Beaucoup de droit, mais trop de juristes dépassés ? La thèse du nouveau livre de Pierre Berlioz.

Beaucoup de droit, mais trop de juristes dépassés ? La thèse du nouveau livre de Pierre Berlioz.

Rédaction du Village de la justice

Voici la parution d’un manuel de "Réflexions à l’usage de ceux qui font le droit et ceux qui le pratiquent", accessible et très concret, qui pose des enjeux et pistes d’avenir.

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"Voilà notre paradoxe" écrit l’auteur, "le droit dans notre pays est abondant mais il est mal connu, et même mal aimé du citoyen. Cette absence de culture du droit explique la défiance régulièrement exprimée vis-à-vis de la Justice et le doute qui ronge les professions juridiques et les empêche de se projeter pleinement dans le monde du droit du XXIe siècle.
Pourtant, dans une société qui intensifie son développement technologique et économique, le droit est l’instrument indispensable et idéal pour développer les nécessaires régulations nouvelles respectueuses des valeurs humaines fondamentales.
"

Pierre Berlioz commence son livre en déroulant la thèse que le peuple français manque de culture du droit. Pour la développer, il défend la thèse que le droit doit changer d’image et ne plus être uniquement associé à la sanction. Il résume ainsi ce changement : le juriste ne doit plus être la personne qui oppose les règles à son interlocuteur et dit toujours "non ça on ne peut pas le faire", mais plutôt celui qui explique comment "oui, dans un certain contexte, on va pouvoir faire quelque chose".

L’auteur se prononce également pour la nécessité d’un enseignement bien plus développé de la culture du droit auprès de tous, et pas seulement un enseignement moral et civique. Il évoque notamment comme pistes le fait de davantage enseigner le droit aux plus jeunes, de développer le système des cliniques juridiques ou encore carrément que le Ministère de la justice développe un robot conversationnel afin de répondre en ligne à des questions juridiques... C’est ambitieux ! Mais pourquoi pas.

Il prône également la proximité maximale du droit et des lieux de conseil juridique, la réforme du système d’aide juridictionnelle ou encore le développement de la protection juridique dans d’autres domaines que celle où elle est possible aujourd’hui.

L’auteur aborde ensuite le sujet des professions de droit, qu’il estime aujourd’hui dépassées et pourtant, dit-il, le juriste, ne devrait plus être un conservateur, mais au contraire, être décrit comme un innovateur. Et pour ce faire, il faut sortir du mythe du "juriste sachant", pour aller vers un juriste qui a l’information et qui sait la délivrer de la bonne façon, celui qui aura l’information mais saura surtout l’analyser et l’utiliser de façon optimale. Un juriste qui a le sens pratique, complètement à jour des technologies depuis sa formation initiale jusqu’à sa formation continue, qui saura faire la place au robot quand c’est nécessaire pour finalement apprendre à "faire faire" et non pas faire lui-même.
Il faudrait développer encore plus l’esprit d’entreprise, réformer notre modèle libéral des métiers du droit, et reconstruire de nouvelles identités pour les professions du droit, notamment la profession d’avocat. L’auteur dessine ainsi quelques possibles, pistes de développement et d’évolution pour tous les métiers du droit. On retiendra notamment l’idée de sortir des silos et de savoir se former conjointement.

En résumé, ce petit manuel nous a semblé porter l’ambition de faire réfléchir à ce que pourrait être une nation de droit, une bonne façon de répondre à l’intensification du développement technologique et économique... et de l’accompagner.
La vision sur l’évolution des métiers du droit liée aux technologies (notamment l’IA) nous semble assez imparable, logique, et surtout positive et valorisante pour les professionnels : non, ils ne vont pas disparaître, au contraire ils pourraient bien trouver une nouvelle voie enthousiasmante !

Professeur de droit privé à l’Université Paris Cité, Pierre Berlioz a été conseiller du Ministre de la Justice en 2016 et 2017, en charge du droit économique, du droit des obligations et des professions. Après avoir exercé plusieurs fonctions auprès de professions du droit, d’abord comme directeur de l’école de formation des barreaux du ressort de la cour d’appel de Paris [EFB], puis comme directeur de cabinet du président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes [CNCC], il a ensuite assuré la gestion des affaires publiques européennes de l’organisation patronale du secteur de la métallurgie.

Éditions Dialogues - Collection Mercuriales
Parution mars 2025 - 80 pages
EAN : 9782369451013.

Rédaction du Village de la justice

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