Forum : Emploi et carrière
Vos expériences, le marché de l'emploi, les évolutions de carrière et des métiers...
Positionnement juriste d'entreprise
de
doudinette44
le Ven 13 Avr 2007 15:04
- "Membre actif"
-
- 281 messages
- Localisation: 44
-
Profession: Juriste
Bonjour
Je ne sais pas si je choisis le bon forum pour exposer mon problème mais je tente ma chance.
Je suis juriste d'entreprise depuis quelques années (bientôt 9 ans) et je pense avoir maintenant pas mal de recul sur mon métier. Toutefois je m'interroge sur le comportement de certaines personnes dans l'entreprise vis à vis du poste de juriste.
J'ai intégré un nouveau poste depuis environ deux mois. Je précise que c'est une création de poste (je suis habituée à cela car j'ai toujours fait des créations de poste dans les deux autres entreprises où j'ai travaillé).
Globalement ma fonction est bien accueillie voire même attendue. Toutefois, le directeur commercial a un comportement curieux. Dans mon expérience, et plus particulièrement en matière de contrats, le juriste donne ses conseils, revoit les contrats et souligne les risques juridiques, aide à résoudre les litiges quand il y en a.
Le directeur commercial semble vouloir me "cantonner" à déterminer ce qui est acceptable ou non pour l'entreprise en terme de risque juridique. A mon sens, ce choix est une décision de direction, une fois que moi j'ai pu faire ma revue de contrat. Rien n'empêche d'en discuter tous ensemble mais personnellement je ne me suis jamais "auto censurée" dans mes commentaires de contrat pour limiter le nombre de remarques ou de modifications à apporter au contrat.
J'aimerai partager vos expériences sur le sujet car ça me "travaille" pas mal.
Merci d'avance
Steph
de
o2_DRG
le Dim 15 Avr 2007 14:28
- "Membre"
-
- 0 messages
- Localisation: 75
Bonjour gsg44,
Mon expérience de juriste en entreprise est courte pour le moment (2/3 ans d'expérience) mais je comprends ce que vous ressentez. Personnellement, je suis confronté chaque jour aux collègues du "réseau" qui nous sollicitent pour savoir si tel ou tel montage commercial est juridiquement valable. Il arrive assez souvent que je sois obligé de mettre mon véto ce qui m'attire les foudre des directeurs commerciaux qui n'hésitent pas à me dire : "Grâce à vous, on a perdu une bonne affaire"; ce à quoi je réponds : "Une vision à court terme n'est jamais payante, avez-vous pensé aux conséquences de votre montage "foireux" lorsque le client nous exposera une réclamation?". En règle général, j'obtiens un silence...; ce qui est révélateur.
Il est vrai que les entreprises françaises ont une mauvaise vision du juriste qui est assimilé à un empêcheur de tourner en rond. Cependant, à mon sens, il faut savoir se faire connaître et surtout reconnaître. C'est un travail de tous les jours afin de démontrer quelle est notre place dans l'entreprise et l'impact de nos décisions (à court, moyen et long terme).
Personnellement, avant que j'arrive dans mon entreprise actuelle, le "juridique" était très peu sollicité. En effet, il s'agissait de juristes qui ne travaillaient que derrière leur bureau. J'ai donc développé une culture du juriste qui va sur le terrain, qui s'intéresse aux activités des autres directions et qui n'hésite pas à payer de sa personne. Certes, ce ne fût pas une tâche des plus aisées mais j'y suis arrivé. Au résultat, notre Direction Juridique n'a jamais été autant sollicitée par les autres Directions et nous sommes dorénavant vus comme ayant une place de première ordre dans la stratégie de l'entreprise.
Se faire connaître et reconnaître, voilà ce qui aide à valoriser notre profession. Mais bon, je suis le premier à admettre que ce n'est pas chose aisée lorsque l'on est entouré de pures commerciaux qui ne raisonnent qu'en chifrres et pas en qualité tant pour l'entreprise que pour les clients.
Bien cordialement.
Relation commercial/juriste
de
Blacker
le Mer 18 Avr 2007 9:03
- "Membre"
-
- 3 messages
- Localisation: 75
-
Profession: Juriste
La difficulté avec les commerciaux, c'est que leur commission représente en général une bonne part de leur salaire. En outre, elle est calculée sur le chiffre d'affaire signé, et il n'y a pas de rétro-commission à l'entreprise en cas de litige. Bref, cela n'incite guère à écouter le juriste.
Mais l'expérience que j'ai m'a permis de comprendre plusieurs choses.
D'une part, un commercial écoute mieux son juriste lorsque celui-ci lui parle d'avoir à faire au client, que de risque juridique. En outre, les provisins sur litige viennent diminuer les résultats de sa BU, et souvent, le commercial est intéressé financièrement à cela.
