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Sujet : Vocation d'avocat

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Vocation d'avocat

de encoreavocat   le Jeu 03 Juil 2008 12:01

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Bonjour,

Je sais que mes propos vont paraître banals, voire exagérés. Certains y verront probablement de la rancoeur ou de l'ingratitude. Néanmoins, je souhaite apporter mon témoignage sur les raisons qui me font quitter la profession d'avocat après 3 ans d'exercice.

Je suis actuellement avocat dans un barreau de province. Pour être précis, j'exerce en qualité de collaborateur libéral dans une société d'avocats d'envergure régionale et spécialisée dans l'assistance aux clients institutionnels (je reste volontairement vague car il ne s'agit pas de régler des comptes).

Commençons de suite par le bon côté des choses : j'ai, pendant la période en question, appris énormément sur le droit, sur le fonctionnement social, politique, économique, etc. Et pourtant, je m'en vais sans d'ailleurs que mon patron m'aie reproché quoi que ce soit.

Plusieurs raisons à cela : le montant ridicule des rétrocessions consenties, la disponibilité quasi constante exigée des collaborateurs, laquelle se double d'une pression au chiffre impressionnante (plus de 25 % d'augmentation annuelle), une responsabilité quasi totale vis-à-vis des clients de la structure. Et bien sûr les charges et contraintes d'un entrepreneur individuel...

Je pense que je ne suis pas tombé dans le meilleur cabinet du point de vue des conditions de travail. Je sais pourtant qu'il existe pire.

Restent plusieurs questions: jusqu'à quand le statut de la collaboration libérale va-t-il permettre aux avocats installés d'exploiter les arrivants ? Pourquoi les représentants des jeunes avocats laissent-ils perdurer un système profondément hypocrite ?

Ce ne sont pas des revendications syndicalistes, simplement une interrogation sur la pérennité d'une profession qui ne sait retenir que par défaut et dont l'image se dégrade vis-à-vis de l'opinion et des étudiants.
En essayant continuellement, on finit par réussir, donc plus ça rate, plus on a de chances que ça marche

   

de Must   le Jeu 03 Juil 2008 12:50

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N'étant pas avocate, je n'émets pas d'avis sur ce sujet, je comprends votre choix néanmoins avec ce que vous décrivez...

Une question cependant: vous resterez dans le domaine du Droit ou vous changez de secteur?

   

de alcavocate   le Jeu 03 Juil 2008 15:39

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Je comprend tout à fait votre sentiment, mais tout en respectant votre choix, je tiens à vous faire part de mon sentiment. Beaucoup de confrères ont intégrés la profession sans réellement vouloir être avocat (je ne dis pas que c'est votre cas). Les recruteurs voient arriver des jeunes bardés de diplômes, aux dents longues, qui pour la plupart n'ont pas ou peu d'expérience, très motivés mais n'ayant pas conscience de ce qu'est le marché professionnel. Sans dire que c'est la faute de l'un ou de l'autre des protagonsites, je m'aperçois d'une chose, c'est que la confraternité se perd. On entend le terme à l'école du barreau et puis après plus rien. Or, à mon avis, là est la rupture d'égalité puisque lorsque l'on recrute un collaborateur, il est avant tout chose un confrère, un appui, quelqu'un que l'on se doit de former. Et malheureusement ce n'est pas la vision d'un paquet d'avocats qui se croient tout permis au motif que vous êtes débordants de motivation pour travailler. Si en plus en face, ils ont quelqu'un qui n'a pas spécialement la foi dans ce métier, c'est la porte ouverte ...
Ces derniers vont alléguer que vous avez choisi d'être libéral donc c'est normal que vous ayez des cacahouètes puisque le reste de votre rémunération c'est à vous de la faire. Si je n'ai qu'un conseil, c'est de refuser systématiquement toute rétrocession qui n'apparaît pas convenable et ne pas hésitez à le dire à son recruteur. Les instances ordinales sont sourdes face à ce problème (vu leur dernière délibération sur le montant minimum de la rétrocession, cela revient en effet au même), donc je me dis que l'on ne doit compter que sur soi.
Parallèlement à ca, on demandera quand même au collaborateur de s'"investir", c'est à dire, dans le langage des avocats, d'être disponible tout le temps, de ne pas regarder sa montre, etc..le problème du traitement de ces dossiers personnels n'est pas résolu par l'Ordre. Il n'existe par exemple aucune recours spécifique sur ce point alors que c'est monnaie courant qu'un cabinet impose de traiter uniquement ses dossiers. Refuser? Très bien, mais quels recours contre ces agissements? On file lentement vers une déshumanisation de la profession, vers la perte de la confraternité et pourtant, c'est une très belle profession..qui mérite qu'on se batte pour elle.
Je suis désolée de voir qu'un confrère nous quitte.

