LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

Je trouve dommage qu'on ne mette pas les jeunes davantage en garde sur la difficulté à se faire une place dans ce métier et même à suivre la formation qui est onéreuse pour un contenu lamentable...
En somme, j'ai souvent l'impression que quand on n'est pas issu du sérail (parents ou relations proches avocats), qu'on ne bénéficie d'une assisse financière conséquente jusqu'à ses 25 ans (pour payer les études, la prépa...) et qu'on est une femme qui désire fonder une famille (ou un homme qui souhaite passer un peu de temps avec ses enfants chaque jour), il vaut mieux passer son chemin...
On se croirait au 19e siècle !
C'est assez fou que le Barreau n'essaie pas de combattre les trop nombreux carcans de la profession...

Bonjour,

Je trouve dommage qu'on ne mette pas les jeunes davantage en garde sur la difficulté à se faire une place dans ce métier et même à suivre la formation qui est onéreuse pour un contenu lamentable...

Le "hic", c'est le "on"…
Qui va prendre le risque de jouer ce rôle ? A une époque où le discours ambiant est, justement, qu'on n'encourage pas assez les jeunes pour leurs études, qu'on ne leur donne pas assez de chances pour réussir, que même quasiment analphabète "on" pourrait toujours y arriver (plus ou moins "les doigts dans le nez") si on était mieux aidé, etc., qui va oser jouer les "oiseaux de mauvais augure" dans ce contexte ?
D'autant que ce que vous écrivez pour votre métier vaut aussi pour beaucoup d'autres…

On se croirait au 19e siècle !
C'est assez fou que le Barreau n'essaie pas de combattre les trop nombreux carcans de la profession...

Un peu en amont du Barreau, c'est-à-dire au stade des études, à propos de carcans, un ministre avait utilisé l'évocation allégorique du "mammouth"…

Je viens de m’inscrire sur le site car j’ai besoin vraiment d’extérioriser … cela va être un peu long peut être, je m’excuse d’avance.

Voila, je suis juriste et c’est un peu une histoire de famille. Après mon diplôme avec une mention très bien, j’ai travaillé 4,5 ans en qualité de juriste d’entreprise, puis une responsable juridique, dans une grande entreprise privée. C’était une vie ou je me sentais bien à ma place, heureuse de challenges de chaque jour, fatiguée mais épanouie. C’était en Russie, mon pays natal.

Puis en 2005 le destin m’a ramené en France. Je parlais bien l’anglais, mais le français je maîtrisais à peine. Donc- au revoir profession juridique, bonjours babysitting et les cours du soir de français. Et une vie de femme au foyer.

Très drôle, une fois prête à retravailler, je me suis retrouvée en qualité d’assistante dans une petite entreprise. Vous pouvez lire « secrétaire polyvalente ». Un boulot que j’ai trouvé par connaissance, mais que j’ai réussi malgré la langue française.

Le parton avait des soucis d’ordre juridique avec son associé, ses clients, etc. Les avocats étaient trop chers pour lui et j’ai voulu l’aider. C’était comme avant, je faisais le suivi juridique d’une entreprise, je me suis plongée dans le droit français… J’ai fait des AG et des cessions des parts, un déménagement du siège, puis je suis partie pour l’entreprise au tribunal de commerce… Là j’ai fait une rencontre avec un avocat sympa. Puis avec une autre avocate, que je trouvé pour le patron quand l’affaire avec son associé a dépassée mes compétences de l’époque. Grâce aux échanges avec eux, je me suis rendu compte que je peux, que je suis capable de faire du juridique en France aussi. C’est comme si on m’a redonné une partie de moi-même qui n’a pas passé la douane jusqu’au là.

J’ai repris les études de droit des affaires, français cette fois-ci, en cours du soir au CNAM de Paris. Je ne sais pas, si le choix était bon, mais personnellement, j’ai trouvé le système et l’enseignement au CNAM très satisfaisants et ciblés sur la pratique. Mes professeurs étaient des avocats, un notaire en droit des affaires, des juristes d’entreprise. J’ai obtenu un certificat de compétences en droit des affaires, je continue mon cursus pour un diplôme de responsable juridique.

Entre temps, la crise a frappé mon patron, il ne pouvait plus se permettre une salariée. J’ai recommencé à chercher un travail, une mission ou un stage conventionné dans l’assistance juridique par exemple, de préférence dans une entreprise… Et cela fait déjà 2 ans que je cherche.

J’ai envoyée plusieurs centaines de candidatures, j’ai fais quelque entretiens, mais puis rien. Je sais que je suis toujours une étrangère, je sais que je ne maîtrise pas encore parfaitement la langue française, que l’attestation d’équivalence de mes études en Russie (Master en droit) n’est pas la même chose qu’un diplôme d’ici, que mon expérience de juriste en Russie ne vaut rien, que mon seul poste en France était « une assistante »…

Mais vraiment !!!! J’ai besoin de travailler, j’ai besoins de gagner ma vie et me sentir utile. Après tous mes efforts acharnés, je vais devenir quoi ici? J’ai postulé par curiosité une fois en Russie pour un poste de juriste et j’ai été contacté de suite. Mais ma vie est ici maintenant, mes enfants parlent russe avec l'accent...

Repartir n'est pas une solution. Reconstruir et réussir... Comment?! Je démotive, je désespère… Je me sens nulle…. J’ai la rage !