D'autre part, il est en général très rare que le choix se réduise à choisir entre la position du juriste et celle du commercial. Lorsque le choix se réduit ainsi, c'est que le juriste n'a pas été associé suffisamment en amont du projet. Il est très souvent possible de trouver la 3° voie, celle qui plaît à la fois au comercial et à la fois au juriste. Mais que peut faire un juriste lorsque tout est déjà négocié, sinon dire qu'il n'est pas d'accord ? Bref, c'est bien de la responsabilité du commercial de favoriser ces échanges dès qu'il est saisi d'un nouveau dossier.
Enfin, pour les réclacitrants (hélas, il y en a), j'ai pris pour habitude de leur dire que je cherche nullement à leur faire rater une affaire, mais à ce qu'ils prennent leur décision EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE. Autrement dit, je ne fais pas obstacle à la signature, mais je conserve tous mes e-mails, et, en cas de litige, rien ne se perd. Comme en général un président n'apprécie guère les contentieux, et encore moins de les perdre ... Bref, les récalcitrants finissent par écouter, sans vous mettre ainsi en porte-à-faux vis-à-vis de votre direction : vous n'êtes pas là pour briser le business. Les mettre en face de leur propre responsabilité, c'est ça à mon avis le truc à retenir pour cette catégorie là de commerciaux.
En conclusion, la relation se bâtit à deux. Parfois, comme dans les couples, une bonne enguelade sur un dossier permet d'envisager l'avenir plus sereinement. Et même parfois, les gens s'en apprécie d'autant plus que le rapport de force a permis de tester les limites de chacun. Cela m'est déjà arrivé avec des acheteurs, et je vous assure que tout se passe désormais très bien entre nous. Ainsi, les choses sont claires.
de
doudinette44
le Mer 18 Avr 2007 9:45
- "Membre actif"
-
- 281 messages
- Localisation: 44
-
Profession: Juriste
Merci à tous les deux pour vos témoignages.
Je partage tout à fait vos points de vue sur la question. J'ai beau avoir été depuis toutes ces années "blindée" sur le sujet, je suis parfois encore abasourdie par l'état d'esprit de certains. C'est sans doute parce que je viens de changer d'entreprise que je suis à nouveau confrontée à cette impression d'impuissance.
C'est surtout avec le directeur commercial que j'ai ces difficultés, car il n'a jamais travaillé avec un juriste et s'attend à ce que j'adhère à sa logique et me "limite" à commenter ce qui l'intéresse. Son équipe en revanche se comporte beaucoup plus positivement vis à vis du juridique et ont parfaitement compris que s'ils ne veulent pas suivre mes conseils, ils prennent la décision, comme le disait Blacker "en toute connaissance de cause".
Si d'autres collègues juristes ont des témoignages à apporter, cela m'intéresse.
Bonne journée
Stephanie
de
pipass
le Mer 18 Avr 2007 21:18
- "Membre actif"
-
- 226 messages
-
Profession: Juriste
Chez moi c pareil ! Dur Dur. Le mieux est souvent de lister certains points du contrat (ex des pénalités de retard qui atteigne des montants délirants) sur lesquels on ne lache pas et de se les faire valider par le PDG.
Dernière édition par
pipass le Mer 18 Juil 2007 16:58, édité 1 fois.
Courage !
de
law78
le Lun 30 Avr 2007 16:36
- "Membre"
-
- 1 messages
- Localisation: 78
-
Profession: Juriste
Malheureusement nous sommes souvent confrontés à des réactions individualistes contraire aux intérêts de l'entreprise par méconnaissance ou par peur.
Au risque de ne pas être politiquement correcte des intérêts personnels sont en jeu peut être qu'il ne s'agit pas seulement d'argent mais de pouvoir.
Ce Directeur te vois probablement comme un contre pouvoir à son autorité, d'autant plus s'il s'agit d'une création de poste.
Tu dois être l'une des rares qui se permette de le contre-dire.
Sais tu ce qui a motivé la création de otn poste ? Un contentieux ? Un changement d'organisation ? Peut il considérer ta venue comme une sanction ?
Ce Directeur a-t-il déjà eu l'occasion de travailler avec un juriste ? Tu peux peut être déjeuner avec lui et une personne que tu as déjà réussi à sortir d'un mauvais pas, ce afin qu'il s'apperçoive que finalement "ce n'est pas si mal" d'avoir un juriste dans sa manche...
Tiens nous au courant !
de
doudinette44
le Mer 02 Mai 2007 10:59
- "Membre actif"
-
- 281 messages
- Localisation: 44
-
Profession: Juriste
Merci beaucoup pour vos témoignages.
Law78 ta suggestion de déjeuner me parait tout à fait intéressante.
En fait, j'ai pu discuter avec d'autres collègues de ma direction (je suis rattachée à la direction financière) et ce directeur est assez connu pour son caractère pas trop facile.