   

de aiki   le Jeu 03 Juil 2008 16:21

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Oui la confraternité se perd mais lers anciens y sont pour beaucoup , voire exclusivement ne serait ce que par leur volonté d'imposer aux jeunes l'absence de clientèle personnelle

Bien sur, ce n'est jamais écrit

   

de RUD   le Jeu 03 Juil 2008 16:46

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Bonjour,
Vous avez mis le doigt là où ça fait mal.
Le principal écueil de notre métier, ce sont pour moi les rapports entre « confrères » et pas uniquement s’agissant de la collaboration mais de façon plus large. C’est encore plus vrai à mon sens concernant l’activité judiciaire.
Je suis jeune, je ne sais pas si cela joue, mais j’avoue avoir du mal à faire confiance à mon Contradicteur ne serait-ce que pour un simple renvoi par exemple, j’ai toujours peur de me faire entuber.
Est-ce que je fais une simple lettre, que par définition je ne pourrai produire en cas de difficultés, ou une lettre officielle qui forcément plombera l’ambiance, dois-je venir à l’audience et ainsi perdre mon temps pour être sur que rien se ne dit derrière mon dos et assurer un renvoi parfaitement neutre sans commentaire malsain, etc...
Voilà l’exemple typique, parmi d’autres, de ce que je trouve usant.
J’ai tendance à penser que les anciens se font un malin plaisir de glisser des peaux de bananes aux jeunes en ayant des comportements que eux-mêmes ne supporteraient pas.
Le plus dur, et plus le barreau est petit plus c’est vrai, c’est qu’il ne faut jamais trop se fâcher, il ne faut pas insulter l’avenir. Bref, il faut supporter une grosse dose d’hypocrisie dans les rapports entre confères, et aussi avec les instances ordinales. Pas facile tous les jours…
Cordialement.

   Re: Vocation d'avocat

de Tenshintai   le Jeu 03 Juil 2008 18:35

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encoreavocat a écrit :Bonjour,

Je sais que mes propos vont paraître banals, voire exagérés. Certains y verront probablement de la rancoeur ou de l'ingratitude. Néanmoins, je souhaite apporter mon témoignage sur les raisons qui me font quitter la profession d'avocat après 3 ans d'exercice.

Je suis actuellement avocat dans un barreau de province. Pour être précis, j'exerce en qualité de collaborateur libéral dans une société d'avocats d'envergure régionale et spécialisée dans l'assistance aux clients institutionnels (je reste volontairement vague car il ne s'agit pas de régler des comptes).

Commençons de suite par le bon côté des choses : j'ai, pendant la période en question, appris énormément sur le droit, sur le fonctionnement social, politique, économique, etc. Et pourtant, je m'en vais sans d'ailleurs que mon patron m'aie reproché quoi que ce soit.

Plusieurs raisons à cela : le montant ridicule des rétrocessions consenties, la disponibilité quasi constante exigée des collaborateurs, laquelle se double d'une pression au chiffre impressionnante (plus de 25 % d'augmentation annuelle), une responsabilité quasi totale vis-à-vis des clients de la structure. Et bien sûr les charges et contraintes d'un entrepreneur individuel...

