(Tourisme / Autriche) : Escapade impériale au château d’Artstetten
À une heure à l’ouest de Vienne, dans les douces collines de la Basse-Autriche, au bord du Danube, là où les collines de la Wachau prennent des allures de conte, se dresse la silhouette du Schloss Artstetten. Sept tours à bulbe, façade ivoire et toiture grisée : le château a ce charme un peu mélancolique des grandes maisons d’Europe centrale, habitées par l’Histoire mais rendues vivantes par les gens qui y vivent encore.
- Château d’Artstetten © Schloss Artstetten
Car Artstetten n’est pas un musée figé. C’est une demeure privée, celle de la famille Hohenberg, descendante directe de l’archiduc François-Ferdinand, dont l’assassinat à Sarajevo fut le déclencheur de la Première Guerre mondiale. Là où les livres d’histoire s’arrêtent, la vie, ici, continue.
C’est dans la crypte du château qu’a été inhumé l’archiduc François-Ferdinand, aux côtés de son épouse Sophie, duchesse de Hohenberg, une décision qui fit alors scandale dans la monarchie austro-hongroise, car leur mariage était considéré comme « morganatique », c’est-à-dire inégal au niveau du rang social.
Aujourd’hui, cette crypte est accessible au public, comme le musée aménagé dans les ailes du château. On y découvre des archives rares, des objets intimes, des uniformes, des lettres, et surtout un récit humanisé de ce couple mal aimé de la cour, mais uni par l’amour dans la vie et dans la mort.
« Il y a une profonde tendresse dans ce lieu », confie Alix de La Poëze comtesse d’Harambure. « On comprend ici que l’Histoire, ce sont aussi des histoires d’amour, de choix, et parfois de solitude. »
La comtesse Anita de Hohenberg, arrière-petite-fille de François-Ferdinand, vit encore à Artstetten. Avec son mari et leurs enfants, elle incarne une aristocratie contemporaine, éloignée des fastes et des clichés. Elle a fait le choix d’ouvrir le château au public pour transmettre une mémoire sans nostalgie, et surtout pour maintenir en vie une propriété qui, comme tant d’autres, aurait pu devenir un fardeau.
Au mois de mai, le château célèbre la floraison des pivoines et l’été une série de concerts classiques dans la grande salle aux plafonds peints et des soirées au clair de lune y sont organisés. Les artistes sont parfois de jeunes talents autrichiens, parfois des musiciens internationaux en quête d’un cadre intimiste et inspirant.
- Château d’Artstetten © Schloss Artstetten
En automne, les jardins se prêtent à des lectures littéraires, souvent en plein air, sous les arbres centenaires, avec vue sur les collines brumeuses. « C’est l’un des seuls endroits où l’on peut lire Stefan Zweig avec les échos d’un quatuor à cordes et l’odeur des pommes mûres », glisse une habituée des lieux.
Artstetten est de ces endroits rares où la beauté ne cherche pas à séduire, mais à durer. Les escaliers craquent sous les pas, les meubles portent la patine du temps, et le jardin anglais semble ne jamais vouloir trop maîtriser la nature.
Après la visite, on s’attarde volontiers au petit café du château, lové dans une aile, où l’on sert le fameux gâteau aux pavots, l’apfelstrudel tiède, et les limonades aux herbes du jardin. La terrasse ensoleillée, avec vue sur le parc et les toits d’ardoise, invite à la contemplation
Dans une époque souvent pressée d’oublier, la famille Hohenberg a choisi la voie plus exigeante de la transmission. À Artstetten, l’histoire ne s’est pas arrêtée en 1914. Elle continue, en silence, dans les pas quotidiens d’une famille, dans la lumière filtrée par les vitraux, dans le bruissement d’un été autrichien.
Tout proche, la célèbre Abbaye bénédictine de Melk et son impressionnante bibliothèque, perchée au-dessus du Danube constitue une étape incontournable de la région.
- Château d’Artstetten © Schloss Artstetten
Château d’Artstetten, A-3661 Artessen, Schlossplatz 1
Informations : www.schloss-artstetten.at
Office de tourisme d’Autriche : www.austria.info
Photos en logo : Château d’Artstetten © Schloss Artstetten
