LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

Désolé... Les dépêches du monde ont une durée de vie de limitée... Il fallait la consulter le jour où je l'ai postée

Mais l'article disait en gros qu'aux USA, face à la crise, de nombreuses personnes acceptaient aujourd'hui de travailler GRATUITEMENT pour des entreprises afin de rester actifs. L'article avait recueilli des réactions, pour certaines favorables, mais plus fréquemment hostiles à cette pratique...

Bonjour à tous
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la plupart des réponses. Je pense que beaucoup de choses intéressantes et enrichissantes ont déjà été évoquées et je souhaite simplement ici donner un petit témoignage, qui couvre quelques arguments et exemples abordés dans ces pages.
J'ai 40 ans, donc quelques années d'expérience. J'ai eu la chance, en maîtrise, en DESS et en étant à l'IEJ pour préparer mon entrée à l'EFB d'avoir des stages (bien) rémunérés et intéressants. Même "de mon temps" ça ne courrait pas les rues. Après avoir été au barreau pendant deux ans (je vous épargnerai mon parcours avec des malades mentaux pour espérer me former), j'ai été à Montréal où mon statut ne pouvait être qu'équivalent à un stagiaire de là bas. J'ai été rémunérée comme eux : c'est à dire avec un équivalent de SMIC et avec un travail fort intéressant, enrichissant, tout en apprenant. En revenant du Canada, j'ai intégré l'entreprise comme juriste et rapidement, j'ai voulu avoir un stagiaire à mes côtés, pour "rendre" ce que l'on m'avait offert quand j'étais étudiante. J'ai pu, lors de mes deux premières expériences en entreprise avoir des stagiaires tout en ayant la possibilité de les rémunérer correctement puisque je les faisais travailler, ils apprenaient et il y avait un apport réciproque.
Aujourd'hui, dans l'entreprise où je suis, les 398€ sont la "règle", même pour des stagiaires M2 (ceux que je souhaite avoir à mes côté). Et je crois que cette "gratification" (puisque c'est le terme employé) est proprement inadmissible.
Le débat que vous avez eu au fil de ces pages m'a rappelé aux raisons pour lesquelles je prends des stagiaires. Ce serait malhonnête de ma part de dire que c'est uniquement par soucis de formation, car si j'avais le choix (budgétaire et de ressources humaines) ça fait longtemps que j'aurais recruté un juriste junior. Mais voyez vous, la réalité de l'entreprise est tout autre. Tout juriste que l'on est, on n'en est pas moins confronté aux décisions de gestion, aux contraintes budgétaires. On essaye de composer avec les limites que l'on a.
Loin de moi l'idée de dire que cela me satisfait, non non! Car les stagiaires que j'ai eus ont dans l'ensemble tous été diligents. Et les deux derniers, que j'ai du accepter de ne rémunérer que 398€, n'ont pas démérité.
Ma seule satisfaction, alors, est de me dire que je participe modestement à leur formation, à défaut d'adhérer à une gestion des ressources humaines qui est en opposition avec mon éthique personnelle et professionnelle.

J'ai sans doute été un peu longue mais il me semble que rien n'est figé dans le marbre, heureusement; mais les contraintes que l'on peut aussi avoir en tant que salarié "non décisionnaire" de certaines politique d'entreprise vous conduisent parfois à agir à l'encontre de certaines de vos convictions. Et il n'y a pas de quoi être fière, je vous l'accorde.

Merci à tous de ce débat, qui continue à me faire réfléchir à mes engagements en termes de formation professionnelle.

J'ai sans doute été un peu longue mais il me semble que rien n'est figé dans le marbre, heureusement; mais les contraintes que l'on peut aussi avoir en tant que salarié "non décisionnaire" de certaines politique d'entreprise vous conduisent parfois à agir à l'encontre de certaines de vos convictions. Et il n'y a pas de quoi être fière, je vous l'accorde.

