LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

Bonjour à tous,

Merci à Hervé qui a bien perçu que ce post était délibéremment provocateur. Mais les constats que chacun a pu faire ici sont bien réels, y compris celui consistant à dire que les étudiants s'informent peut-être trop tard.

Je souhaite juste rappeler une statistique qui concerne l'ensemble des jeunes diplomés (non spécifiquement des juristes): 80% de ceux-ci ont trouvé leur premier emploi dans les deux ans de leur dernière année de formation (pas nécessairement un troisième cycle). Qu'en est-il au sein de nos professions? Les chiffres sont évidemment bien inférieurs..

Dans les professions juridiques, c'est l'afflux de jeunes diplômés qui cause cette distorsion avec les autres professions.

Comment se fait-il que les facultés en génèrent tant?
Permettez que je me laisse encore aller à la provocation en guise de réponse...
C'est bien sûr parce qu'il y a de la place pour tout le monde sur le marché du travail... La galère c'est parce qu'on le veut (vaut) bien...

Je comprends le discours selon lequel la construction de nos carrières relève de notre entière responsabilité. Nous sommes tous des adultes résolus à braver les épreuves qui se dressent devant nous, comme tout un chacun. La vie ne peut être qu'une agrégation de réussites.
Mais je ne peux me résoudre à accepter la situation des jeunes diplômés parce que je ne suis pas ou plus concerné par leurs difficultés. Je recense trop de causes indépendantes des désirs de formation, des aspirations et des compétences des jeunes diplômés pour ne pas les souligner...


Cordialement

Bonjour à tous.

Il y a surtout, comme le souligne Liberalis, la réalité du chiffre ou du nombre : information ou intox, selon Michel Rocard (Libération, mardi 8 février 2005), "depuis 1974 ... la population active [en France] passait de 22, 3 à plus de 26 millions de personnes. Le travail nécessaire à l'économie a baissé de 10% mais le nombre de personnes disponibles a augmenté de 18%. Un écart de 28% s'est donc creusé entre l'offre et la demande de travail. C'est la principale explication du chômage".

Si l'on ajoute, pour ce qui est des seules professions juridiques, la multiplication des formations de 3ème cycle ces cinq dernières années, la cause est entendue.

Je pense, à titre personnel, et en dépit du fait que je recherche activement (notez l'humour) un emploi, être condamnée à une longue période d'inactivité. Et devenir, bien malgré moi, femme au foyer.

Marianne

aïe aïe aïe marianne, vous nous entrainez sur un autre débat, celui de la possibilité d'augmenter le volume de travail... J'ouvre un nouveau sujet là-dessus...

je suis entièrement d'accord avec Liberalis et son analyse, notamment sur le fait que ça n'est pas parce qu'on a trouvé un emploi qu'on ne doit pas être solidaire avec ceux qui en cherchent un !
Le discours selon lequel "quand on veut on peut et si on ne peut pas c'est parce qu'on ne veut pas suffisamment" est tentant pour ceux qui sont en poste (c'est sûr que c'est valorisant de se dire qu'on a récolté ce qu'on a semé) mais il est malheureusement dépassé aujourd'hui ...
Si seulement tous les bons élèves qui ont réussi les examens en juin du premier coup qui ont multiplié les stages, se sont renseignés sur les débouchés et ont réussi à décrocher un 3ème cycle côté avaient un emploi digne de ce nom, on n'en serait pas là...

Je suis bien sûr d'accord avec l'idée que ce n'est pas parce qu'on s'est sorti de la galère seul(e) qu'on doit y laisser les autres... Ou alors il va falloir qu'on me réexplique en quoi les Français sont solidaires et pourquoi les juristes devraient ne pas l'être alors que les ingénieurs et les diplômés d'Ecoles de Commerce le sont.

A moins peut être que nous ne soyons plus bêtes que les autres

Quand je lis Axel écrire, avec une franchise toute naïve et indignée, et combattre l'idée que :
" les étudiants seraient victimes de désinformation et que si aujourd'hui ils éprouvent les pires difficultés à trouver un emploi, c'est de la faute du système universitaire insuffisamment sélectif, des professeurs qui créent des 3èmes cycles inutiles, des gouvernements successifs qui restent immobiles, des recruteurs qui ne sont titulaires que d'une maîtrise ...."

