LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

Bonjour,

Je souhaiterais m'installer en Suisse (plus précisément à Zurich et ses environs) au printemps prochain.

La question qui me semble la plus importante est de savoir s'il existe un site spécialisé pour les juristes et leur recherche d'emploi?
Je ne sais pas trop comment m'y prendre, je dois avouer.

Puis, à titre subsidiaire, si un spécialiste tombe sur cette discussion : quelles sont mes chances de trouver un poste de juriste avec un DESS, un LLM en Allemagne, 3 ans d'expérience au sein d'éditeurs de logiciels, et étant triliingue?

Merci d'avance pour tous vos renseignements fructueux.

Jus

Il me semble que je ne puis mieux faire que vous recommander ce site : www.weblaw.ch

Soyez toutefois avisé :

1. certificats de travail (si emploi dépendant) :
- les certificats a minima que l'on délivre en France ne tiennent pas la route ici. Il est HAUTEMENT recommandé d'avoir des attestations de travail radicalement dithyrambiques par ici (le genre de document où l'employeur menace carrément de se suicider si vous le quittez).
- et quand vous aurez trouvé un travail, il faudra faire très attention au rédactionnel des attestations qui vous seront délivrées : les employeurs usent couramment de "codes" qui font qu'un certificat d'apparence très aimable peut constituer un obstacle définitif à toute embauche ultérieure... (il existe heureusement quelques guides fort utiles à ce sujet).

2. les banques "consomment" beaucoup de juristes, mais il est souvent exigé d'eux qu'ils aient un diplôme en DROIT SUISSE. Officiellement c'est une nécessité absolue en raison de la structure fédérale de ce pays (tenir compte des spécificités cantonales, surtout en matière de procédure). Mais parfois (juristes spécialisés en droit international), cette exigence peut être aussi une mesure protectionniste. Mais il ne faut pas s'offusquer outre mesure: ici, par exemple, un genevois aura du mal à se faire accepter à Lausanne ou (pire encore) dans le Valais et je ne parle même pas des différences de "climat" psychologique, culturel et politique entre la Suisse romande et la Suisse alémanique où parler le "hoch deutsch" n'est pas toujours suffisant pour se faire accepter.

3. enfin, comme ressortissant UE, vous pourrez facilement vous faire délivrer un permis "L" (en vertu des accords bilatéraux Suisse-UE), mais il s'agit d'une autorisation de séjour de moins de 12 mois qui, même si elle est renouvelable, vous empêchera d' "entrer en matière" avec une agence pour trouver un appartement ou des bureaux. Au bout de trois titres "L", vous pourrez obtenir un permis "B" (5 ans) ...si vous avez été bien sage

Conclusion (provisoire) : les Suisses sont de puissants négociateurs. On se moque souvent de leur lenteur d'esprit supposée, mais c'est grand tort : contrairement aux dirigeants de quelques pays de l'UE (je ne citerai personne), ils prennent le temps de réfléchir avant de signer... EUX

Good Luck !

Merci pour votre réponse détaillée... même si elle n'est pas très encourageante.
Mais qui ne tente rien n'a rien! Donc je m'y mets!

