Les acteurs du conseil en Directions juridiques ont débuté en 2022 leur propre transformation, avec des évolutions de prestation et d’organisation par exemple chez EY (création d’un département LegalOps) ou PWC (ce dernier ayant absorbé l’ancien cabinet DayOne).
En 2023 c’est à Calame de s’illustrer (Calame [4] est un acteur qui a justement participé à aiguillonner le marché français du conseil autour des Legal Operations), en annonçant la conclusion d’un partenariat exclusif et stratégique avec le réseau anglais Syke [5] pour proposer une expertise legaltech de grande échelle aux directions juridiques internationales.
Nous en avons profité pour poser trois questions à Emilie Calame, sur cette activité de LegalOps en France.
Village de la justice : Qui est ce "LegalOps" dans le mouvement de transformation des Directions juridiques ?
- Emilie Calame
Emilie Calame : "Le ou la LegalOps, c’est la personne qui va gérer la transformation de la DJ, que l’on ait le titre ou pas, que ce soit en interne ou en externe.
La transformation demande une implication pleine et une organisation spécifique, qu’il y ait une ou des personnes centrales pour la direction juridique et les autres départements.
Le LegalOps en tant que fonction dédiée peut mieux se détacher du seul sujet "DJ", car le sujet est transverse et c’est un facteur clé de la transformation que d’avoir une personne dédiée qui a la technicité requise pour mener les projets. C’est différent de la fonction juridique classique, et avoir ce titre ou fonction permet de donner une visibilité claire"
VJ : Alors, Legalops externe ou Legalops interne ?
Emilie Calame : "Il faut internaliser la fonction, à temps plein. Ensuite, pour des raisons organisationnelles et financières ou de rattrapage de retard, il est utile d’avoir recours à de la prestation externe pour commencer, ou en complément.
L’externalisation permet de passer outre l’immaturité du marché (sur le sujet des compétences nécessaires des candidats) et de commencer à construire. L’internationalisation peut venir ensuite, une fois démontrés l’intérêt et la faisabilité de la fonction, le ROI [6] trouvé, ce qui facilitera l’ouverture d’un poste, parfois avec un profil plus junior du coup, plus facile à trouver.
L’externalisation permet aussi de faciliter l’atteinte d’un ROI en donnant de la visibilité et flexibilité.
Je dis souvent qu’une mission qui finit par une internalisation est le signe d’une mission réussie !
Ça n’exclut pas d’avoir ensuite besoin d’externalisation pour des missions plus ponctuelles ou nouvelles."
VJ : Est-ce facile de trouver un LegalOps ?
Emilie Calame : "Non, ce marché n’est pas mature, il manque de candidats, et c’est normal puisque c’est assez nouveau en France.
Il y a aujourd’hui souvent des "legalops malgré eux" de fait, des juristes en cours d’évolution ou passionnés. Mais globalement la demande va vers un professionnel qui a un fort degré de maturité de gestion de projet et d’appétence numérique pour être capable de dialoguer avec la DSI, et de même pour et avec d’autres directions.
Cela n’exclut pas les juristes mais c’est un profil qui dépasse le juriste "traditionnel"."