui. En 1804, le Code Napoléon, aujourd’hui le Code civil, considère malheureusement les animaux comme "des biens meubles", au même titre qu’un meuble ou un véhicule. Ultérieurement, en 1850, les mauvais traitements publics contre les animaux domestiques sont interdits par la loi Grammont, qui est élargie en 1959 par la pénalisation de « ceux qui auront exercé sans nécessité, publiquement ou non, des mauvais traitements envers un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité ». L’année 1963 vient réprimée l’acte cruel.
Enfin, l’évolution de la société donne un élan à de nouveaux droits en reconnaissant le caractère sensible de l’animal. Ainsi, en 1976, l’animal est reconnu « être sensible » avec la loi sur la protection de la nature qui prend en compte les animaux sauvages dans le droit en utilisant la protection de la faune. Néanmoins, il a fallu attendre que 2015 pour que la sensibilité animale soit expressément reconnue dans le Code civil, comme « des êtres vivants et sensibles ». Le Code civil retire le caractère de « biens meubles » pour s’aligner sur les codes pénal et rural. Néanmoins, certains faits ne sont pas remis en cause, comme la corrida, chasse à courre ou abattage rituel et les animaux sauvages ne sont pas concernés.
Toutefois, rien n’empêche la cruauté envers les animaux, comme la maltraitance, l’abandon, le scandale des abattoirs dénoncés notamment par l’association L214, les élevages intensifs, l’utilisation de la fourrure, ou encore l’utilisation en laboratoire, les conditions de captivités au cirque ou dans des zoos.
L’animal est de plus en plus reconnu, mais l’homme est toujours présent comme supérieur à l’animal, l’utilise de manière négative et crée des distinctions selon chaque animal. Ainsi, ne peut-on pas traiter chaque animal de manière égale ? A ce titre, pourquoi tuer un moustique, une fourmi ou une araignée, ou encore pourquoi préférer le chien à un cochon ?
La théorie sur le droit à la vie d’Albert Schweitzer apparaît exemplaire pour réfléchir aux circonstances qui nous permettent de combattre un être vivant et de le tuer. Il estime qu’un "grand progrès serait déjà accompli, si les hommes commençaient à réfléchir et se rendre compte, raisonnablement, qu’ils n’ont le droit de nuire, détruire et tuer qu’en cas de besoin. Là serait l’essentiel."
Ne peut-on pas aussi faire de l’animal l’égal de l’homme ? En effet, les deux sont des fruits de la terre, les deux ont des traits de sensibilité distincts, mais l’homme apparaît supérieur du fait de la communication. Or, les animaux pensent, comprennent, apprennent, transmettent, souffrent et meurent comme l’homme mais à leur manière.
Ne peut-on pas aller plus loin en reconnaissant un droit des animaux ?
L’avancée est réelle, notamment par l’influence d’associations comme 30 millions d’Amis, mais il y a encore une inégalité dans les droits accordés aux animaux alors qu’ils sont sensibles.
Au-delà de cet aspect général sur l’animal, il convient de s’attacher plus particulièrement à l’animal domestique, notamment le chien.
L’animal domestique, le chien, fidèle ami de l’homme ?
« Avoir un chien, c’est avoir un ange », ou encore « Les chiens sont dépositaires d’un secret, voilà la raison pour laquelle ils se taisent », telles sont les phrases du philosophe français, Mark Alizart.
Fidèle à l’homme, le chien est-il réellement considéré à sa juste valeur ? Une réflexion philosophique s’impose.
En effet, le chien accompagne les hommes depuis fort longtemps avec environ 7 millions de chiens en France aujourd’hui. Néanmoins, le chien n’est pas considéré à sa juste valeur avec une absence totale du chien dans les emblèmes des pays et d’une tendance à le ridiculiser. Par exemple, dans la fable "Le loup et le chien" de Jean de la Fontaine, le chien est traité de lâche. De même, il est utilisé avec une connotation négative dans des expressions, comme « temps de chien », « vie de chien », « nom d’un chien », « mal de chien », « être malade comme un chien ».
Malgré tout, le chien est un animal domestique, un animal de compagnie cher à l’homme. Le chien le comprend à sa manière et inversement. Le chien est utile tant pour sauver des vies, que dans la vie quotidienne des personnes en matière de handicap visuel, moteur, et même auditif avec des chiens "écouteurs" formés par une association unique en France, "les Chiens du silence" pour accompagnés les sourds et malentendants.
Le chien dispose de droits reconnus en n’étant plus un objet juridique mais des "êtres doués de sensibilité. Néanmoins, ces droits ne sont pas toujours respectés avec des dérives (abandon, maltraitance...).
Continuons l’avancée en matière de droits des animaux et que chacun respecte les animaux de la même manière. D’ailleurs, un Code de l’animal chez l’éditeur LexisNexis est apparu pour la première fois en 2018 !
Sources documentaires d’inspiration :
L’animal est-il un homme comme les autres ? Les droits des animaux en questions, Aurélien Barrau et Louis Schweitzer.
France culture, Les chemins de la philosophie, Chiens de Mark Alizart, 16 mars 2018.
France Culture, Du meuble à l’être sensible : la protection des animaux en cinq dates, 11 janvier 2017.
L’association 30 Millions d’Amis
Start-up CamToy développant un robot destiné à servir de compagnon de jeu aux chiens restés seuls à la maison.
Discussions en cours :
Bonjour,
Je souhaitais préciser simplement que le Discours de la méthode date du XVIIème (1637) et non du XVIIIème siècle. Article par ailleurs intéressant.
Bien à vous,
Bonjour,
Effectivement, bien vu. Je m’excuse pour cette maladresse rédactionnelle.
Merci pour votre précision et votre lecture,
Bien cordialement,