Je suis tombé sur ce forum et ce sujet en particulier...
Je vais donc partager un peu mon expérience, parce qu'il se rapproche de l'expérience de l'auteur du post original.
J'ai commencé mes études universitaires assez tard, et en Belgique, après être passé par une capacité en droit française. Mes études ont été bilingues (français -anglais) en candidature (l'équivalent du DEUG), terminées avec mention.
Les études durent 5 ans en Belgique, mais on s'en sort avec un équivalent de la maîtrise, pas un LLM.
Les deux années suivantes ont été sur le fil du rasoir (passées en juin avec des moyennes de presque 70 % mais un examen raté chaque fois).
A vrai dire, j'avais pris en même temps un diplôme complémentaire en éthique biomédicale, en m'étant dit qu'un double diplôme augmenterait ma valeur sur le marché du travail.
Mes études se sont concentrées sur les droits intellectuels et le droit comparé.
La dernière année, je suis parti en erasmus à Utrecht, j'ai réalisé mon mémoire en histoire du droit, et j'ai terminé avec mention (je pense que c'est l'équivalent du "très bien"). Mon mémoire en droit, lui, a fait l'objet d'une publication. J'ai terminé mon diplôme en éthique avec mention également.
Malgré ces études (que je pense pouvoir qualifier de remarquables), j'ai été rejeté pratiquement par tous les cabinets possibles et imaginables de la place.
Certains m'ont fait remarquer que mon profil était "trop éthique" pour travailler dans le domaine du droit pharmaceutique. La plupart du temps, l'examen s'arrêtait à la lecture du CV (je peux tapisser ma chambre de lettre ou mails de refus). Certains cabinets nous expliquaient cyniquement qu'ils préféraient avoir des gens avec des LLM anglo-saxons plutôt que des gens sans LLM mais qui promettaient d'aller étudier.
J'ai travaillé comme freelancer pour un journal américain. Après deux ans de chômage, j'ai enfin trouvé du travail dans une banque américaine, dans un service de transfert d'argent. Il s'agissait d'un CDD de deux ans, rien à voir avec le droit, et surtout en deux ans, je n'ai rien appris de juridique. Du contact avec le client et le service au client, oui.
Vous aurez compris que je parle couramment l'anglais, mais aussi le français et l'italien, et je maîtrise plus ou moins le néerlandais. Je peux aussi lire l'allemand et l'espagnol.
Ce contrat s'est terminé en juillet dernier et depuis je cherche une stratégie pour rebondir. D'après ce que je comprends, en Belgique, le candidat idéal a fait un stage d'avocat et ensuite seulement peut travailler.
Je suis un peu pessimiste sur mes chances de revenir au droit. Premièrement, malgré mes connaissances linguistiques (qui seraient remarquables en France), je souffre d'un désavantage compétitif par rapport aux nombreux flamands qui sortent de l'université.
En second lieu, je ne peux m'empêcher de noter que mon âge doit sérieusement jouer en ma défaveur, de même que ce profil atypique.
Je peux jouer sur le plan des services au client, mais mon diplôme en droit est à peu près dévalorisé, et je ne sais plus quoi faire. Et reprendre des études en Belgique est inutile, les cabinets d'avocat appellent ça du "chômage déguisé" - sans compter que je n'en aurais guère les moyens.
Il y a aussi une question de personnalité. Au lieu d'être un individu avec une voix forte et une présence brillante, on me fait régulièrement le reproche de manquer de charisme.

Et j'ai bon lieu de croire que cela sabote une bonne partie de mes entretiens.
Depuis que j'ai recommencé à chercher, j'ai eu quelques entretiens pour des postes dans le secteur bancaire. Le problème étant qu'on recherche des Bachelors, parce qu'ils sont moins ambitieux et donc mobiles...

Dans deux cas, on m'a écarté en raison de manque de charisme ou de "people management skills".
Autrement dit, un diplôme et des mentions ne sont que la moitié du chemin. Beaucoup dépendra de votre personnalité et de la manière dont le maître de stage ou l'employeur envisage la personne qui devrait occuper le poste.
J'avoue être plutôt découragé à ce point.