Je ne peux qu'admirer sa démarche purement abstraite : s'atteler à un immense défi, à savoir contredire la réalité même.

Mais cela s'appelle de la rhétorique, non de la lucidité.

" Y a pas que les grands qui rêvent..."

Bien cordialement

PS : Bravo à Liberalis et à sa touche d'humanité. C'est la seule vérité.

Bonjour,
C'est vrai, on dit que les ingénieurs et les écoles de commerce sont solidaires, mais je crois que si les juristes ne le sont pas autant (solidaires), ils vont le devenir : n'est-ce pas une sorte de solidarité que de se rassembler dans un forum comme celui-ci, pour essayer de trouver des solutions aux problèmes, ou au moins d'en discuter ?
Cela dit, il faut relativiser la solidarité des ingénieurs et des écoles de commerce : je suis venu au droit après des années de carrière dans le secteur privé, parce que c'est devenu pour moi une seconde passion, certes, mais je n'oublie pas que l'école d'ingénieurs dont je suis issu dans ma formation initiale, pourtant la "1ère école civile d'ingénieurs de France" (l'autre étant militaire : Polytechnique) a un réseau qui m'a permis d'être employé sans discontinuer de 22 ans à 36 ans, mais j'ai constaté par moi-même que l'efficacité de ce réseau décroit quand on s'avance en âge : les anciens de votre école vous reçoivent, mais ça ne les empêche pas de préférer les plus jeunes que vous... Entre 36 et 45 ans, on commence à avoir des "trous" de chômage dans son cv, qui s'agrandissent entre 45 et 49 ans, et puis après, c'est la galère pour un certain nombre d'entre nous... à part ceux qui sont entrés dans des entreprises comme EDF, et encore... mais eux, ils ont un autre problème : le niveau de salaire stagne, il est en tout cas nettement plus faible en moyenne (bien sûr, il y a le salaire du Président, qui est plus élevé...) que ceux qui sont dans le privé et ont (encore) un emploi.
Vu l'importance du décalage entre l'offre et la demande de travail, ça ne suffit plus d'être issu d'une grande école à "réseau d'anciens", il faut se situer en plus dans la tranche d'âge qui a assez d'expérience pour être "autonome", mais pas trop ! D'où les difficultés que connaissent à la fois les JD, et les seniors. En dehors de cette tranche d'âge, on est à la merci de la première réorganisation venue.
Cordialement.

Pour ceux qui en douteraient, bien sûr que je suis solidaire des JD qui sont aujourd'hui en difficultés. Si ce n'était pas le cas, je ne serais pas intervenu.

Je crois d'ailleurs que les juristes sont plus solidaires qu'on ne le dit. Je le constate tous les jours à mon modeste au niveau, puisqu'au sein de mon barreau, tous les "jeunes" s'entraident et informent ceux qui sont en recherche de collaboration des places qui se libèrent, ou des cabinets qui recrutent ou vont recruter ...

A l'attention de Justiciane, je ne nie pas la réalité d'un marché du travail en crise, ni les imperfections du système universitaire. Bien au contraire, j'en suis parfaitement conscient (je ne suis pas complètement aveugle).

Ce que je dis simplement, c'est que les étudiants doivent aussi en prendre conscience, avant de se retrouver sur le marché du travail, et ne pas se rassurer ou se voiler la face derrière la multitude et la valeur de leurs diplômes.

C'est peut-être cela aussi la solidarité ...

A l'attention de Justiciane, je ne nie pas la réalité d'un marché du travail en crise, ni les imperfections du système universitaire. Bien au contraire, j'en suis parfaitement conscient (je ne suis pas complètement aveugle).

Voila qui est bien dit. Pas complètement en effet.

Malgré tout, Monsieur Axel, vous remplissez une noble mission d'information et de solidarité, sans jamais oublier de dénigrer "certains".
Cela s'appelle la polyvalence.


Bien cordialement

Il semble que ma position vous "heurte". Pourquoi ne pas répondre sur le fond du problème et exposer vos arguments ?