Forum : Emploi et carrière

Sujet : La fête du stage

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article dans libé sur le stage

de Shoupinia   le Lun 04 Juil 2005 16:00

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Voici un article paru dans libération du 22 juin 2005


Courrier

Bac + 7, profession stagiaire

mercredi 22 juin 2005



on alors, ça y est, j'ai réussi mon bac avec mention très bien, survécu à deux années de prépa, trois années de fac sans égarement, et décroché un DEA d'histoire. Mais bon, j'ai vite senti que pour trouver un emploi, même à bac + 5, ça n'allait pas être aussi facile que me le laissaient croire mes profs du secondaire. Eux croyaient vraiment au bénéfice de longues études : «Aie de bons diplômes, et tu n'auras que l'embarras du choix.»

Je pressentais quand même que les études littéraires n'étaient pas très porteuses sur le marché du travail. Alors on me dit : «Fais Sciences-Po et, là, tu pourras vraiment faire ce que tu veux.» Très bien, je réussis le concours et je bosse encore deux années supplémentaires dans cette école ultraprestigieuse qui a «engendré» ministres et présidents...

Diplôme en poche, très confiante, je bombarde de CV tout ce que Paris compte comme institutions culturelles, parce que c'est ma spécialisation ­ «gestion des entreprises culturelles» ­ et ma vocation. Et puis Paris, c'est la ville culturelle par excellence, une des premières destinations touristiques au monde, alors avec mon bagage culturel et scolaire...

Euh... mais non. Mis à part l'offre d'une association qui n'a rien de culturel, et dont le seul souci semble être d'échapper à tout prix au chômage, en finançant des salaires grâce à des subventions d'Etat, chaque fois que l'on me contacte pour un entretien d'embauche, ça se termine systématiquement par une offre de... stage ! Mais des stages, j'en ai déjà effectué deux de plusieurs mois, dont un obligatoire durant ma scolarité à Sciences-Po.

Je tombe sur un article de presse qui annonce la fin de la «paresse» chez les Français, et le retour de la «valeur travail». Etonnant. On est donc paresseux quand on ne trouve pas de travail ? Mais oui, c'est vrai, on m'a appris que nous vivons dans une société méritocratique. Ce qui signifie que ceux qui réussissent (ont un emploi, qui si possible correspond à leur formation et à leurs ambitions) le méritent, et ceux qui n'ont pas d'emploi, qui touchent des allocations de «survie»... le méritent tout autant : ce sont les fameux «paresseux».

Mais cette «valeur travail» dont on parle est-elle la même pour les entreprises et pour les chercheurs d'emploi ? Parce qu'une entreprise qui ne propose qu'un stage, au mieux indemnisé 30 % du Smic, à des jeunes diplômés qui totalisent parfois cinq ou sept ans d'études supérieures, et trois ou quatre stages déjà, cette entreprise comprend-elle vraiment la «valeur travail» ? Un travail n'est-il pas censé être rémunéré ? Est-il bien normal qu'en France autant de jeunes soient légalement exploités par les entreprises ? Est-il est normal que cette main-d'oeuvre réalise gratuitement le travail d'une secrétaire normalement payée au Smic, voire carrément celui d'un collaborateur payé beaucoup plus ?

Si les stagiaires sont si nombreux, c'est parce qu'ils ne sont pas paresseux justement et que, quitte à ne pas trouver de véritable emploi, autant s'occuper et ajouter sur son CV une énième «expérience»... mais une expérience sans valeur car, lorsque les employeurs réclament de jeunes diplômés avec «au moins deux ans d'expérience professionnelle», les stages cumulés ne comptent pas !

On entend qu'en Roumanie les gens qui travaillent doivent vivre avec moins de 200 euros par mois. On se dit que c'est l'Europe de l'Est, c'est différent... mais c'est exactement pareil ! A part que le niveau de vie en France n'est pas le même, dans la capitale particulièrement. Qui peut vivre avec 300 euros par mois à Paris, sachant que le loyer d'un studio s'élève environ à 600 euros ? Alors la solution c'est Papa et Maman bien sûr, qui ont déjà financé sept ans d'études (et autant d'années de loyers, de factures et de droits d'inscription) dans la capitale. Ou alors, pour les moins chanceux, les petits boulots, au noir de préférence et le soir, la nuit et le week-end.

«Société de provocation» : cette formule de Romain Gary revient de manière lancinante. Ce système d'exploitation impensable est devenu banal, tout le monde semble résigné. Les entreprises en premier lieu, qui ont même le culot de faire la fine bouche sur le recrutement de leur main-d'oeuvre gratuite, qui doit, bien sûr, être de première qualité. Parce qu'elles savent qu'il y en aura toujours un pour accepter ce sacro-saint stage non rémunéré, faute d'un emploi payé.