Jus

Comme le disait l'ami Malraux, "le courage est une chose qui s'organise, qui vit et qui meurt, qu'il faut entretenir comme les fusils" et vous avez donc bien raison de vous y "mettre".
Bien au-delà des quelques conseils pratiques que je me suis permis de vous donner, vous verrez qu'il se trouve dans cet aimable pays des gens passionnants et que sur le plan de l'harmonisation de la "diversité" par la fierté du travail bien fait, la France du Trocadéro (celle des "droits de l'homme") aurait beaucoup à apprendre.
Venant de l'hexagone, vous serez sans aucun doute très favorablement surpris par la courtoisie, le sérieux et la constance des Helvètes, hommes ou femmes (on dit "Suissesses" par ici : souvent dotées d'un sens du devoir et des responsabilités qui peut en faire des épouses proches de la perfection si cet aspect vous intéresse .
Sachez toutefois que, même s'ils ne le disent pas ouvertement, les suisses ont une manière de défiance envers les français qu'ils trouvent (je ne puis leur donner vraiment tort) très "grandes gueules" et peu sérieux (délais de paiement, de remise des travaux, etc...). Personnellement, je pense que le souvenir des graves persécutions de leurs ancêtres par la fille aînée de l'Eglise de Rome (beaucoup de protestants -majoritaires en Suisse- ont trouvé refuge dans ce pays) doit participer à cette défiance historique, même si les suisses n'en sont pas toujours conscients.
Ici, j'en ai plutôt bavé les premières années. Pas à cause des suisses mais d'un groupe de français installés dans ce pays depuis plus longtemps que moi et avec lesquels j'avais commencé à travailler par commodité "patriotique" (un peu le genre de ces marchands de sommeil qui se prennent souvent pour des bienfaiteurs de l'humanité).
A présent, grâce à la confiance de mes amis suisses, je vis et travaille dans d'excellentes conditions, dans un atmosphère paisible et avec une proximité immédiate lacs/montagnes qui participe grandement à une qualité de vie absolument inimaginable en région parisienne.
Je vous souhaite donc de réussir dans votre projet.
"Tout de bon pour vous", comme on dit en Suisse romande
Excellente journée et meilleures salutations.

Le dernier message donne beaucoup plus envie que le 1er !
Concernant le salaire, y a t il plus de reconnaissance en Suisse qu'en France ? par rapport au niveau de vie bien sûr ...

Les salaires y sont plus élevés, MAIS :
1. même si le % commun TVA n'est qu'à 7.6 (intéressant pour l'électronique), la vie est comparativement beaucoup plus chère ici (surtout pour tout ce qui touche à l'alimentaire/vestimentaire : de 1.5 à 2 x),
2. le système d'assurance sociale est (à mon avis) beaucoup moins intéressant que le système français de sécurité sociale :
- chaque membre de la famille doit être assuré (y compris les enfants) : femme et enfants pas couverts comme en France par la cotisation du chef de famille,
- il existe un système de franchise variable (vous devez en choisir le seuil) qui fait que, pour limiter éventuellement le montant de la cotisation mensuelle, vous devez prendre le risque de n'être pas remboursé si le montant des soins n'excède pas un certaine somme (jusqu'à CHF 3500, mais cela dépend de la compagnie).
- frais dentaires pas remboursés (sauf si vous avez contracté une assurance avant l'âge de ...sept ans).
- tous les organismes sont privés (y compris la caisse de chômage).
3. et si vous avez de jeunes enfants : crèches et cantines scolaires bcp moins répandues qu'en France (beaucoup de mamans sont de ce fait scotchées à la maison et ne peuvent travailler - en général, elles s'organisent entre elles par rotation, aussi bien pour les repas du midi que pour faire le taxi -écoles/loisirs des enfants).
D'une façon générale, je dirais qu'en ce qui concerne la famille les deux systèmes sont philosophiquement très différents :
- en Suisse, la famille est une affaire privée (vous voulez des enfants? c'est votre problème) - en plus, les Cantons ont des systèmes différents, qui peuvent considérablement varier (montant de l'allocation familiale ou système scolaire par exemple) d'un Etat à l'autre (structure fédérale),
- en France, l'Etat s'implique davantage dans l'éducatif car l'enfant me semble y être davantage considéré dans une perspective "citoyen en devenir" (sans doute un héritage de la révolution 1789) et... futur contribuable .

Oh, une petite erreur dans tant de vérités !!!

Une petite correction s'impose, mais elle est de taille car elle concerne le chômage.

Les Caisses de chômage ne sont pas des "organismes privés" ; Dieu merci et heureusement !!! Les caisses de chômage sont de 2 types :

- Cantonales: elles sont dans de cas de droit public et applique les différentes dispositions sur l'indemnisation du chômage. Tant en ce qui concerne les formalités et l'indemnisation des demandeurs d'emploi.

-Syndicales : elles sont mises en place par les différents syndicats reconnus en Suisse (Unia, Sit, Comedia etc...) et ont pour rôle de faire les formalités requises pour l'inscription des demandeurs d'emploi. Ces caisses, un peu comme l'Assedic en France, remplissent une mission de service public. A la différence prêt qu'elles n'indemnisent pas les demandeurs d'emploi dont l'indemnisation relève exclusivement des différents Offices cantonaux de l'emploi.

