LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

Bonsoir à tous,

Etudiante en L3 de Droit, je suis actuellement en pleine réflexion sur mon avenir professionnel. En effet, je suis très intéressée par la profession d'avocat mais avec la mutation de celle-ci (notamment sur le marché de l'emploi avec des témoignages de jeunes avocats dans des situations très précaires) je me questionne énormément quant au domaine vers lequel je devrais me spécialiser. J'aimerais évidemment exercer dans un domaine qui me plait mais je veux aussi m'assurer une certaine sécurité en choisissant une branche dans laquelle il y aura du travail.

Je souhaite donc vous faire part de mes différentes idées de master afin que vous puissiez me donner vos avis sur l'avenir des domaines en question notamment pour un avocat en province (Nantes, Bordeaux).

Voilà les différentes idées de master que j'ai : droit public des affaires, droit social et droit de la santé.

Merci beaucoup à ceux qui prendront le temps de me répondre !

Bonjour,

En ce qui concerne les opportunités professionnelles, il va de soit que le choix du domaine n'est pas le seul facteur à prendre en compte. Vous n'êtes encore que en L3 et avez donc le temps de bien préparer vos choix donc:

- La qualité et la cohérence de votre parcours (études et stages) reste de loin le plus important. Ca peut sembler évident mais vu le nombre de CV que je vois défiler avec des parcours qui passent d'une matière à une autre sans fil conducteur je me permets de le rappeler.

- autre évidence : il vaut mieux un bon master d'une bonne fac d'un secteur un peu moins porteur qu'un parcours médiocre dans une petite fac.

- Je ne suis pas un fan du "tout Paris" (ayant moi même fait mes études en Province et y exerçant), mais se limiter géographiquement alors que vous êtes si jeune est à mon avis un choix hasardeux. Paris reste le lieu où se concentrent la plus grande partie des opportunités (études/stages/boulot) pour les jeunes avocats. L'exclure "ab initio" me semble donc dommage, surtout que, pour bien connaître l'Ouest de la France, Bordeaux et Nantes sont des barreaux sursaturés et sur lesquels vous serez en forte concurrence avec des avocats "parisiens" désirant quitter la capitale.

Pour ce qui est de vos choix, sachez tout d'abord qu'il n'y a pas de "secteur doré". Toutes les grandes matières du droit sont déjà saturées d'étudiants et même si vous choisissez le bon cela ne vous garantira pas de ne pas "galérer" en tant que jeune avocate. Le meilleur moyen de ne pas galérer (en dehors du fait d'avoir des "connexion" car ca reste le meilleur moyen pour trouver un job dans le monde du droit) reste d'avoir un parcours dans un top Master parisien + LLM/école de commerce ce qui n'est pas accessible à tout le monde. je ne couvre aucun de ces trois secteurs mais exerçant dans un cabinet les traitant et à ce que je vois autour de moi je constate que :

- le droit public des affaires offre de bons débouchés aux meilleurs. Le nombre de postes en tant qu'avocat sont rares mais le nombre d'étudiants avec une bonne formation en la matière le sont aussi. C'est une matière principalement pratiquée dans les grandes villes et dans des grands cabinets ou des cabinets à haute valeur ajoutée "de niche".

- le droit social est LA matière avec le vent en poupe actuellement. le nombre d'étudiant choisissant cette filière est donc très important. Je ne vous le déconseillerait pas mais le risque est que, quand vous serez avocate, vous vous trouveriez face à un secteur saturé suite à 5-8 ans de "gavage", c'est la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui le "corporate" : matière au top des opportunités et des choix des étudiant depuis des années et aujourd'hui en crise (sauf dans le gratin). Egalement en forte concurrence avec les autres métiers du droit, ce que je crains sera le cas aussi du droit social dans les années à venir.

- droit de la santé: je ne connais pas d'avocats dans ce domaine. Tous les étudiants que je connais qui y ont fait leurs études travaillent aujourd'hui dans les administrations publiques ou privées de la santé (mutuelles, CPAM, hôpitaux, EHPAD etc). Secteur qui ne sera jamais en crise (il y aura toujours des malades et de plus en plus de vieux) mais pas forcément l'eldorado des avocats. Je sais qu'il y a des cabinets spécialisés en responsabilité médicale. Reste la niche du droit pharmaceutique qui offre de bonnes opportunité mais exercée par des grands cabinets parisiens (donc nécessitant un top parcours et expériences à l'étranger). Pas un mauvais choix car il vous permettrait de facilement vous reconvertir dans le public ou le privé si vous ne trouvez pas chaussure à votre pied en tant qu'avocate.