Société de provocation... Le plus drôle, c'est que, quand vous vous décidez, résigné, à subir le système, on exige de vous une «convention de stage». Et, pour cela, il faut être inscrit dans une école ou une université, parce que l'ANPE n'est pas concernée par ce problème. Mais l'école qui vous a si généreusement délivré son diplôme ne vous connaît plus, et d'ailleurs elle a peut-être un peu honte de vous, parce que les statistiques sur l'embauche de ses chers diplômés en prennent un coup. D'où inscription fictive à l'université, uniquement pour obtenir cette foutue convention, qui n'est pas un contrat de travail et ne permet pas non plus de cotiser.

Ah, il y a les bons côtés du stage quand même, comme au ministère de la Culture : une belle vue sur les colonnes de Buren, la promesse de savourer un cocktail avec Bruce Willis (chevalier des Arts et des Lettres !), ou encore la possibilité de faire gratuitement l'ouvreuse et assister, le soir, à certains spectacles de théâtre, faire des traductions non payées, «réceptionner le courrier», se charger des «relances téléphoniques» auprès d'institutions «très prestigieuses»... Mais la vraie consécration, c'est quand on peut grappiller trombones et Post-It pour enrichir à l'oeil sa collection personnelle.

Enfin, il y a toujours une solution. La conseillère en carrière de Sciences-Po m'informe qu'il existe des formations à l'ANPE pour me reconvertir. Si Sciences-Po n'a pas été capable de me fournir une formation adaptée au marché du travail, l'ANPE saura. D'ailleurs, j'apprends justement à l'ANPE que les domaines porteurs sont l'artisanat, la santé et les pompes funèbres. Peut-être que je devrais y penser.

Après tout je l'ai bien cherché, moi, en choisissant de travailler dans le secteur culturel, sachant pourtant qu'il s'agit d'un secteur sans grands débouchés, et où l'on ne pénètre que par «relations». Si j'avais fait comme les autres, de la finance, de l'audit, si j'avais acquis cette culture de l'argent ­ comment le gérer, le faire fructifier, le défendre, le glorifier ­, je n'en serais pas là ! Oui, mon non-statut de stagiaire-chômeuse, je le mérite.

Et puis, la preuve que ce n'est pas si insupportable comme système : personne ne manifeste, personne ne se plaint, Zone interdite ne fait pas de reportage sur «les trafics de jeunes stagiaires dans les rues de Paris», personne n'envisage de faire la révolution et de faire guillotiner le ministre responsable... C'est que tout va bien alors.

Emilie Maume

http://www.liberation.fr/page.php?Article=305777



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de zeev   le Lun 04 Juil 2005 16:40

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De la perfidie du monde professionnel nait une population aigrie et grouillante de frustration...
Très belle évocation des méandres de notre société "méritocratique"...Voilà tout ce que nous "méritons", un grand coup de pied au cul!!!

Des années d'études, de désespoir soumis, mollasses, on faisait semblant d'y croire, tout en voyant nos pères et nos mères pliaient sous le joug d'un chômage triomphant..."Faut avoir des diplomes" qui disaient, et nous, en bons petits soldats, on s'est exécuté sans même réfléchir à ce que l'on avait réellement envie de faire.

La perspective : des stages proposés par de rougeots cadres bedonnants, trop fiers d'y être parvenu, trop fiers de décider, qui compte leurs sous, pardon, nos sous et qui s'arrangent à les distribuer avec minutie et mitucolisité...C'est le système qu'ils affirment et l'on doit s'y soumettre, alors nous nous y soumettons...

Mais sachez au moins qu'une fois notre génération de "stagiaires" seront à vos places d'anxieux biens assis (cela arrivera bien un jour...), nous aurons les moyens de révoquer les microbes de la connerie que vous n'aurez pas manquer de nous avoir légué...

   

de SRVGH   le Lun 04 Juil 2005 17:13

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zeev a écrit :Mais sachez au moins qu'une fois notre génération de "stagiaires" seront à vos places d'anxieux biens assis (cela arrivera bien un jour...), nous aurons les moyens de révoquer les microbes de la connerie que vous n'aurez pas manquer de nous avoir légué...


