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Kleinaster
le Mer 09 Juil 2008 22:03
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Profession: Avocat
Passer l'examen d'entrée au CRFPA dès le M1 ou après le M2, c'est une question de choix très personnelle. D'emblée, on est tenté de penser qu'on est plus armé avec un M2 qu'un M1 pour le passer. Toutefois, il n'y a pas que le bagage de connaissances : il y a aussi la personnalité et cela compte pour une part non négligeable, tout particulièrement aux oraux. Avoir des connaissances juridiques est bien, avoir en tout l'attitude d'un futur avocat est mieux. C'est ainsi également une question de maturité, d'assurance, de compréhension globale du droit, de culture générale. Il faut tout simplement se sentir prêt et lorsqu'on se sent prêt, alors c'est le bon moment de s'inscrire.
Je me souviens que les profs nous incitaient à le passer dès le M1 car selon eux, le programme du M1 correspond à celui de l'examen d'entrée au CRFPA et nos connaissances sont toutes fraîches. Cependant, avec le M2, en une année de plus, on acquiert un certain recul sur la discipline juridique, on développe des réflexes juridiques, on prend de l'assurance. Ces éléments ne doivent pas être négligés car il ne faut pas oublier que les membres du jury, s'ils sont attentifs aux qualités juridiques du candidat, regardent si celui-ci fait à leurs yeux un bon avocat, s'ils veulent de lui comme confrère, càd ses qualités humaines.
Pour ma part, m'inscrire à l'examen d'entrée au CRFPA en décembre de la 4ème année, je trouvais cela tôt : je venais tout juste d'obtenir la licence, 3 années de droit seulement. Je me suis donc inscrit en décembre de la 5ème année : après 4 années de droit et une maîtrise, je me sentais prêt, le moment était venu. Et rétrospectivement, je ne regrette pas. Statistiquement d'ailleurs, les candidats sont majoritairement titulaires d'un M2. Ce n'est pas pour rien que le concours de commissaire de police est passé du M1 au M2, il y a quelques temps. Et à l'ENM, je lisais dernièrement les statistiques : "on constate que 100 (71,94%) des admis à ce concours ont un niveau bac + 5 (DEA/DESS/Master 2). En 2007, le pourcentage était identique. Ils étaient 65,92% en 2006 et 56,06% en 2005. 39 auditeurs, soit 28,06% entrent dans les conditions statutaires strictes du concours : être titulaire d’un bac + 4 : une maîtrise, un master 1 ou diplôme d’IEP." L'inflation des diplômes, dit-on.
Il est vrai qu'il est possible de faire un M2 dans le cadre du PPI. Encore faut-il que le CRFPA fasse commencer la formation par la période de PPI, càd de janvier et juin : cela permet de commencer le M2 de septembre à décembre, au moment de l'examen d'entrée à vrai dire, et de le continuer de janvier à juin dans le cadre du PPI. Mais tous les CRFPA ne font pas commencer la formation par la période de PPI et c'est notamment le cas de l'Ecole des avocats de la Région Rhône-Alpes (EDA) à Lyon. Il faut donc bien se renseigner au préalable, certains admis n'hésitant pas d'ailleurs à solliciter leur inscription dans un autre CRFPA leur permettant de commencer par le PPI pour achever leur M2.
Au demeurant, la plupart des élèves-avocats qui choisissent de faire un M2 dans le cadre du PPI sont déjà titulaires d'un M2, le second M2 étant généralement plus spécialisé que le premier. Certains en profitent également pour acquérir la double compétence et ainsi effectuer par exemple un LLM ou un Master spécialisé (MS) d'école de commerce. D'une manière générale, il apparaît que lorsque le PPI est utilisé pour effectuer des études, il s'agisse, plutôt que terminer son cursus, de compléter son CV, phénomène à la mode dans le biotope des avocats d'affaires.
Quant à la préparation, elle varie en effet souvent d'un IEJ à l'autre. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas s'en contenter, ni espérer que ce sera suffisant et riche : les cours en eux-mêmes sont souvent basiques et ne balayent pas toujours toutes les matières proposées à l'examen d'entrée au CRFPA. En revanche, la préparation à l'IEJ permet de connaître les membres du jury, leurs exigences, leurs particularités, leurs préférences même, ce qui peut souvent aider à cibler ses révisions. Elle permet également de passer des examens blancs, ce qui n'est pas négligeable. C'est aussi le moyen de se faire voir : on rencontre les enseignants qu'on pourra avoir en face de soi le jour de l'examen à un oral et je me souviens que dans mon IEJ, il y avait une feuille de présence à signer pour ceux qui étaient venus aux examens blancs. Il y a un côté "relations publiques", comme nous disions entre nous : se faire voir, être vu, pour montrer qu'on est venu, qu'on ne se présente pas en touriste, être plus à l'aise aux oraux.
Par ailleurs, le montant de 398€, càd 12,5% du plafond horaire de la sécurité sociale, correspond en réalité au seuil d'exonération de cotisations sociales pour les gratifications de stages ainsi qu'au montant minimal de la gratification de stage en entreprise (décret n°2008-96 du 31 Janvier 2008 relatif à la gratification et au suivi des stages en entreprise). Mais mes confrères en stage PPI ont tous obtenus davantage, en moyenne 1000 €, les entreprises d'une certaine taille ayant souvent des barèmes en fonction du niveau d'études. De plus, en cabinet d'avocats, s'applique l'arrêté du 10 octobre 2007 portant extension de l'accord professionnel national conclu le 19 janvier 2007 dans le secteur des cabinets d'avocats : les élèves-avocats perçoivent une gratification minimale entre 60% et 85% du SMIC selon la taille du cabinet. Plusieurs de mes confrères ont ainsi obtenus en moyenne 1500 €. Les cotisations sociales sont de l'ordre de 9%.