Sinon, tout le reste concernant la Suisse est exact et retrace tout à fait ce à quoi je suis confronté en raison de mon travail qui m'amène à être en contact quotidien avec des frontaliers. C'est à dire des gens comme vous et moi qui habitent en France et travaille en Suisse.

Je n'ai qu'une chose à dire : allez-y mais entourez-vous de toutes les garanties nécessaires pour ne pas vous retrouver "nu comme un ver" si vous veniez à perdre un emploi que vous auriez trouvé ; ce qui concerne essentiellement la couverure sociale bien différente de celle que l'on connaît en France.

Enfin, voici un site Internet où vous pouvez trouver une foule de renseignements utiles sur le travail en Suisse : www. frontalier.com

Bon courage

Bien vivement merci pour la précision (pas un habitué de ce genre de prestations ).

De fait, vu de l'extérieur, le système est assez complexe et particulier (au regard du système français) :

1. le choix existe effectivement entre caisse publique et caisses privées mais (outre le fait que pour des raisons de proximité géographique le salarié privé d'emploi aura plus de chances de trouver une caisse privée -beaucoup plus nombreuses- qui ne soit pas trop éloignée de son domicile), il ne semble pas que le versement des indemnités soit du ressort exclusif des caisses publiques :
- "Vous pouvez choisir votre caisse de chômage parmi celles dont la liste est proposée ci-dessous (caisses privées et caisse publique)" conseille par exemple l'Etat de Genève <http://www.geneve.ch/emploi/demandeur/indemnite_caisse.asp?menu=indemnite&id=142>
- tandis qu'il est recommandé au salarié privé d'emploi de "choisir une caisse de chômage; C'est elle qui vous indemnisera mensuellement lorsque vous lui remettrez l'extrait, rempli et signé, de vos données de contrôle. Vous avez le choix entre la Caisse cantonale de chômage et des caisses syndicales. En principe, vous ne pourrez plus changer de caisse en cours d'indemnisation" <http://www.guidechomage.ch/guide.asp?NoChapitre=2&NoPage=9&annexe=0>

2. par ailleurs, il semblerait :
- que la loi réserve le versement d'indemnités exclusivement par la caisse de chômage publique aux cas d'insolvabilité ou de faillite de l'employeur.
- et que (sauf erreur que les spécialistes auront le cas échéant l'amabilité de rectifier), les offices cantonaux de l'emploi n'ont pas pour mission de verser directement des indemnités mais (entre autres missions comme les permis de travail et les activités règlementées) de contrôler, via l'ORP (Office Régional de Placement), la situation du chômeur et de l'aider à retrouver un emploi. Cet ORP délivre tous les mois une feuille de situation nominative que le salarié privé d'emploi doit remplir et remettre à la Caisse de chômage qu'il a choisie afin de permettre à celle-ci de calculer et de lui verser l'indemnité éventuellement due.

3. pour l'anecdote, un collègue helvète me précise à l'instant qu'un ressortissant français qui se retrouverait au chômage en Suisse pourrait tout-à-fait percevoir ses indemnités en France, mais que les Assedic exigeront "curieusement" de lui qu'il travaille auparavant un jour au moins en France, au besoin "en faisant du baby-sitting chez des amis avec des chèques emploi". Mais là, à brûle pourpoint, on "sèche" un peu quant à savoir pourquoi... Peut-être une façon de faire préalablement réintégrer le système français aux assurés?

Pour de plus amples informations sur la vie en Suisse, il existe de très nombreux sites assez bien faits (google.ch avec les mots clef "vivre en suisse" ou "implantation en suisse")

Enfin (last but not least), et sans malice excessive, sachez qu'en Suisse (romande of course) on use souvent du mot "Adieu" pour dire "Bonjour"

Merci à vous! J'en attendais pas tant.
A vrai dire, j'aimerais bien avoir tous ces problèmes
cela voudrait dire que j'ai trouvé un job là-bas!