Autant de questions légitimes, auxquelles il est important d’apporter des réponses. Pour cela, la Rédaction du Village de la Justice a volontairement souhaité donner largement la parole à certain(e)s de vos consœurs et confrères qui ont créé ou exercent dans un cabinet résolument engagé RSE.
Dans des structures de taille très importante ou au sein de "jeunes pousses", tous ont profondément fait évoluer leur fonctionnement interne et leur management. Bien éloigné des faux-semblants du greenwashing, de l’ethical washing, du social washing ou d’autres pratiques marketing douteuses que d’aucuns décrient, ce sont donc des témoignages inspirants et retours d’expérience concrets que nous vous proposons de découvrir dans ce dossier.
Alyssa Auberger, Directrice du développement durable de Baker McKenzie.
Il est clair que les avocats ont une fibre déontologique, éthique, compliance, et anti-corruption forte, et que tous ces aspects de la RSE s’intègrent pleinement dans nos formations et nos engagements en tant qu’avocat. Mais ici comme ailleurs, je ne pense pas que l’on puisse simplement se reposer là-dessus si l’on veut réellement faire avancer les choses et faire la différence. Sur des enjeux aussi essentiels que le climat ou la diversité par exemple, on ne peut pas se contenter de dire « ça fait partie de notre ADN et donc tout va bien », ce n’est plus du tout réaliste aujourd’hui.
Véronique Maras et David Billard, Avocats associés, co-fondateurs de Maras Billard Avocats.
Nous sommes « retrouvés » sur des valeurs humanistes, la façon d’exercer le métier, le relationnel client, l’horizontalité dans le management, etc. Toute une philosophie partagée sur de nombreux sujets en quelque sorte. Et ces valeurs, nous avons eu envie de les appliquer au fonctionnement d’un cabinet. Nous avons aussi constaté que pour qu’elles puissent être transposées dans l’univers professionnel, il fallait que ce soit un peu consubstantiel à la création d’une structure.
Alexandre Vuchot, Avocats associé, Co-managing partner France de Bird & Bird.
Avoir une politique RSE cohérente et mise en pratique permet de répondre à celles et ceux qui sont peut-être aujourd’hui moins carriéristes, mais veulent avant tout trouver du sens – ou plus de sens – dans leurs actions. L’association et la rémunération ne sont plus les principaux moteurs ; si certain(e)s restent sur ce modèle-là, il y a aujourd’hui une frange très large qui, effectivement, s’attend à autre chose. Je dirais que c’est une attente citoyenne des collaborateurs, de voir leur entreprise simplement conforme aux valeurs qu’elle défend.
Eole Rapone et Juliane Dessard Jacques, Avocats associés, co-fondateurs d’Emeriane Avocats.
C’est vrai qu’il faut éviter ce concept abstrait de RSE. Et pour cela, on peut d’abord décliner les piliers de la RSE en objectifs, objectifs qui sont eux-mêmes suivis par des indicateurs. C’est comme ça que l’on y arrive ! Comme, dans la plupart des référentiels RSE, les objectifs sont larges sur les différents domaines, il est possible d’adapter à l’activité des cabinets, par rapport à la taille et au niveau de maturité de l’organisation. Il est possible de mesurer beaucoup d’éléments en réalité et certains cabinets le font très bien.
Julie Ferrari, Avocate associée chez Vigo Avocats (AFAQ 26000).
Parties prenantes, principes directeurs, etc., il faut tout adapter. On est libre de faire à peu près tout ce que l’on veut, la seule chose est que, lorsque l’on se fixe des objectifs, il faut… les atteindre ! Donc plus vous êtes exigeants, plus ce sera difficile. Il faut donc avoir la sagesse de se dire « dans un premier temps, je vais me mettre des objectifs qui sont raisonnables et réalisables ». Ensuite, en fonction des évaluations – tous les trois ans –, on revoit son tableau de bord et on se redonne des objectifs.