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Sujet : Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

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Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de oraintokyo   le Jeu 21 Avr 2011 18:49

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A tous les internautes,

Ce post n'est pas une complainte. Je ne viens pas sur ce forum pour susciter de l'empathie; ni me lamenter sur mon statut actuel, celle d'une juriste en recherche active d'emploi B-l ; ni quémander des conseils. Je souhaite seulement partager mon ressenti actuel sur la profession de juriste. Merci de votre compréhension.



Il faut se rendre à l'évidence. Lorsque personne ne peut vous coopter, que vous n'êtes ni avocat, ni diplômé d'une faculté de droit renommée, d'un DJCE/LLM ou avec un MBA en poche d'une grande école de commerce ; et ce, dans la plus grande majorité des cas, vous serez écartés du processus de recrutement. Vous ne serez pas digne de rentrer dans le panthéon juridique. "Le système", me répondrez-vous, sans doute. En bonne petite ex-étudiante, je plussoierai.

Certes, chaque métier a son lot de personnes jugées "inaptes" par le système français. Par « inapte », j’entends ainsi une personne, qui bien que satisfaisant aux critères professionnels en vigueur, a toujours un « petit quelque chose » qui ne correspond pas. C'est le cas d'une de mes amies. Elle a fait une formation pour être agent d'escale et c' est une femme brillante. De surcroit, mon amie maîtrise six langues à un niveau très avancé. Mais, les postes semblent lui échapper sous prétexte qu'elle serait trop "âgée". Ne soyons pas hypocrite et elle le sait elle-même que la seule raison valable pour un éventuel refus est qu'elle ne fait pas un "90-60-90". Oui, mon amie est une femme pulpeuse.

Dans le milieu juridique, je pense que le problème est similaire. En lisant certains postes du Village de la Justice, je me rends compte que les demandes des cyber-juristes sont toujours les mêmes : « Quel est le profil juridique idéal? » De nos jours, un profil gagnant est un Master 2 en droit des affaires/DJCE/Magistère des grandes universités parisiennes+un LLM tamponné Harvard/Columbia/Yale/Oxford+un MBA en école de commerce type HEC, ESC. Il est tout à fait normal que les recruteurs exigent ces compétences dans le cadre de recrutements pour un poste « haut de gamme » ou nécessitant des compétences spécifiques, comme la maitrise du Common Law ou de l’International Tax law, Tort Law,etc…. Je ne remets pas en cause ces faits avérés et établis.

Pour les « juristes ordinaires » sans CAPA, il en va tout autrement. Lorsque vous parcourez les forums, certains utilisateurs vous diront "J'ai envoyé plus de 1000 candidatures pour au final avoir eu deux entretiens" ou bien encore 500, 750....Le lot quotidien des juristes en herbe. Beaucoup de jeunes juristes ont dû songer à une réorientation, abandonnant tout espoir de concrétiser leur rêve juridique. Ou d’autre comme moi, on fait le choix éclairé de s’expatrier. Un ami que j'estime, brillamment diplômé d'Assas en droit comparé et trilingue, envoya près d'une centaine de candidatures, sans retour positif, pour des stages, des CDD, CDI et de l’intérim. Il a préféré partir à l’étranger tenter son aventure professionnelle.

J'ai bien compris que le système français actuel ne voudrait jamais de moi, tant que je ne rentrerais pas dans « le moule ». Dans mon cas, lequel étant assez particulier, ce sont des discussions poussées avec des avocats étrangers et des professeurs d’université qui m’ont fait comprendre que si je voulais faire carrière dans le milieu juridique international, je devrais passer mon CAPA et améliorer, de manière continue, mes capacités linguistiques.

Je comprends parfaitement que pour avoir le bonheur d’exercer ma profession dans le pays de mes rêves, pour le compte de l’avocat qui est ma « muse professionnelle », il me faudra avoir une excellente pratique des affaires et des connaissances juridiques très pointues. Toutefois, avant que je ne tente le CRFPA, il va s’écouler une année. Entre-temps, je suis une « juriste ordinaire ». Mais, selon moi, être simple juriste en droit des affaires et/ou droit privé n'a plus de réel sens en France. Sauf…si peut-être vous détenez un français « instinctif », assorti d’une excellente maitrise de la typographie.