Moi je ne suis pas totalement certain que nous autres génération stagiaires, serons à la place de ces gens. Il y aura beaucoup de pertes et de découragement en passant, et les postes libérés auront bien des chances d'être pourvu par des jeunes diplômés plus frais et moins revendicatifs que nous autres...
"Ce n'est pas la théorie qui est fausse, c'est la réalité qui a tort." (Réaction d'un prix nobel d'économie à la démonstration de l'inefficience de la théorie de la main invisible)

   

de Dumb all over   le Mer 06 Juil 2005 20:55

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SRVGH a écrit :
zeev a écrit :Mais sachez au moins qu'une fois notre génération de "stagiaires" seront à vos places d'anxieux biens assis (cela arrivera bien un jour...), nous aurons les moyens de révoquer les microbes de la connerie que vous n'aurez pas manquer de nous avoir légué...


Moi je ne suis pas totalement certain que nous autres génération stagiaires, serons à la place de ces gens. Il y aura beaucoup de pertes et de découragement en passant, et les postes libérés auront bien des chances d'être pourvu par des jeunes diplômés plus frais et moins revendicatifs que nous autres...

Tout à fait.

(cela dit la minute de lyrisme révolutionnaire était très réussie :lol: )

   

de Le_Recteur   le Mer 06 Juil 2005 22:34

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Deuxième message, le premier ayant été modéré (effacé, pour être plus clair), avec les corrections nécessaires apportées au message dont on salue le lyrisme sans se préoccuper de l'orthographe ou de la grammaire.
Je ne suis certes pas le gardien du temple de la langue française, et ceci n'est pas une attaque personnelle envers l'auteur de la citation, mais je déplore que l'on se lance dans de telles envolées sans relire son post afin de s'assurer qu'il soit exempt de toute critique, sur le fond (irréprochable en l'espèce) autant que sur la forme (plus discutable).

Cordialement.

zeev a écrit :De la perfidie du monde professionnel nait une population aigrie et grouillante de frustration...
Très belle évocation des méandres de notre société "méritocratique"...Voilà tout ce que nous "méritons", un grand coup de pied au cul!!!

Des années d'études, de désespoir soumis, mollasses, on faisait semblant d'y croire, tout en voyant nos pères et nos mères plier sous le joug d'un chômage triomphant..."Faut avoir des diplomes" qu'ils disaient, et nous, en bons petits soldats, nous nous sommes exécutés sans même réfléchir à ce que l'on avait réellement envie de faire.

La perspective : des stages proposés par de rougeots cadres bedonnants, trop fiers d'y être parvenus, trop fiers de décider, qui comptent leurs sous, pardon, nos sous et qui s'arrangent à les distribuer avec minutie et méticulosité...C'est le système qu'ils affirment et l'on doit s'y soumettre, alors nous nous y soumettons...

Mais sachez au moins qu'une fois que notre génération de "stagiaires" sera à vos places d'anxieux biens assis (cela arrivera bien un jour...), nous aurons les moyens de révoquer les microbes de la connerie que vous n'aurez pas manqués de nous léguer...
Travailler, encore et toujours....

   

de iliade27   le Jeu 07 Juil 2005 0:10

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Bon.

Pour en revenir au FOND de ce topic, je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que le principe du stage n'est pas en soi mauvais, bien au contraire. C'est bien évidemment le détournement du stage de son but premier (la formation de l'étudiant au monde professionnel, qui commence dès le collège avec le "stage d'observation en entreprise") qui constitue aujourd'hui un fléau.

Car il y a stage et stage. Pour le stage "découverte" en cabinet d'avocat que j'ai effectué à la fin de mon DEUG, OUI, j'ai accepté de ne pas être payée.
Pour le pré-stage EFB que j'effectue en ce moment, NON, je n'aurais pas accepté de ne pas être rémunérée, je réserve le bénévolat à ma vie personnelle, pas professionnelle!

La multiplication des troisièmes cycles, de même que l'augmentation du nombre des élèves avocats et le coût des charges sociales pour les entreprises jouent en notre défaveur, les entreprises ayant de plus en plus tendance à enchaîner les stagiaires plutôt qu'à créer des postes, et ce grâce à la carence de législation en matière de stage.

Or, le pire, c'est que sur un CV les stages accumulés faute de mieux ne comptent pas comme véritable expérience pro auprès des recruteurs, qui pourtant nous ont pris en stage justement pour ne pas embaucher un juriste ou un collaborateur!!!

C'est pourquoi il faut impérativement rayer ce terme du CV, s'agissant des stages vraiment SIGNIFICATIFS que l'on a pu effectuer, et le remplacer, le cas échéant, par "juriste", "assistant(e) juridique", "remplacement congé maternité" (oui ça existe, même si c'est parfaitement illégal!), et défendre cette terminologie durant l'entretien, si le recruteur nous fait des remarques à ce sujet!!!