Bon courage pour vos études et surtout, profitez en (ou l'oublie souvent) !

Ola !!!

oui un double cursus est devenu quasiment incontournable ( LLM ou école de commerce) sans oublier les langues (bilinguisme obligatoire);

Ola !!!

oui un double cursus est devenu quasiment incontournable ( LLM ou école de commerce) sans oublier les langues (bilinguisme obligatoire);

Non le double cursus n'est pas incontournable. Une grande majorité des avocats n'en ont pas et s'en sortent relativement (voir très) bien. C'est juste le moyen de se prémunir de toute galère, bien que les prix (souvent prohibitifs) de ces cursus s'adressent déjà à une population bénéficiant d'une certaine protection au départ.

Le bilinguisme est un atout incontournable (désormais avec Erasmus et les bourses à la formation il n'y a plus d'excuse pour ne pas avoir un niveau correcte en anglais) si on veut travailler dans un secteur pouvant avoir des dimensions internationales, ce qui est rarement le cas dans en Province en droit social et en droit de la santé où on ne vous demandera qu'un niveau basique.

Bonjour à vous deux,

Merci beaucoup pour vos réponses et pour la qualité de celles-ci. Des conseils avisés de la part de professionnels me sont très précieux.

Concernant la limitation géographique énoncée dans mon premier post, je pense m'être mal exprimée : si j'envisage plutôt une carrière en province, c'est notamment au regard l'engorgement des barreaux parisiens qui engendre une concurrence visiblement difficile à surmonter pour bon nombre de jeunes avocats. Cependant, je n'exclus absolument pas Paris pour mes études de master, pour des stages ou encore pour un début de carrière. Le sens de ma question était plus pour connaitre l'état du marché de l'emploi en province pour un avocat, les témoignages recueillis sur le net étant très centrés sur la région Parisienne.

Concernant un bon master dans une bonne fac, qu'entendez-vous par bonne fac ? Ma question peut paraitre stupide, mais à part les facs parisiennes (Sorbonne, Assas, et autres) qui ont de très bonnes réputations, comment peut-on juger de la véritable qualité d'un master ? Sans doutes que certaines facultés provinciales disposent de master de très grande qualité mais ils ne font pas autant de "bruit" que ceux dispensés à Paris... Alors que peut-être serais-je un choix plus judicieux d'envisager un master en province selon la branche choisit ?

Enfin, je vous avoue que les cursus de LLM / école de commerce sont, bien qu'intéressants, un peu décourageants pour les personnes qui n'ont pas forcément les moyens de débourser 14 000 euros pour avoir la mention HEAD écrite sur son diplôme... Ne me destinant pas forcément à une carrière de grande avocate d'affaires dans les machines parisiennes, je ne pensais pas que cela relevait d'une quasi-obligation pour pouvoir s'assurer une petite sécurité.

Concernant le bilinguisme, j'essaye de m'assurer cela en effectuant ma L3 en échange Erasmus en Angleterre à partir de septembre, espérons que cela me donne un petit atout pour la suite.

Merci d'avance pour vos réponses, elles me sont extrêmement utiles

- le droit social est LA matière avec le vent en poupe actuellement. le nombre d'étudiant choisissant cette filière est donc très important. Je ne vous le déconseillerait pas mais le risque est que, quand vous serez avocate, vous vous trouveriez face à un secteur saturé suite à 5-8 ans de "gavage"

Les spécialisations se font grâce au master 2, pour les postes en droit social le Master 2 en droit social est le sésame car justement il y en a assez peu au regard des offres d'emploi (à la différence par exemple des master 2 en droit de la PI/NTIC qui sont beaucoup trop nombreaux par rapport aux offres d'emploi dans le domaine).

Le nombre d'étudiants admis dans ces M2 étant stable d'années en années je ne vois pas comment le secteur peut être bouché...

Quand j'était en licence en 2007, on nous disait que le droit social était LA matière ou il y avait beaucoup de boulot et ou il était assez facile de se placer... force est de constater que 10 ans après c'est encore le cas...

Pour le corporate en revanche sauf erreur de ma part il n'y a pas vraiment de master spécialisé... donc c'est plus facile d'y rentrer un master en droit des affaires suffit en général...