Un des « tics » du juriste est justement de vérifier, avec un acharnement mesuré, les fautes d’orthographe, de grammaire et de tournures d’expression. Mais, cher C******, tout ce travail peut s’améliorer, avec un soupçon de bonne volonté, de la méthode et de la rigueur! Ne devrait-on pas dans ce cas-ci, rendre le passage du certificat Voltaire obligatoire ?

Au final, un diplômé en droit n’aura que deux choix:

1) passer les concours du monde juridique (CRFPA, greffes, huissiers, etc…)
2) les concours de la Fonction publique

Exercer comme un simple juriste, sans formation particulière, relève du parcours du combattant. Je vais essayer de vous expliquer ce qui motive ma vision actuelle du marché de l’emploi, en France.

1. Le problème de l’expérience

Lorsque vous sortez de la faculté, avec votre précieux sésame sous les bras, vous pensez pouvoir faire le métier pour lequel vous vous êtes battu pendant cinq longues années universitaires. Et, bien non! Il vous faut déjà avoir de l'expérience. Alors, vous faîtes des stages "photocopies", "secrétariat" voir "descente de poubelles" pour 500 € (parfois moins) par mois, en espérant que cela puisse vous apprendre des choses intéressantes et démontrer aux futurs recruteurs votre détermination ainsi que votre soif de réussite.

Au final, avec deux ou trois stages, cela ne sera point assez. Mais au-delà de six, cela sera trop.

Beaucoup de futurs recruteurs reprochent un "manque d'expérience" aux aspirants juristes. Certes, comparé à un juriste avec deux à cinq années de pratique professionnelle, nous n’en avons pas. Presque tous les employeurs en réclament. Mais, personne ne veut nous en donner. C'est un cercle vicieux. Il n'y a hélas pas de solution miracle, à part changer les mentalités. Néanmoins, je doute que notre mentalité française puisse changer.

A l’instar de la France, en milieu anglo-saxon, un recruteur pourra vous donner votre chance, expérience ou pas. L’individu sera d’abord privilégié. Ne pas avoir d’expérience ne sera pas vu comme un frein à une potentielle embauche. Il restera, par la suite, au candidat sélectionné de faire ses preuves.

Sur certaines annonces, on demande une expérience à l'étranger, une année de césure en échange universitaire, un stage en cabinet d'avocat à l'étranger...Une expérience à l'international serait toujours soi-disant un "atout" sur votre CV. Et bien, encore une fois, non! Lorsque comme moi, vous aurez passé trois années à l'étranger, on vous reprochera très certainement de ne plus penser en « bon juriste français » et d’être « inapte » à travailler en milieu franco-français. Pourtant, je pensais que les recruteurs privilégiaient une ouverture d’esprit chez les jeunes juristes et une adaptabilité à toutes les situations.

Une expatriation ne démontre-t-elle pas des capacités d’adaptation et de flexibilité ? Le rôle d’un juriste n’est-il pas aussi de savoir communiquer avec tous types de personnes, de la secrétaire ordinaire jusqu’au directeur juridique d’une société internationale, en passant par un avocat ultra-diplômé, made in Harvard ? De savoir rester humble et alerte ?


2. L'intitulé du diplôme


Il vous faudra avoir l'intitulé exact "droit des affaires" sur votre Trésor lorsque vous êtes en quête d'une place de juriste d'affaires. Pas d'intitulé exact vaudra un refus direct de votre candidature.

Mais, ne pas détenir un M2 spécialisé en droit des affaires ne veut pas pour autant dire pas avoir d’expérience dans des matières telles que la comptabilité, la finance ou bien la gestion, le droit fiscal, etc…. N’est-il pas important de connaitre les cultures d’entreprise, de savoir comment fonctionnent les différents agents d’une entreprise afin de pouvoir discuter avec eux ? N’est-ce pas pour ces précédentes raisons que les cabinets d’avocats et les services juridiques des grands groupes demandent une double compétence à leurs juristes? De part mon MBA, j'ai reçu une formation directe en rapport avec le monde des affaires ; je l’ai appliquée et travaillée à l’étranger. Mais, non. Je ne serai jamais "assez bien" pour les recruteurs car je n'ai pas cette mention sur mes Master 2. Comment puis-je expliquer ce raisonnement ? Un recruteur aurait-il peur que je ne détienne pas l’esprit « affairiste » ?

