La partie la plus passionnante de mon travail est peut-être qu’un nouveau sujet devra être traduit chaque jour. Chaque document est un nouveau départ. Cela peut concerner des infractions pénales pures à des questions complexes de droit commercial international, impliquant plusieurs pays. Traduire sous certains aspects peut être comparé à un peintre travaillant sur une peinture.
Chaque travail est différent et apporte de nouveaux défis. Vous êtes maître de votre traduction du début à la fin, jusque à sa livraison au client. Le produit final dépend entièrement de la contribution personnelle, ce qui est difficile et, dans certains cas, une pensée plutôt ambitieuse. J’embauche souvent des stagiaires car j’ai l’impression que deux têtes valent mieux qu’une. Un autre traducteur peut voir le travail sous un angle différent et cela enrichit le travail final.
Je commence le matin en vérifiant ma boîte mail. Le plus souvent, des mails de la nuit précédente attendent mon arrivée. Je reçois souvent des courriers urgents, notamment en matière de droit pénal qui nécessitent une réponse rapide aux tribunaux.
Vers 9h30 je téléphone souvent au greffier pour vérifier que j’ai bien reçu tous les documents et pour recevoir d’éventuelles instructions de dernière minute.
Traduire pour les tribunaux est exigeant, stimulant et surtout un fantastique exercice d’étirement de l’esprit ! Aucun travail n’est jamais le même, vous devez donc être assez polyvalent.
Vers midi, j’imprimerai et relirai mon travail réalisé le matin, qui sera soit envoyé par la poste, soit scanné à la juridiction compétente. Je fais également le point avec mon stagiaire, qui travaille à distance. Les espaces de bureaux se font rares en ville !
Plusieurs fois par jour, je reçois des appels téléphoniques de notaires, de la police, de la mairie, d’agences, etc. C’est un aspect important du travail qui nécessite une réponse et un délai rapides. Une fois que vous avez accepté verbalement une mission, vous devez vous présenter à l’heure et à l’endroit demandés. Vous vous engagez à la mission dès l’acceptation téléphonique dans de tels cas.
Un traducteur a besoin d’un agenda. C’est une priorité. Je jongle avec le mien que je garde constamment à mes côtés afin de donner au client un délai précis pour la réalisation de la traduction et d’être efficace en termes de volume de travail. Le rôle est exigeant, rapide et demande surtout de solides compétences organisationnelles. Le greffier vous demandera le délai dont vous aurez besoin pour terminer une mission. Une fois que vous avez fourni une date, celle-ci est mentionnée sur la réquisition et doit être respectée. Les retards ne sont pas tolérés, sauf cas de force majeure.
Le délai est un aspect fondamental pour le traducteur expert. C’est un aspect crucial du métier car il faudra contacter les huissiers s’il s’agit d’une citation à comparaître ou informer les parties s’il s’agit d’un procès à venir par exemple. La date de livraison de la traduction déclenche souvent le début d’une longue procédure.
Au-delà des compétences linguistiques, l’excellence organisationnelle est primordiale pour réussir dans ce métier.
La journée d’un traducteur implique environ cinq à six heures de traduction en moyenne, mais nécessite également une communication et une liaison administrative avec les tribunaux qui, dans une journée, peuvent représenter une heure ou plus. Le reste du temps est consacré à la prise de contact avec les clients, au suivi des devis, à la facturation et à la saisie de toutes les missions sur la plateforme dédiée. Cela prend du temps, mais est très important, car cela permet de calculer le nombre de missions que vous avez effectuées pour les tribunaux dans une année donnée.
Un autre aspect important est que vous devez fournir une réponse rapide même le week-end et, parfois, les jours fériés. Je me souviens d’avoir été contacté pour une urgence le soir du 14 juillet !
Certaines traductions pour certaines autorités étatiques nécessitent une légalisation de signature, qui implique que le traducteur expert se présente au bureau de légalisation de la mairie. Il s’agit de se munir d’une carte d’identité et d’un justificatif de qualité d’expert judiciaire, pour permettre à la mairie de tamponner et de signer l’authenticité de votre signature. Une telle formalité est requise en Corée du Sud par exemple et lorsqu’une apostille est requise.
Un traducteur à la cour d’appel n’est pas nécessairement un interprète et vice-versa. Mais, le plus souvent, les traducteurs sont aussi des interprètes. Les interprètes sont tenus de se rendre au tribunal pour assister la justice dans leur langue maternelle et effectuer la liaison ensuite en langue française.
Enfin, le soir arrive et, dans la plupart des cas, vers 19h, vous pouvez tirer le rideau et fermer votre bureau. Les temps de détente en famille sont importants le soir pour l’équilibre dans ce métier...