Quitter son cabinet d'avocat ou rester ?

Quitter son cabinet d’avocat ou rester ?

Rédaction du village

Le statut très spécifique d’exercice du métier d’avocat et les particularités de cette profession font que le titre du présent article raisonne au moins une fois par an dans l’esprit de nombreux avocats... Pour raisons de carrières, économiques, personnelles, d’incompatibilité de stratégie ou même d’humeur, les raisons qui poussent un avocat en libéral ou associé à quitter son cabinet sont multiples.
Nous vous proposons quelques pistes de réflexion si vous vous posez des questions...

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L’objet de cet article n’est pas de recenser les raisons de rupture que vous rencontrez, mais plutôt de tenter quelques réflexions, utiles pour piloter votre vie professionnelle...

La Liberté de l’avocat.

En profession libérale pour la majorité, les avocats bénéficient d’une certaine liberté théorique d’organisation. Une année professionnelle débouchant sur une feuille fiscale personnelle 2035 peut emprunter de nombreux chemins...

C’est toute l’ambiguïté du statut de collaborateur, de plus en plus remis en cause. Et pourtant, malgré ses défauts et abus constatés, que d’avantages pour une carrière d’avocat ! De fait, c’est une sorte de “statut d’auto-entrepreneur” pour les libéraux, et on a vu ce que ce statut offrait de souplesse pour la création d’entreprise.

Mais la liberté dans un cadre (le cabinet qui vous emploie), est-elle possible ? A chacun de se poser la question, mais pensez que le cadre qui vous est imposé, c’est-à-dire des associés qui sont avant tout vos employeurs et exigent des résultats sur les dossiers du cabinet qui ne vous appartiennent pas, et bien ce cadre n’est pas qu’une contrainte. Il est à la fois formateur, soutien, aide au lancement... et créateur de contacts.

Et on observe parfois que la liberté d’un avocat à développer son propre volume d’affaires est bridée par la peur des autres, la crainte de ne pas être “le bon employé”. Regardez différemment le cadre qui vous est imposé et voyez si vous l’explorez complètement, ou bien si votre attitude quotidienne ne serait pas plutôt de faire ce que l’on attend de vous, de réduire les risques, les conflits, de vous sentir en position de faiblesse par rapport à vos clients, etc.

Ayez un regard différent (entrepreneurial ?) sur votre quotidien. Faire acte de courage est peut-être l’expression de la liberté pour l’avocat...

La stratégie Ethique.

Se définir une éthique et analyser le quotidien à travers cette grille de lecture n’est pas un choix systématiquement conscient, mais nous avons tous une forme d’éthique, et du côté professionnel le choix de la mettre en avant en vaut la peine. Et pour les avocats, la première source d’éthique, c’est sa déontologie, une des bases fortes de la profession.

L’éthique peut être une stratégie professionnelle.

Que ce soit pour l’opinion que l’on a de soi-même, pour confirmer ses intuitions, pour aller vers un mode de vie différent mais plus cohérent avec ses idées ou même si vous êtes ambitieux, l’éthique en tant qu’avocat a un rôle central. Elle sera votre ombre qui vous suivra toujours, et sera perçue par vos confrères pendant de longues années (parfaitement intégrée à votre réputation).

L’éthique elle est souvent mise en avant pour justifier un départ ; on ne l’invoque guère quand tout va bien, et pourtant l’éthique devrait "se voir" en vous.
L’éthique n’est en effet pas une idéologie mais un guide d’action ; elle doit donc vous aider à essayer de changer le monde autour de vous, à maintenir un cap, à faire progresser une équipe. Il faut se battre pour elle, et ne pas laisser la place à ceux que vous qualifieriez de “non-éthiques” - ce serait une défaite si vous n’aviez pas tout tenté.

Ensuite ? Si rien n’y fait, si le conflit reste là, si vous ne supportez plus le petit monde de votre cabinet, si les conditions de travail ne s’améliorent pas... il sera temps de partir, d’autant plus enrichi(e) d’enseignements que votre éthique n’aura pas été qu’un étendard levé une seule fois, mais un avertissement maintes fois répété, un outil pour tenter de faire bouger les lignes. Et votre départ aura vraiment du sens.

Etre entrepreneur.

Nous le rappelions en préambule, le métier d’avocat est un métier d’entrepreneur. S’accommoder les premières années d’une collaboration plus proche du salariat est normal, car entrant dans le cadre de la formation au métier. Mais attention, au-delà de 3 ans occupés à ne traiter que les dossiers que le cabinet vous confie, vous commençerez à stagner. A 30/35 ans, vous pouvez encore facilement créer votre propre cabinet ou vous associer. A 40/45 ans, des contraintes familiales et financières viendront teinter vos choix d’une certaine torpeur, en plus de la routine professionnelle dans laquelle vous serez installé(e). Après, seule une poignée tentera sa chance une première fois.

Savoir développer une clientèle (plus trivialement “faire du chiffre d’affaires”) fait complètement partie de votre métier. Souvent l’on voit de jeunes avocats exploités par leur cabinet, croulant sous les dossiers et ne parvenant pas à s’en dégager pour vivre leur propre développement. Combien en souffrent ? Beaucoup trop, et c’est une source importante de conflits dans les cabinets.

Chaque semaine faites tout pour cultiver votre aptitude à développer votre clientèle.

Et c’est paradoxal car les cabinets qui emploient de jeunes avocats aspirent eux-aussi à ce que chacun fasse sa part du développement du chiffre d’affaires. Ils vous emploient au départ simplement et apparemment pour les aider, mais que vous parveniez à doubler le volume d’affaire d’un client ou à apporter de nouveaux dossiers au cabinet, et votre “statut” changera. Vous deviendrez un membre de poids.

Moralité : consacrez toujours au moins 10% de votre temps à chercher des clients, et vous serez gagnant demain. Vous pourrez fixer plus facilement les modalités de votre présence au cabinet et le jour venu cela vous aidera grandement à vous lancer vous-même.

Questions de timing...

Quand partir ? Au moment où le risque est le moins grand, quand la situation économique est favorable ? Ou bien quand vous vous sentez prêt(e) ?

Posez-vous les bonnes questions.

Sur-pondérez la seconde option dans vos motivations. D’abord parce que la situation économique ne sera pas idéale avant de longues années (le sera-t-elle à nouveau, qui peut le dire...), et chaque année de nouveaux avocats arrivent sur le marché du droit, sans compter les concurrents des avocats exerçant une pression de plus en plus forte.

Ensuite parce que si vous avez mis en place une vraie démarche personnelle (“je me prépare à me lancer un jour...”) et de développement de clientèle (une pratique qui devient vite un réflexe), si vous vous sentez prêt, c’est que le moment est bon.
Il y aura toujours des avocats en difficulté, et des avocats qui réussissent. N’attendez pas le jour où 100% réussiront, ça ne se produira pas.

Quelques mauvaises raisons de ne pas se lancer :
- “Le marché est saturé, d’ailleurs il n’y a pas d’offres d’emploi” (faux)
- “Je ne suis pas commercial” (exact, et alors ? Vos futurs clients ne cherchent pas un vendeur mais une personne de confiance).
- “Au vu de l’ambiance dans le cabinet, je ne suis pas sûr que cette profession soit vraiment faîte pour moi” (notez qu’il y a - presque - autant de profils de cabinets que d’avocats en France, c’est bien connu).
- “J’ai peur de me retrouver tout seul” (juste remarque, il ne vous reste plus qu’à trouver deux autres avocats pensant la même chose pour vous associer).
etc.

Je vous souhaite une bonne réflexion...

Rédaction du village

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