Entre un véritable intérêt reflétant les valeurs de la profession, et un principe de réalité, notamment financière, les avis sont assez partagés. C’est en tout cas ce qui ressort de l’enquête que nous avons réalisée en ligne, pendant la seconde moitié de décembre 2021 [1].
Quelques chiffres "classiques" sur le pro bono des avocats.
Certains chiffres ressortant du sondage sont peu surprenants : 81 % des avocat(e)s ayant répondu à notre enquête assurent personnellement des missions pro bono et les activités concernent principalement l’accès au droit (58,9 %).
Le pro bono, initiative personnelle ou corporate ?
Nous avons également souhaité savoir si le pro bono devait ou non être porté par le cabinet. Les avis divergent :
pour 37,5 %, c’est « non », parce que c’est avant tout un choix individuel et non corporate ;
pour 15,6 %, c’est « oui », cela doit faire partie de la politique du cabinet ;
une toute petite majorité (39,1 %) a choisi la réponse intermédiaire du « oui et non » : la politique du cabinet doit le favoriser, mais l’initiative doit pouvoir être personnelle.
Le pro bono, évalué en équivalent d’heures facturables ? Les avis sont très partagés, avec une courte majorité en faveur du non.
Plus précisément :
38 % nous ont dit être contre l’idée ;
34,4 % sont ouverts à cette possibilité ;
27,6 % n’ont pas d’avis sur la question.
Pro bono vs réalité financière ?
20 % des répondants ont indiqué ne pas avoir suffisamment de temps à consacrer au pro bono (ou, plus à la marge pour d’autres raisons : pas d’opportunité, pas d’intérêt). Partageons également quelques-uns des commentaires que les répondants ont souhaité partager avec nous.
Le sentiment dominant est que les « charges s’accroissent annuellement », entravant la possibilité de « travailler volontairement une partie du temps à titre gratuit ».
L’interrogation majeure reste bien celle-ci : « Pourquoi mettre en avant l’exercice bénévole de notre profession alors qu’un nombre important d’avocats a du mal à s’en sortir financièrement et vivre correctement de son métier ? ».
Ainsi, ce serait « seulement lorsque l’avocat percevra une bonne rémunération de son travail qu’il sera en mesure d’assurer une mission pro bono ».
Une position ambiguë sur la visibilité à donner au pro bono.
Le pro bono mérite-t-il plus de publicité, grâce à l’attribution de prix, d’articles de presse, etc.? Rien n’est moins sûr. La majorité des répondants est d’accord avec l’idée qu’il faut mettre en lumière le pro bono des cabinets, « parce que cela participe à l’image de la profession », mais « cela doit quand même se faire avec délicatesse et discrétion ». Une idée forte qui ressort de l’enquête est en effet que le pro bono « ne doit pas être utilisé à d’autres fins » : seuls 5,2 % estiment qu’il faut donner de la visibilité, « parce que c’est important pour l’image du cabinet ».
Pour autant, et peut-être de manière un peu paradoxale, 62 % des avocat(e)s ayant répondu à notre enquête se disent intéressé(e) pour connaître les différents types de missions pro bono assurées par leurs confrères et consœurs partout en France.
Retrouvez l’intégralité des résultats du sondage (p.38) en cliquant sur l’image ci-dessous.