Un juriste doit maitriser l’usage du français, certes. Etre juriste se résume-t-il à cela ? Lorsque l’étudiant vient à l’école de droit, c’est parce qu’il veut apprendre le droit, le désire, le rêve et le souhaite. Le juriste français est conditionné pour penser comme tel. L’Institution qu’est l’Université vous offre le savoir juridique et reconnaitra vos compétences en un domaine donné, en vous délivrant un Master, une Licence...Toutefois, elle vous impose sa « vision des choses » et un juriste franco-français n’aura assimilé que cette vision nationaliste du droit. Il pensera le droit comme « on doit penser le droit ». C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Avoir travaillé et parlé avec des juristes du monde entier m’a fait comprendre que tout juriste doit faire un travail de recherche sur lui-même.

L’altérité d’un droit, ni d’une culture, ni d’une pensée quelconque ne doit être écartée. Bien entendu, en tant que juriste, la rigueur, le sérieux et le sens de l’organisation sont des qualités primordiales.

Mais, n’est-ce pas également « cela penser le droit », cette matière « soluble », en mouvance constante ?

Savoir s’adapter à son évolution ?

Aller au-delà de ce que notre Code Civil, ce « monument d’orgueil national » nous enseigne ?

3. Le juriste et les langues

Le Conseil du Barreau souhaiterait faire passer un test de TOEIC à ses apprenti-avocats aspirant à travailler en milieu international, afin de démontrer leurs habilités à travailler en langue anglaise. Bonne initiative si ce n'est que le TOEIC n'est pas le véritable reflet des réelles capacités, plus précisément du niveau oral des candidats. Il suffit de travailler la grammaire et le vocabulaire pour obtenir un score de 900 sur 990.

Je pense qu’il serait plus profitable de mettre à l’ordre du jour le passage de l’ILEC (International Legal English Certificate) -Voir ainsi : http://www.legalenglishtest.org/. Ne sanctionne-t-il pas le niveau de connaissances en anglais juridique alors que le TOEIC est un examen plus généraliste ? Les Britanniques, les Américains et les Australiens connaissent la valeur réelle de ces deux tests, tout autant que les Asiatiques.

Dans la grande majorité des cas, un juriste franco-français sera une véritable catastrophe en conversation anglophone. Je ne parle évidemment pas des juristes avec un LLM en poche, ni une expérience en faculté anglo-saxonne. Je me dis alors : « Chouette ! Un créneau à prendre ». Si le recruteur exige un anglais parfait, pourquoi ne peut-il pas faire un entretien tout en anglais pour jauger le candidat? J’ai postulé à une offre et l’annonce précisait que les candidats présélectionnés seraient contactés pour avoir un entretien téléphonique avec une personne native d'un pays anglophone. Excellente initiative.

De toute manière, lorsque vous êtes expatrié, votre niveau linguistique est constamment « checké ». Un TOEIC ou tout autre bout de papier ne sert qu’à franchir la première étape, celle des présélections. Pour me démarquer, j'ai appris trois langues assez dissemblables.

Est-ce assez bien, en France ? Non, bien entendu. On m'a dit que j'aurais mieux fait d'apprendre l'allemand et le chinois.

4. Tout cela pour?

"Pourquoi s'acharner à envoyer des CV, sans avoir la moindre chance d'être prise? A apprendre toutes ces langues, faire une auto-veille juridique, réviser régulièrement ses cours, lire des ouvrages juridiques américains, espagnols ou européens? Pourquoi ne suis-je pas assez bien pour les employeurs?" On se pose toutes et tous ces questions.

Lorsque j’entends un conseiller de Pôle Emploi dire "Vous devriez songer à faire une réorientation. Comptabilité, par exemple". Comment le prendre? Que vous n'êtes pas assez intelligent? Pas assez bien? Pas assez "recherché"?

