Bonjour,
Ce sujet m'interpelle, car à 49 ans, de formation initiale ingénieur et après plus de 20 ans en entreprise, à cause de la politique de l'emploi contre les salariés "seniors" dans ce pays (ma procédure prud'homale dure depuis 7 ans, et in fine, les condamnations de mon employeur devraient financer mon installation comme avocat, peut-être vais-je plaider ma cause pour délai déraisonnable de procédure devant la CEDH...) je suis en 2e année de doctorat en droit et sans attendre de bénéficier de la fameuse dispense que j'aurais en 3e année pour entrer à l'EFB, j'ai réussi le mois dernier l'examen d'entrée en passant par l'IEJ de mon Université.
Comme je ferai l'EFB en 2005, je devrai donc assister aux cours, en plus de la rédaction de ma thèse, que je ferai certainement la nuit. Je ferai également avec plaisir le stage en cabinet d'avocat, rémunéré à 30 % du SMIC, peut-être, de quoi me payer ma carte orange et mes repas de midi, ou même non rémunéré.
Certains de mes collègues ingénieurs, astucieux, envoyés par leur entreprise avant d'en être licenciés, ont fait une spécialisation en management dans une université américaine, qui fait aussi du droit, Yale par exemple, se sont inscrits au barreau de New York puis sont revenus en France s'inscrire au barreau en faisant valoir leur qualité d'avocat dans un pays étranger.
Un grand nombre de leurs connaissances apprises aux Etats-Unis ne leur servira sûrement plus jamais, mais ils n'ont pas fait d'EFB ou de CRFPA.
Ils ne s'en portent pas plus mal. Ils ont suffisamment prouvé leurs capacités d'adaptation à un environnement différent.
Sur un autre plan, étant depuis plus de 10 ans expert judiciaire dans mon métier d'ingénieur, j'ai pu apprécier le travail des avocats dans les réunions d'expertise judiciaire que j'ai organisées ; ils font parfois un véritable travail de bénédictin, pour tirer parti de tous les éléments du dossier de leur client. Ils ne sont pas tous docteurs en droit, loin s'en faut.
Il se trouve également que mon doctorat porte sur le droit processuel ; donc tous les doctorants n'ont pas qu'une vision théorique du droit, puisque certains, grâce à leur thèse, sont au coeur de la procédure.
Aussi, permettez-moi de prendre un peu de recul :
j'estime qu'arrivés à BAC + 4 souvent même 5, les étudiants qui réussissent à être sélectionnés dans le premier tiers de ceux qui sont inscrits à l'examen CRFPA, d'une part, et les doctorants, qui en sont arrivés à leur dernière année de thèse (BAC + 7) et qui se sont engagés à soutenir leur thèse dans l'année (BAC +

pour avoir leur CAPA sont d'un égal mérite, chacun dans leur domaine.
N'oublions pas que dorénavant, les docteurs ou doctorants vont devoir suivre la scolarité au CRFPA (ou à Paris, à l'EFB), comme cela a été dit.
Inversement, 1 élève-avocat sur 10 a également un travail de thèse en cours.
Il y a aussi une part de chance quand on réussit cet examen d'entrée au CRFPA, qui est un concours qui ne dit pas son nom.
J'ai réalisé que si j'étais passé avec le jury d'à côté à l'examen, je n'aurais peut-être pas eu d'aussi bonnes notes, et le travail de lissage des notes entre les jurys, souvent sommaire, ne suffit pas à corriger ce genre d'inégalité.
En conclusion, maintenons la dispense d'examen d'entrée au CRFPA pour les doctorants en dernière année de thèse, et pour les docteurs en droit.
Car n'oublions pas une chose : être avocat, c'est avant tout une profession libérale : qu'il ait eu une dispense grâce au doctorat, ou une dispense d'un autre type en passant par un IEJ, ou qu'il soit passé par des études à l'étranger (sans aller aux USA, certains Français vont passer leurs examens en Belgique, et s'instalent en France avocat), un avocat sera soumis à l'épreuve de la clientèle : c'est la clientèle qui sélectionne son avocat, tout se sait par le bouche-à-oreille, simplement la formation initiale et les diplômes garantissent un minimum de compétences, pour avoir le droit d'exercer ; comme une entreprise sans clientèle, un avocat sans clients est condamné à faire autre chose, plus ou moins rapidement, surtout avec la concurrence qu'il doit affronter (18000 avocats à Paris...).
J'aurai simplement une observation qui concerne la note de synthèse telle qu'elle est pratiquée à cet examen d'entrée au CRFPA : je trouve que c'est une épreuve "casse-cou" qui est très discriminante, dont le résultat est très aléatoire, et qui ne reflète pas toujours la valeur du candidat, et dont la notation paraît trop disparate, reposant sur des critères qui à ma connaissance n'ont pas été définis clairement.
Cordialement.
PS : en visualisant mon message, je m'aperçois que le chiffre 8 que j'ai voulu inscrire en écrivant : BAC + huit s'est transformé en un symbole "smilie" (on dit aussi émoticône). Amusant, je laisse comme ça.