Ah mais je pense que la majorité d'entre nous le savent On ne va pas jeter la pierre à tous ceux qui bénéficient de cela. On ne dispose pas toujours des budgets nécessaires alors qu'on a besoin d'embaucher quelqu'un. A la limite, je ne suis pas choqué moralement par exemple qu'une start-up recoure à un stagiaire si sa survie en dépend et si ses finances ne permettent pas de le payer correctement. Mais ce sont des exceptions, des cas isolés. Ce n'est pas le cas de 95% des stages.

Ce qui me gêne personnellement, c'est que ceux qui budgétisent le recrutement des stagiaires considèrent donc que le travail d'un homme ne coûte que 400 euros (et je crois que le décret a contribué certes à augmenter certaines gratifications mais aussi à en baisser certaines, tout autant qu'à donner une existence légale au stage et donc à justifier les faibles rémunérations versées)... Vous allez me dire, c'est mieux que les entreprises qui délocalisent et considèrent que le travail d'un homme vaut 150-200 euros par mois. Mais en France, le salaire minimum pour vivre normalement, à Paris comme ailleurs, c'est 900 euros à mon sens (oui, 900 euros seulement... et pas 1500 euros... je donne ce montant par expérience). Ce n'est pas la même chose que lorsqu'on verse à un ouvrier polonais de Renault un salaire de 250 euros, bien supérieur au salaire médian dans ces pays.

Le combat contre ce genre de choses doit se faire globalement, et à la racine (c'est à dire en partant du haut de la hiérarchie, en posant des principes budgétaires et éthiques)

Dans le même ordre d'idée: http://www.lejdd.fr//cmc/societe/200931 ... 34672.html

Après les stages, les américains qui travaillent gratuitement, le directeur financier qui se brade, voici l'étudiant qui paye pour travailler. Décidément, on est mal barré.

Personnellement, je serais employeur je ne trouverais pas la démarche culottée mais plutôt dévalorisante ...

C'est vrai. Quelque part cela démontre qu'on n'est pas aussi bon que cela pour avoir besoin de "payer".

L'exemple même du faux stage...

http://www.village-justice.com/annonces ... ion=search

Bravo LexisNexis !

"139 M€ de CA"... On voit pourquoi... C'est vrai qu'il n'y a pas de petites économies !...

Je suis étonné ! C'est un problème de culture générale peut-être, mais je n'arrive pas à comprendre le lien entre les 139 m€ de CA et la faible rémunération de ce CDD ? Pour moi, le CA serait le même, que le CDD soit payé 400 € ou 400 000 € !!! Mais je suis sans doute trop peu au fait des choses de la finance pour comprendre. Vous pourriez sans doute expliquer ?

L'annonce mentionnait expressément ces "139 M €" (comme argument devant appater le client...).
On peut en déduire que le bénéfice n'est pas nul... On peut le penser en tout cas... On peut aussi penser que c'est une société riche, qui pourrait rémunérer décemment ses salariés...

Mais vous avez raison : que le CA soit de 139, 100 ou même 1 M €, cela n'en resterait pas moins choquant ! (même si je ne suis pas sûr que c'est ce que vous avez voulu dire... )

A vrai dire, le montant du CA n'est pas tout à fait le point essentiel du coup de gueule... Mais c'est bien de vous arrêter sur ce point, on ne parle pas de l'essentiel comme cela... Et puis peut-être votre propos était-il de trouver normal de rémunérer un salarié 400 € par mois ?

lol !

Ne me faites pas dire ce que je n'ai même pas pensé. 400 euros, même pour un stage, ça me semble faible. Cela dit, mes stages, à l'époque, je les ai fait pour rien alors vous voyez que je suis prêt à accepter beaucoup !

Je voulais simplement souligner le manque de culture générale, assez répandu, des personnes qui pensent qu'une entreprise est riche lorsqu'elle a un gros CA, ce qui ne veut rien dire. Ca donne une information sur la taille de l'entreprise, mais ça ne veut pas dire qu'elle n'est pas par ailleurs au bord de la faillite.

Bon, ok, je simplifie énormément, mais je n'ai pas envie de me lancer dans une discussion financière.

Moi non plus, je ne suis pas compétent !...