Si, aucun recruteur ne veut nous donner notre chance, comment prouvez notre valeur? Prenons un exemple concret : les grandes revues juridiques comme par exemple la Revue Internationale de Droit comparé ou La Semaine Juridique. Tous les auteurs sont des professionnels du droit, des professeurs d’université, des avocats ou des docteurs es droit. Y verrez-vous les articles d’étudiants en Master 2 ? Non. Seule compte l’expérience. Une fois de plus, je saisis parfaitement que l’expérience est une qualité indéniable.

Toutefois, un bon juriste-écrivain peut être aussi un étudiant en droit ou un juriste ordinaire. Parmi nous se cache peut-être un futur Jean Carbonnier, René Chapus ou Otto Pserfmann.

Nous portons, en nous, « la passion du droit ». Juriste en poste, en recherche d'emploi, avocat, juge ou simple étudiant.
Dernière édition par oraintokyo le Ven 22 Avr 2011 15:19, édité 2 fois.

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de Camille   le Ven 22 Avr 2011 10:39

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  • Profession: Autre métier non lié au droit
Bonjour,
oraintokyo a écrit :Je souhaite seulement partager mon ressenti actuel sur la profession de juriste. Merci de votre compréhension.

Qu'entendre par "partager" dès lors que les commentaires qui ne sont pas "politiquement corrects" ne sont pas les bienvenus ? La compréhension mais à sens unique ?


oraintokyo a écrit :Sauf…si peut-être vous détenez un français « instinctif », assorti d’une excellente maitrise de la typographie.

Un des « tics » du juriste est justement de vérifier, avec un acharnement mesuré, les fautes d’orthographe, de grammaire et de tournures d’expression. Mais, cher C******, tout ce travail peut s’améliorer, avec un soupçon de bonne volonté, de la méthode et de la rigueur! Ne devrait-on pas dans ce cas-ci, rendre le passage du certificat Voltaire obligatoire ?

Une chose est certaine, en ce qui me concerne perso, dans mon domaine à moi qui n'est pas tout à fait le vôtre, dans ma boîte et moi "vivant", on n'embauchera plus jamais un ingénieur, eût-il le CV le plus prestigieux, capable d'émailler un courrier commercial de plus de 25 fautes de français. Pour l'avoir fait, on a failli perdre un de nos plus gros clients, avec des conséquences financières catastrophiques s'il n'avait pas eu autant d'humour et avait pris au pied de la lettre la proposition qui lui avait été envoyée…Ce qu'il aurait eu parfaitement le droit de faire.
Raison pour laquelle c'est le premier point que je vérifie dans une candidature. Mais, ensuite, j'en vérifie d'autres…

oraintokyo a écrit :Un juriste doit maitriser l’usage du français, certes. Etre juriste se résume-t-il à cela ?

Personnellement, je n'ai jamais dit ça. Mais je me pose la question de savoir ce qu'il se passera le jour ou Légifrance publiera des arrêts de cassation bourrés de fautes de français, voire – pourquoi pas – rédigés en SMS, tant qu'on y est… Or, à force de considérer que la maîtrise du français devient négligeable, on finira bien par y arriver. Alors qu'on oublie que, surtout dans votre domaine, tout est en fait basé sur cette bonne maîtrise. Comment peut-on communiquer efficacement/argumenter juridiquement dans un français approximatif en risquant le contresens, l'ambiguïté, la confusion ou l'incompréhension à chaque détour de phrase ?


Et, accessoirement…
oraintokyo a écrit :Lorsque vous sortez de la faculté, avec votre précieux sésame sous les bras, vous pensez pouvoir faire le métier pour lequel vous vous êtes battu pendant cinq longues années universitaires. Et, bien non! Il vous faut déjà avoir de l'expérience. Alors, vous faîtes des stages "photocopies", "secrétariats" voir « descente de poubelles » pour 500 € (parfois moins) par mois, en espérant que cela puisse vous apprendre des choses intéressantes et démontrer aux futurs recruteurs votre détermination ainsi que votre soif de réussite.

Au final, avec deux ou trois stages, cela ne sera point assez. Mais au-delà de six, cela sera trop.

