Du côté des avocats : l’exemple du stage dans un cabinet à taille humaine.
La réponse en duo de Manon Voisard, étudiante à l’Université Paris II Panthéon-Assas et stagiaire auprès de Yann-Maël Larher, docteur en droit social et fondateur de YML Avocat, qui nous racontent les avantages d’un stage dans une petite structure.
1) Une immersion totale et polyvalente.
Yann-Maël Larher, Avocat : "Il y a quelques années quand j’étais moi-même en stage à l’EFB [1], je me suis retrouvé à devoir faire la revue de presse et de la veille juridique pour mettre à jour l’ouvrage de « référence » d’une des associées principale d’un cabinet prestigieux. Forcément, j’ai été frustré par cette expérience car je n’ai pas vu toutes les facettes de la profession.
- Yann-Maël Lahrer
A contrario, dans un petit cabinet, les stagiaires bénéficient d’une immersion totale. Ils ne sont pas cantonnés à des tâches spécifiques, comme cela peut être le cas dans les grandes structures. Ici, les stagiaires touchent à tout : rédaction de notes, gestion de dossiers, participation aux échanges avec les clients, préparation des audiences… Cette polyvalence permet de comprendre rapidement l’ensemble des aspects du métier d’avocat."
Manon Voisard, Stagiaire : "J’ai été impliquée dans divers dossiers dès le premier jour. Que ce soit la préparation des plaidoiries, la recherche juridique ou les interactions avec les clients, j’ai pu mettre en pratique mes connaissances théoriques de manière concrète et variée.
Cela m’a permis de développer une vision globale de la profession. En effet, en tant qu’avocat indépendant, Maître Larher a eu l’occasion de m’initier au développement de la communication de son cabinet sur les différents réseaux sociaux. Ce qui donne une vision très pratique du quotidien d’un avocat indépendant."
2) Un encadrement personnalisé et un mentor de proximité.
Yann-Maël Larher : "Les petites structures permettent une relation de proximité entre l’avocat et le stagiaire. Ici, il n’y a pas de hiérarchie lourde, et chaque stagiaire peut bénéficier d’un mentorat personnalisé. Les échanges sont directs et constants, favorisant une montée en compétence rapide et efficace."
Manon Voisard : "Maître Larher a toujours été disponible pour répondre à mes questions et m’aider à comprendre les subtilités des dossiers. Cet encadrement personnalisé m’a permis de gagner en confiance et en compétences. N’étant qu’au début de mon parcours, cette expérience à ses côtés m’a fait énormément évoluer, en particulier en ce qui concerne la rédaction juridique. Grâce à ce stage, j’ai pu bénéficier d’une formation unique, qui, j’en suis convaincue, contribue à ma réussite."
- Manon Voisard
3) Une flexibilité et une adaptabilité exceptionnelles.
Yann-Maël Larher : "Travailler dans un petit cabinet offre une flexibilité que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Les stagiaires ont l’opportunité de travailler sur des dossiers variés et de développer des compétences dans plusieurs domaines du droit. Cette flexibilité est essentielle dans un monde juridique en constante évolution."
Manon Voisard : "La flexibilité du petit cabinet m’a permis de découvrir différents domaines du droit et d’identifier ceux qui me passionnent le plus. C’est un point important selon moi, de pouvoir expérimenter le plus de disciplines de droit possibles afin d’affiner notre ou nos spécialisations future(s). En effet, Maître Larher pratique une pluridisciplinarité, ce qui m’a donné l’opportunité de travailler à la fois sur du droit du travail, du droit du numérique et même du droit fiscal. Cette expérience m’a montré à quel point le métier d’avocat peut être riche et stimulant."
Du côté des Directions juridiques : l’exemple du stage en legal operations.
Joy Gigi, Élève-avocate à l’ École de formation professionnelle des Barreaux de la cour d’appel de Paris (EFB) et ancienne stagiaire auprès d’Emilie Calame, Fondatrice du Cabinet Calame, spécialisé dans l’accompagnement des directions juridiques sur leurs enjeux de transformation digitale et d’excellence opérationnelle, nous racontent chacune à leur manière leur vision du stage.
1) Se réinventer et rester à la pointe de l’innovation.
