Village de la Justice : Vous venez de lancer le projet "Bâtonnières du monde" : avez-vous déjà des bâtonnières prêtes à participer à votre mouvement ?
Vanessa Bousardo : La création du collectif Bâtonnières du monde a été proclamée lors de l’édition 2024 du Global Meeting Women’s Forum. Alors que nous sommes au tout début de ce mouvement, plus d’une quinzaine de bâtonnières et vice-bâtonnières ont déjà répondu favorablement à notre appel !
Lors de l’évènement de lancement, les bâtonnières et vice-bâtonnières d’Odessa, de Côte d’Ivoire, de Bouira, d’Allemagne, de Louisiane, du Delaware, de Bruxelles, de l’Angleterre et Pays de Galles, de Genève ou encore de Barcelone ont répondu présentes pour signer l’appel des Bâtonnières du monde.
Dans chacun de nos pays, nous rencontrons des problèmes identiques. La réflexion et l’action doivent devenir communes afin de faire progresser les droits des femmes.
Leur présence aujourd’hui nous honore. Nous nous accordons toutes à vouloir poursuivre dans cette voie et permettre la réunion de toutes les Bâtonnières souhaitant nous rejoindre.
V.J : Quels sont les projets concrets que vous souhaitez initier en priorité ?
V.B : « Bâtonnières du monde » est avant tout un lieu d’échanges et de réflexions. Par-delà la plateforme de réflexions, nous souhaitons mettre en commun un programme d’actions communes visant à améliorer les droits des femmes. Celui-ci sera prochainement annoncé et mis en œuvre, nous l’espérons, dans les pays concernés pour lutter contre les inégalités femmes-hommes !
Et à ce titre, j’y tiens, il n’y a pas de petites mesures en la matière. Toute initiative vient apporter une pierre à l’édifice collectif que nous essayons de bâtir en faveur de l’égalité. Nous avons besoin de solutions concrètes et effectives.
Au barreau de Paris, par exemple, nous avons ouvert un salon d’allaitement à la Maison des Avocats, en face du tribunal judiciaire. Cela répond à un vrai besoin pour les avocates parisiennes et nous sommes le premier barreau à le faire !
Encore plus récemment, nous avons opté pour l’externalisation du recueil des signalements pour harcèlement et discrimination. Désormais, les avocates et les avocats qui sont victimes ou témoins peuvent signaler ces agissements à une plateforme indépendante de l’Ordre, y compris anonymement s’ils le souhaitent. Évidemment, s’il y a des poursuites, la levée de l’anonymat sera toujours nécessaire, mais cela renforce la libération de la parole. C’est nécessaire.
Je suis convaincue que c’est ce type d’initiatives qui contribue le plus efficacement à améliorer progressivement le quotidien de nos consœurs.
V.J : Afin que seules les femmes ne se sentent pas concernées par ce projet, comment pensez-vous y associer les hommes ?
En France, la profession d’avocat est très féminisée : 57% des avocats sont en réalité des avocates ! Pourtant, 30% d’entre elles quittent la profession durant leurs 10 premières années d’exercice. L’égalité réelle entre femmes et hommes n’est donc pas atteinte, et cette situation a encore de graves conséquences sur le bien-être des avocates, mais aussi sur l’attractivité de notre profession et notre capacité à « retenir » nos talents.
Il me semble donc essentiel que notre profession, qui occupe un rôle si particulier dans nos sociétés, agisse résolument pour l’égalité et montre la voie. Il ne s’agit évidemment pas d’opposer les femmes et les hommes, mais au contraire faire de ces questionnements un enjeu d’unité et de réconciliation au sein de nos sociétés.
Le collectif bâtonnières du monde s’inscrit pleinement dans cette logique : toutes les bonnes volontés sont donc les bienvenues !