Par contre, je suis plus réservée sur le phénomène qui a été développé par un intervenant sur le poste de Marianne, s'agissant de faire requalifier son stage en CDI devant les juridictions. A moins d'une véritable exploitation sans vergogne, en tant que jeune diplômé, il est dangereux de mordre la main qui nous nourrit (même mal). Je parle surtout pour le secteur que je connais le mieux, les cabinets d'avocats, où la réputation se fait très, très vite et circule aussi vite.
Enfin, chacun voit midi à sa porte et je respecte les courageux qui osent dénoncer ce système, mais pour ma part, je ne m'y risquerai pas (même si j'y ai pensé plus d'une fois, je l'avoue!).

En tout cas, je vous souhaite à tous beaucoup de courage pour affronter le chemin de croix qui mène à l'emploi.

Ah oui, et si j'ai pu choquer certains à travers d'éventuelles fautes d'orthographe, de syntaxe, ou de je ne sais quoi, je vous prie de bien vouloir m'en excuser par avance! :wink:

Dsathena
Ne demande pas à Dieu ce que tu n'as pas fait pour les autres.

   

de marianne   le Jeu 07 Juil 2005 8:28

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Globalement d'accord avec vous, Dsathéna. Mais le vrai pb, ce n'est pas seulement la politique du stage plutôt que l'embauche : c'est la perte impressionnante de valeur des diplômes universitaires ! Et surtout, par derrière, la saturation complète du marché de l'emploi juridique. Il y a manifestement trop de monde dans ce pays, candidat à l'emploi dans ce secteur, pour ne parler que de lui.
Que faire ?
Rien. Ou plutôt, attendre.
Contrairement à ce qui a pu être écrit, je pense que le souffle de la normalisation finira par passer, y compris pour la génération actuellement dans la tourmente, et on parie combien qu'après coup, chacun essaiera de se "refaire une honorabilité" en dissimulant ses difficultés passées par un remaquillage de son CV ?
Cette période de galère, ce sont ses victimes (et je pèse mon mot) qui voudront l'oublier, fatiguées qu'elles seront d'être stigmatisées comme telles par l'environnement familial et professionnel. Et si elles ne le font pas spontanément, les autres générations s'empresseront de les faire rentrer dans le droit chemin. Et malheur à celui ou à celle qui évoquera ces difficultés.
Et c'est bien compréhensible, après tout, car ce n'est pas en ayant des états d'âme qu'on se fait accepter, la vindicte et le ressassement, ça agace plutôt,
Cordialement,
Marianne

   

de SRVGH   le Jeu 07 Juil 2005 8:46

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marianne a écrit :Globalement d'accord avec vous, Dsathéna. Mais le vrai pb, ce n'est pas seulement la politique du stage plutôt que l'embauche : c'est la perte impressionnante de valeur des diplômes universitaires ! Et surtout, par derrière, la saturation complète du marché de l'emploi juridique. Il y a manifestement trop de monde dans ce pays, candidat à l'emploi dans ce secteur, pour ne parler que de lui.
Que faire ?
Rien. Ou plutôt, attendre.
Contrairement à ce qui a pu être écrit, je pense que le souffle de la normalisation finira par passer, y compris pour la génération actuellement dans la tourmente, et on parie combien qu'après coup, chacun essaiera de se "refaire une honorabilité" en dissimulant ses difficultés passées par un remaquillage de son CV ?
Cette période de galère, ce sont ses victimes (et je pèse mon mot) qui voudront l'oublier, fatiguées qu'elles seront d'être stigmatisées comme telles par l'environnement familial et professionnel. Et si elles ne le font pas spontanément, les autres générations s'empresseront de les faire rentrer dans le droit chemin. Et malheur à celui ou à celle qui évoquera ces difficultés.
Et c'est bien compréhensible, après tout, car ce n'est pas en ayant des états d'âme qu'on se fait accepter, la vindicte et le ressassement, ça agace plutôt,
Cordialement,
Marianne


Dans le cas ou le système finirait par réintégrer les galériens du diplôme et surtout de l'emploi que nous sommes, je suis globalement d'accord avec votre argumentation. Nous rentrerons tous bien sagement dans le rang, avec certes une petite amertume, mais rien de véritablement révolutionnaire. Je crois que trés peu d'entre nous sont réellement et fondamentalement en opposition avec le système. L'opposition que nous exprimons, est liée au rejet que nous subissons actuellement.