… je crois avoir suffisamment dénoncé, sur ce forum ou sur un autre, cette pratique tout à fait détestable qui devient une règle, d'embaucher quelqu'un déjà muni d'un diplôme sous couvert d'un "stage de formation", ce qui constitue un véritable dévoiement de ce principe.
Toujours à titre perso, dans ma boîte à moi et moi "vivant", on ne proposera jamais un stage "de formation ou de perfectionnement" à un ingénieur diplômé. De deux choses l'une, ou on l'embauche en CDI, ou même à la rigueur en CDD ce qui n'est encore jamais arrivé (mais je n'en exclus pas l'éventualité à l'avenir si le cas devait se présenter), ou on ne l'embauche pas si on n'en a pas les moyens. Pour moi, les stages sont réservés aux étudiants en cours d'études et rien d'autre. A MA connaissance et dans mon domaine à moi, jamais entendu parler "d'ingénieurs diplômés et stagiaires".

Mais peut-être bien que le mal a commencé à ronger aussi mon domaine à mon insu…
:roll:

Pour le reste, la "frilosité" des embaucheur français et les travers qui vont avec ne sont, hélas, pas exclusifs des professions du droit et ce que vous dénoncez se retrouve aussi - re-hélas - dans bien d'autres professions.

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de oraintokyo   le Ven 22 Avr 2011 14:19

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Camille a écrit :Qu'entendre par "partager" dès lors que les commentaires qui ne sont pas "politiquement corrects" ne sont pas les bienvenus ? La compréhension mais à sens unique?


Je n'ai pas dit cela. Au contraire, je suis une personne ouverte à la critique. Tous les commentaires sont les bienvenus, même les "politiquement incorrects".

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de lucio   le Ven 22 Avr 2011 14:44

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Le droit français nationaliste ? Le code civil, monument d'orgueil national ? lol -)

Je suis le premier ici à regretter l'état du marché de l'emploi des juristes. Nous savons tous qu'il est sinistré.

En conséquence, les postes sont rares et chers et les recruteurs ont le choix.

Est ce la faute des recruteurs ? Non ! La responsabilité en incombe aux dirigeants de nos UFR , nos dirigeants de master etc ...qui laissent sortir trop de diplomés chaque année ... diplomes qui n'ont, en dépit de la valeur de certains des étudiants ayant suivis le cursus, qu'une valeur très relative et qui ne sanctionnent pas une réelle compétence juridique. Ces diplomes issus de pochette surprise, nous avons tous connus ... en tant qu'étudiant.

Et bien les recruteurs aussi le savent ... les entreprises aussi le savent ... parce qu'ils ont eu des déconvennues avec des prétendus bac+5 en droit qui n'avaient jamais utilisé legifrance de leur vie. J'en ai connu aussi.

Donc, ceintures et bretelles, ils ne donnent pas la chance aux personnes qui sont potentiellement issues de ce genre de formation. Alors que, oui, il y a des personnes de qualité qui les ont suivi. Ces dernières sont alors victimes de ce système.

La faute aux méchants recruteurs ? Je ne crois pas.

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de oraintokyo   le Ven 22 Avr 2011 15:29

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lucio a écrit :Et bien les recruteurs aussi le savent ... les entreprises aussi le savent ... parce qu'ils ont eu des déconvennues avec des prétendus bac+5 en droit qui n'avaient jamais utilisé legifrance de leur vie. J'en ai connu aussi.


Merci de votre intervention très intéressante, lucio!

Je me permets seulement de rebondir sur un tout petit détail. Sincèrement, j'ai du mal à croire que de nos jours, un étudiant en droit ne sache pas de se servir de Légifrance, de Westlaw et de tous les sites en relation avec le Droit...

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de lucio   le Ven 22 Avr 2011 15:49

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Ah, je parle d'experience pour le coup !

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de picot   le Ven 22 Avr 2011 16:08

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oraintokyo a écrit :
Lorsque personne ne peut vous coopter, que vous n'êtes ni avocat, ni diplômé d'une faculté de droit renommée, d'un DJCE/LLM ou avec un MBA en poche d'une grande école de commerce ; et ce, dans la plus grande majorité des cas, vous serez écartés du processus de recrutement.


En même temps, quoi de plus normal qu'un profil sans aucun de ces critères soit écarté ? Il suffit de faire le recoupement avec le message de lucio :

lucio a écrit :
Les postes sont rares et chers et les recruteurs ont le choix.