Je pense que je ne suis pas tombé dans le meilleur cabinet du point de vue des conditions de travail. Je sais pourtant qu'il existe pire.

Restent plusieurs questions: jusqu'à quand le statut de la collaboration libérale va-t-il permettre aux avocats installés d'exploiter les arrivants ? Pourquoi les représentants des jeunes avocats laissent-ils perdurer un système profondément hypocrite ?

Ce ne sont pas des revendications syndicalistes, simplement une interrogation sur la pérennité d'une profession qui ne sait retenir que par défaut et dont l'image se dégrade vis-à-vis de l'opinion et des étudiants.


Rien d'exagéré malheureusement.

Je ne déplorerai pas la banalité de vos propos mais celle, affligeante, de la situation des collaborateurs que vous décrivez fort bien.

Au mieux les instances ordinales y restent indifférentes, au pire elles organisent cette situtation de précarité.

Etant composées des tristes personnages qui adoptent les comportements que vous dénoncez, cela n'a en somme rien de surprenant.

Force est de constater que la profession est sur le déclin.

Son précarré est petit à petit grignoté par les autres professions du droit et elle n'a pas plus l'écoute et l'estime qui ont fait son utilité et son prestige.

Nombre de Confrères n'ont plus qu'une vision commerciale et individualiste de leur profession.

A trop vouloir concurrencer les leurs, ils oublient que pour que la profession perdure elle doit avant tout pouvoir concurrencer les autres professions du droit, ce qui suppose une certaine cohésion...oserais-je dire confraternité...

Avant de songer à une "grande profession du droit", ne faudrait-il pas songer à une "grande profession d'avocat" ?

Une profession dont la grandeur reposait sur la déontologie.

Les principes déontologiques sont triés en fonction de leur utilité mercantile et/ou procédurale, les autres servant à se gargariser dans les discours.

J'anticipe les éventuelles observations : oui c'est un discours amer et emplit de déception.

J'avoue que la question d'un départ de la profession me taraude également...

Je ne puis donc que comprendre votre décision cher Confrère.

   

de nulla data sine lege   le Jeu 03 Juil 2008 19:26

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....et qu'on arrête de bouder le salariat !
L'auteur des propos ci-dessus exposés rejette toute responsabilité quant à leur contenu, portée et conséquences.
Si vous êtes choqué, vexé, troublé ou ma mère, adressez votre plainte là où ça vous fait plaisir.
A votre bon coeur M'sieurs 'dames

   

de aiki   le Ven 04 Juil 2008 11:12

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Moi, ma décision est quasiment prise d'abondonner la profession l-o

Mais il me reste, avant, à trouver un autre emploi et là, c'est pas gagné

   

de croc   le Ven 04 Juil 2008 17:25

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Bonjour,

Il me semble que la confraternité est bien plus grande chez les notaires que chez les avocats.

A quoi bon une profession unique du droit dans ce cas ?
Membre Viadeo

   

de encoreavocat   le Ven 04 Juil 2008 21:36

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Tout d'abord pour vous répondre que je ne vis pas ce départ comme un échec même s'il est vrai que je déplore d'en arriver là alors que cette profession est une des plus belles qui soient à mon avis (mais je reste dans le domaine juridique).

Je pense effectivement que la généralisation du salariat peut être une solution honnête et efficace (et qui ne détruit pas plus l'autonomie que la dépendance économique qui existe actuellement). Je me souviens de mes cours de CFPA ou un ancien bâtonnier nous serinait que la collaboration libérale était une période essentielle dans le développement du jeune avocat vers le statut d'associé (le salariat étant au contraire décrit comme un statut bâtard valable pour les cabinets anglo-saxons qui déshumanisent l'avocat).:roll:

Si ce n'est sur le papier, je resterai en tout cas le bien dévoué confrère des avocats de bonne volonté (inscrits ou omis d'ailleurs).

P.S. : Pour Aïki,Tenshintai et tous ceux qui se posent des questions, courage.
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