"L’époque où un avocat passait toute sa carrière à faire la même chose tout seul dans son cabinet est désormais révolue. Aujourd’hui, il est crucial de se réinventer et de rester curieux quant aux évolutions de notre domaine, notamment par rapport aux nouveautés et aux avancées technologiques. Un stage en Legal Operations (Legal Ops) permet d’explorer ces innovations de près. Il s’agit d’une opportunité unique de se familiariser avec les outils et méthodes modernes qui révolutionnent le secteur juridique. Ainsi, un tel stage aide à développer une compréhension approfondie des tendances du marché, ce qui renforce notamment la capacité à s’adapter aux transformations numériques et à l’essor de l’intelligence artificielle. Chez Calame, par exemple, j’ai pu observer l’évolution du secteur juridique et comprendre pourquoi et comment les avocats doivent adapter leurs méthodes de travail, les outils utilisés quotidiennement et leurs relations avec les clients."
- Joy Gigi
2) Diversifier son expérience professionnelle.
"Personnellement, j’ai opté pour un stage en Legal Ops afin de ne pas suivre un parcours traditionnel centré principalement sur les cabinets d’avocats. Bien qu’un tel parcours soit important et enrichissant, je considère qu’une diversité d’expériences est essentielle pour enrichir son CV et se préparer à une carrière plus dynamique et polyvalente. Travailler dans un environnement différent de ce à quoi les étudiants en droit sont habituellement exposés, offre une perspective nouvelle sur les pratiques de travail. On y apprend, par exemple, à travailler plus rapidement tout en maintenant, voire en améliorant, la qualité de nos prestations. Cette approche est particulièrement précieuse à l’ère de la révolution des usages juridiques. "
3) Acquérir des compétences essentielles au domaine juridique.
"Il nous incombe, en tant que futurs avocats, de nous adapter pour accompagner le changement, et c’est précisément ce que l’on apprend en travaillant dans le domaine des Legal Operations. Ce stage a été l’occasion pour moi d’apprendre qu’il y a maintes compétences indispensables pour l’avenir du métier d’avocat. Ces compétences incluent non seulement des connaissances juridiques, techniques, même si celles-ci restent l’essence même du métier d’avocat, mais aussi la capacité à mettre en place des stratégies, à gérer efficacement une équipe, et à comprendre le marketing de la fonction juridique... Ce sont des problématiques, parmi tant d’autres, auxquelles j’ai été confrontée en tant que Legal Ops intern. Désormais, il m’appartient de les adapter à ma pratique professionnelle.
Ainsi, un stage en Legal Ops prépare un stagiaire à devenir un professionnel capable de naviguer avec succès dans un environnement juridique qui est désormais en constante évolution."
Pourquoi enrichir son équipe de stagiaires ?
Emilie Calame : "Personnellement, j’ai eu la chance de toujours beaucoup apprendre durant mes stages lorsque j’étais étudiante. Les stages servent à confronter notre vision du métier à la réalité du terrain, et à confirmer ou infirmer certaines de nos intuitions. Lorsque j’ai créé ma société, j’ai souhaité proposer un endroit où les étudiants (en droit, mais pas uniquement) apprendraient à nos côtés. Je trouve que l’aspect formation est important et pas toujours l’angle avec lequel on appréhende les stagiaires. Il est de notre ressort de les former, les aider à grandir et leur montrer la diversité de nos métiers pour en faire de formidables collaborateurs et collaboratrices demain.
- Emilie Calame
À cet égard, nous avons mis en place un kit d’informations que nous leur adressons avant même leur arrivée, puis leur organisons un parcours « pied à l’étrier » pour qu’ils apprennent les enjeux de notre métier, les difficultés de nos clients et la façon dont nous les aidons au quotidien. Un stage en Legal Operations est assez spécifique en ce qu’à l’inverse des stages par matière, ils n’ont généralement jamais entendu parler de Legal Ops à l’Université ou dans leurs écoles. Nous avons donc tout un travail d’acclimatation à faire de notre côté, et ce d’autant plus que je suis très ouverte aux profils atypiques et non juridiques.
Je trouve très enrichissant de contribuer à la formation des jeunes générations qui seront demain sur le monde du travail, et très gratifiant de leur montrer un « envers du décor » qu’ils ont très peu l’habitude de voir. Au lieu d’aller dans une direction juridique, à nos côtés, ils en verront 15 sur une même période !"