Est ce la faute des recruteurs ? Non ! La responsabilité en incombe aux dirigeants de nos UFR , nos dirigeants de master etc ...qui laissent sortir trop de diplomés chaque année ... diplomes qui n'ont, en dépit de la valeur de certains des étudiants ayant suivis le cursus, qu'une valeur très relative et qui ne sanctionnent pas une réelle compétence juridique. Ces diplomes issus de pochette surprise, nous avons tous connus ... en tant qu'étudiant.


Trop d'étudiants en droit, une pléthore de diplômes bidons, une sélection inexistante jusqu'en M1. Faut bien qu'à un moment ou un autre, les difficultés apparaissent. Les recruteurs ne sont pas là pour faire du social, ils savent que les juristes sont nombreux, et la surenchère du diplôme peut commencer.

Avoir le CAPA, ça montre qu'on a un peu plus de compétence qu'un simple M2 Droit de la Lune obtenu dans la fac de Tartanpion (d'ailleurs certains M2 dans des facs dites "renommées" sont bidons aussi ...). Même si on ne veut pas faire juriste, le CAPA semble un atout considérable : cela veut dire que l'étudiant aura trimé pour avoir un examen plus difficile à avoir que le M2 Droit de la lune. La surenchère peut continuer !

Le LLM pour la langue : normal si on veut travailler dans les affaires ou l'international non ? Ya tellement d'étudiants qui rêvent de travailler dans une ONG, de faire avocat en droit international ... peu de places donc peu d'élus ; le LLM est une étape.

Le MBA me semble moins nécessaire, mais bon, on en revient au réseau.

Dans tous les cas, le point essentiel c'est la masse d'étudiants en droit qui pose problème. Le recruteur privilégie le diplôme lorsqu'il recrute ; mais quand ya 200 candidatures pour un même poste faut bien commencer définir des critères éliminatoires avant d'aborder la question des compétences avec ceux qui auront passé ce premier couperet ...

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de Mon ego et moi   le Ven 22 Avr 2011 16:15

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Ah bah oui, suis-je bête, s'il y a du chômage, c'est la faute aux universités. Qui font pas comme les écoles de commerce, elles sélectionnent pas les meilleurs, qu'elles devinent d'un coup d'un seul et sans erreur.
Gérard, remets-moi un jaune steuplaît.
« Certaines plages sous-staffées justifient, à iso-effectifs, l’ajustement du workflow via notamment la mise en place de task forces ».

N°1 au classement SMBG des meilleurs forumistes du Village Justice.

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de picot   le Ven 22 Avr 2011 16:27

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C'est la rareté du diplôme qui fait sa valeur, la rareté du profil qui te permet de décrocher un poste plus facilement. Si tous les étudiants ont un M2 les doigts dans le nez, les recruteurs vont être submergés par les candidatures et donc, ça sature. Trop de juristes, pas assez de boulot ; l'équation me semble simple. Trop ?

Une sélection en licence ça serait sympa, histoire de continuer ses années de Master en ayant un peu plus de certitudes sur l'avenir.

Parce que pour toi, mon ego et moi, ça viendrait d'où les difficultés pour un juriste de trouver un poste ?

   Re: Je suis une juriste lambda. Et alors? Version 2

de lucio   le Ven 22 Avr 2011 16:33

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Mon ego et moi a écrit :Ah bah oui, suis-je bête, s'il y a du chômage, c'est la faute aux universités. Qui font pas comme les écoles de commerce, elles sélectionnent pas les meilleurs, qu'elles devinent d'un coup d'un seul et sans erreur.
Gérard, remets-moi un jaune steuplaît.


Mais ouais, Marcel, tu as raison en fait. Faut pas sélectionner les étudiants, c'est inhumain, mets toi à la place de celui qui en fait les frais ! Je pense qu'il faut une loi DALO pour les universités : tout étudiant qui entre en première année dispose d'un droit inaliénable et sacré à obtenir un bac +5.

Après, si la sélection se fait de manière brutale sur le marché du travail, c'est pas grave. Ce ne fait jamais que 5 années de perdues. Dans une vie, c'est quoi 5 années, hein ? C'est rien !

 
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