Pour autant, je reste convaincu (même si j'espère le contraire) que l'avenir n'apportera pas forcément de réponse à ceux qui galèrent depuis des années, tâchant de trouver un emploi en rapport avec leurs longues études. Sauf à ce que le nombre de poste ouverts dépasse de loin l'offre de jeunes diplômés, ce donc je doute. Si un employeur a à choisir entre un galérien du droit qui n'a que peu pratiqué sa spécialité, obligé qu'il était de prendre des boulots plus ou moins alimentaires sans véritablement de rapport avec sa spécialité, et un jeune frais émoulu de la fac, qui aura sans doute tenté de se réformer pour produire des diplômés plus en adéquation avec le marché de l'emploi, à mon sens, il choisira le plus frais. Et s'il ne le fait pas, nous devrons alors accepter vers les 30-35 balais, un salaire de JD qui débute, ce qui ne sera que justice vu que notre expérience du travail en lui même et notre qualification ne vaudra globalement pas mieux que celle de ce dernier.

Non vraiment je ne trouve pas de raisons actuellement de voir l'avenir en rose pour les galériens à durée indéterminée du droit. Ceci dit, j'espère vivement me tromper.
"Ce n'est pas la théorie qui est fausse, c'est la réalité qui a tort." (Réaction d'un prix nobel d'économie à la démonstration de l'inefficience de la théorie de la main invisible)

   

de zeev   le Jeu 07 Juil 2005 15:46

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D'abord, je tenais à m'excuser de mes excès "lyriques" non maîtrisés (notamment au plan orthographique), c'était sans doute la lecture de l'excellent article de Libé posté par Choupinia qui m'avait passablement touché...C'était sous le coup de l'émotion, comme on dit.

Je m'évertue à y croire encore (et toujours) pour ne pas à avoir à pleurer de dépit...

Au fond, selon moi, le stage doit rester une étape (indispensable, certes) mais seulement, une étape...Des années de stage, piteusement indemnisés, cela ne doit pas être concevable. Bien sur, il ne faut pas être très exigeant et se voir trop beau avec nos jolis diplômes, pour autant, il ne faut pas se "prostituer" au système que d'autres ont souhaité installer pour leur bien. Concrétement, je pense qu'il faut consentir à faire deux à trois bons stages si possible durant son cursus (stages de 3 à 6 mois), ensuite il faut se préparer à chercher un CDD (CDI faut plus réver...), et cela, ce n'est pas simple.

Le problème, c'est que l'on ne nous enseigne pas durant notre parcours universitaire (ou autre) à nous vendre sur le marché, à avoir la bonne attitude durant les entretiens. Le bas blesse également en ce sens. Il existe une incapacité congénitale aux JD à outrepasser leur image de jeunes étudiant sans expérience. Or, et jusqu'à preuve du contraire, ce que l'on recherche dans les entreprises, ce sont des gens performants. Forcément, sans expérience, on ne peut l'être réellement, mais ne pouvons nous pas compenser ce manque d'expérience, a priori rédhibitoire, par notre volonté, notre personnalité et les faire passer à l'employeur ?

Moi, j'ai passé un nombre incalculable d'entretiens, mes CV étaient parfois retenus avec un seul DESS et deux "misérables" stages mais j'étais incapable de saisir les postes parce que trop inhibé, trop "étudiant", trop naif...Cette année, j'ai d'abord décroché une vacation de 6 mois, et ma candidature a été retenue pour un CDD (6 mois) que je débute en septembre, les choses devraient suivre ensuite (je l'espère)...l'expérience appelle l'expérience, c'est une sorte de cercle vertueux. Je m'en sors plutôt bien parce que je pense avoir saisi que nos connaissances, nos expertises, nos diplômes ne suffisent pas, il faut de la personnalité, des résultats, de la volonté, des données concrêtes à exposer aux appréciateurs des entretiens d'embauche. En clair, le juridique ne suffit pas, la communication et le marketing de soi sont devenus nécessaires. Les stages ne permettent pas toujours de se prévaloir de données concrètes, ils ne forment que superficiellement, la vérité passe par la prise de conscience pour chacun des JD de se préparer à chercher du travail, à cibler les annonces, à optimiser son comportement professionnel, le stage contribue à cela mais n'est pas une fin en soi...
Quitte à se faire suer pour trouver un travail, autant s'y consacrer pleinement en revoyant du tout au tout nos moyens...La voie du stage "faute de mieux" est une stagnation perverse qu'il faut refuser (dans la mesure du possible).

"Les mots n'étant plus des mots mais des conduits à travers lesquels les analphabètes se font bonne conscience" :wink:

   

de marianne   le Jeu 07 Juil 2005 15:55

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Entièrement d'accord avec toi ! :D
Marianne

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