Je crois que ton analyse est la bonne , il a affaire de pouvoir, bien souvent dans ce genre de comportements (j'ai déjà été confronté à ça dans mon ancien boulot).
Je pense que cette personne agit aussi de cette façon par méconnaissance car elle n'a jamais travaillé avec un juriste.
Bref, ce sera affaire de patience et de dialogue.
Je pense que je passerai de temps en temps par ces phases de découragement que je connais bien mais ça ne m'empêche pas dans la majorité des cas d'oeuvrer pour que ma fonction soit reconnue et utile à l'entreprise
Bonne journée et merci encore à tous pour vos messages qui me montrent que nous sommes tous un jour ou l'autre confrontés à ce genre de situation
à bientôt
Steph
de
Le Thaï
le Ven 31 Aoû 2007 10:30
- "Membre actif"
-
- 95 messages
- Localisation: 75
-
Profession: Juriste
Bonjour,
dans l'ensemble des commentaires, je dois dire que je m'y retrouve aussi. Mais je voudrai rajouter un point. Nous sommes souvent vu comme les empêcheur de tourner en rond. cédric évoque même, à juste titre, "la vision à court terme" que certains ont. Personnellement dans ce cas de figure, lorsque je dis non à quelqu'un, que juridiquement sa position n'est pas tenable, j'essai de trouver une autre solution de lui proposer autre chose. En discutant avec lui j'arrive à voir où elle souhaite aller et ensemble on monte quelque chose qui tient la route. Je ne me contente pas uniquement de dire, par exemple, que tel quel ce contrat est risqué mais de trouver une façons faire.
De plus c'est trés enrichissant car cela permet de comprendre comment les autres services fonctionnent.
à tantôt
de
Jean Marc Cheze
le Ven 31 Aoû 2007 10:52
- "Vétéran"
-
- 2028 messages
- Localisation: 42
-
Profession: Autre métier du droit
-
Bonjour,
Je travaille en externalisé mais souvent intra muros maintenant avec les entreprises.
Si je prends mon client principal:
Les relations avec les commerciaux et le directeur se trouve simplifiéscar le DG me fait rentrer un encours sur chaque client à ne dépasser sur ratios simples.
S'il y a vraiment perte d'une chance tous les moyens me sont donnés pour passer outre avec une alphabétisation du risque et l'encours est dépassé si le bilan analysé permet de contracter plus que l'autorisation donnée par les centres serveurs télematiques.
J'apparais donc comme celui qui améliore les commissions pour les commerciaux d'où pas de conflit.
Je ne peux que remercier le dirigeant de sa politique qui favorise la croissance avec une maîtrise du risque.
Simplement il faut qu'on nous paye plus vite que les autres fournisseurs et avec une échange des balances âgées D&B
nous founit le nombre de jours gagnés.
Le crédit founisseur est également bon grâce à l'escompte.
Crédit client et crédit ournisseurs sont très important pour le DG qui est très porté sur les mathématiques financières et la gestion des risques contentieux.
Cordialement
"A bon droit aider on doit" Leroux de Lincy
juriste gestion risques credit manager.
viadeo
Membre de l'association Henri Capitant.
http://www.cfo-news.com/La-manus-injectio-ou-la-regle-de-la-creance_a12944.html
de
fabien
le Lun 03 Sep 2007 12:02
- "Vétéran"
-
- 551 messages
- Localisation: 75
-
Profession: Juriste
Bonjour,
Vos témoignages sont intéressants en effet, j'ai 26 ans et de fait je suis le seul juriste d'une filialle d'un groupe audiovisuel face à des gens qui ont des postes de directeurs et avec des impératifs de temps assez conséquent.
Vu mon jeune age (26 ans) c'est assez compliqué de faire passer une décision impopulaire.
J'ai donc décidé de m'investir plus sur le terrain en m'ntégrant aux différents stades de conception des projets d'une part j'ai acqui des connaissances commerciales précisues d'autre part cela m'amene a à négovier plus avec les clients désormais j'ai plus l'image de quelqu'un qui est la pour contracatualiser une relation et faire respecter les obligations, quitte à faire des gestes commerciaux en étant plus souple sur certains délais, mais le plus dur reste d'être au courant de tout et ça c'est assez compliqué.
Je vous laisse imaginer le nombre de cas ou j'ai été mis devant le fait accompli alors que lorsque mon supérieur vient voir le déroulement bizarrement il est tenu au courant immédiatement.
Estr ce que les juristes en exercice individuel ont le même genre de problème ?
Au total il y a 36 utilisateurs en ligne :: 0 enregistré, 1 invisible et 35 invités (basées sur les utilisateurs actifs des 5 dernières minutes).
Le record du nombre d’utilisateurs en ligne est de 1334, le Mar 14 Avr 2020 20:28