Si le monde juridique a des difficultés à placer ses JD et entretenir son prestige par rapport aux autres, je ne suis pas sûr que la principale différence tient au fait qu'on peut toujours avoir l'espoir d'arriver à un titre "rêvé".
Il me semble que la formation en elle-même est différente. A part la médecine, quelle profession de prestige a sa formation principalement dispensé à l'Université?? Aucune !!
Et dans le cas de la médecine, je signale que la première année est cloturée par un concours respectant un numerus clausus tenu très strictement.
En outre, les autres professions ont évolué avec leur temps en étant contraint de le faire par la pression des entreprises. Les commerciaux et ingénieurs sont obligés de s'adapter à un nouvel environnement technique et concurrentiel (pas en terme de profession mais en terme de business), en permanence. Au contraire l'ensemble des professions juridiques ne sont soumises qu'à l'évolution du droit. Enfin, de manière véritablement forcée.
Pour ce qui est de l'intégration des juristes en entreprise, je crois que les difficultés sont liées plusieurs choses. Tout d'abord, si vous parlez à un chef d'entreprise et que vous lui demandez qui traditionnellement est un expert en droit, on vous répondra l'avocat. Tout à fait d'accord, mais aujourd'hui il est possible de montrer à un dirigeant de PME PMI, même de taille réduite, qu'il a des besoins juridiques.
Pour convaincre un entrepreneur d'investir dans un salarié, il faut le convaincre de l'avantage qu'il peut retirer à avoir un juriste à bord plutôt que chez son comptable ou dans un cabinet extérieur. Et là, il ne tient qu'à la connaissance de chacun de la réalité de l'entreprise pour trouver l'argument qui fera mouche.
Untel est dirigeant d'un groupe de sociétés (même avec seulement 3 ou 4 entités distinctes) ? Est-il convaincu que son secrétariat juridique est optimisé, que les clauses de ses statuts sont idéalement rédigées, que les convention intra-groupes sont étudiées et adaptées à sa situation et ses objectifs, que les realtions avec ses divers associés sont gérées au mieux juridiquement, que la fiscalité qui lui est aujourd'hui applicable est la plus favorable?
Un autre est à la tête d'une entreprise florissante au développement constant et/ou rapide? Est-il sûr de la qualité des relations contractuelles qu'il entretient avec ses clients et fournisseurs, maîtrise-t-il les implications fiscales (même très basiques) de ce qu'il entreprend ou laisse tomber, a-t-il anticipé ses besoins en termes de recrutement, de gestions de carrières pour son personnel d'un point de vue juridique, a-t-il envisagé les questions de représentations du personnel de manière pertinente et percutante ?
Il ne s'agit là que d'un petit panel des questions qui en fait se réusment en une seule: les diigeants d'entreprises, PME et PMI, ont-ils tous les éléments pour décider de manière fiable, en pleine connaissance du risque?
Les avocats n'ont pas su ou pu assumer cette information et ce conseil à ce jour? Qu'importe, les experts comptables prennent le relais en embauchant des juristes.
Le coût d'un juriste interne semble énorme? Quel est le coût d'un prestataire compétetnte et réellement à disposition comme un salarié peut l'être et quel est le risque en cas d'erreur ou de décision prise à la légère?
Mon expérience personnelle me laisse penser que bien souvent les chefs d'entreprise croient savoir ou pensent que l'enjeu n'en vaut pas la chandelle. Profitons alors de stages pour déceler les points sur lesquels nous pouvons apporter un vrai plus, être de vraies forces d eproposition afin d'accompagener dans l'efficacité juridique l'efficacité commerciale et technique. Ca ne marchera pas à tous les coups mais si on arrive à, quoi, 20 - 30% des cas, alors ce sera 20 ou 30 % de réussite et il faudra se battre encore et encore, jusqu'à ce que nos professions soient effectivement reconnues.
Nous aurons alors à nous battre pour maintenir notre position et continuer à évoluer. Le droit est un élément essentiel dans la stratégie de développement et de vie d'une entreprise (droit de la concurrence, droit des contrats, droit de la responsabilité, droit commercial, droit social, j'en passe la liste et trop longue).
Le fait que la fonction de juriste en entreprise soit assez floue n'est pas étonnante, elle ne correspond pas à une réalité dans 80% des entreprises françaises. De plus, elle vient en concurrence directe avec des professions ou des services déjà connus des dirigeants d'entreprises, sans que cette concurrence soit forcément réelle d'ailleurs.
Battons nous tous ensemble, avocats, jursites d'entreprises, huissiers, notaires et tous les autres, expérimentés ou débutants pour que notre profession ne soit pas mangée toute crue par d'autres qui, sur un modèle économique percutant et agressif, proposent des solutions aux problèmes rencontrés. La sclérose n'est bonne pour personne à moyen terme.
Désolé pour la longueur, mais j'en avait un peu à dire...
:D