Sélection Liberalis du week-end : exposition Andrea Appiani au Château de Bois-Préau.

Sélection Liberalis du week-end : exposition Andrea Appiani au Château de Bois-Préau.

Par la Rédaction de Liberalis

1re Parution: 5  /5

Il était temps que la France rende à Andrea Appiani l’hommage qu’il mérite. Pour la première fois depuis des décennies, une vaste rétrospective est consacrée à ce maître du néoclassicisme italien. Le GrandPalaisRmn, le musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), en partenariat avec le Palazzo Reale de Milan, orchestrent cette exposition d’envergure, dévoilant près d’une centaine d’œuvres de l’un des plus grands artistes lombards du tournant des XVIIIe et XIXe siècles.

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(Château / Exposition) : Château de Bois-Préau : « Andrea Appiani, premier peintre de Napoléon en Italie ».

Né à Milan en 1754, Andrea Appiani fut à la fois portraitiste de génie, fresquiste inspiré et témoin subtil de son époque. Influencé par les canons idéalisés de la Renaissance, la majesté du XVIIe siècle et la rigueur de l’Antiquité gréco-romaine, il développe un style d’une grande élégance, où la grâce n’exclut ni la précision anatomique, ni l’émotion contenue. Son talent, célébré de son vivant, lui vaudra le surnom de « peintre des grâces » et une place privilégiée dans les salons milanais, mais aussi à la cour napoléonienne.

Andrea Appiani, Le général Bonaparte et le génie de la victoire enregistrant ses exploits à la bataille du pont de Lodi © Collection particulière – photo JLRF

L’exposition s’articule en cinq temps, retraçant avec finesse les grandes étapes de la carrière d’Appiani. De ses débuts prometteurs dans une Italie encore marquée par les derniers fastes baroques à sa rencontre déterminante avec Napoléon Bonaparte, chaque section dévoile une facette de l’artiste : le jeune Appiani en quête de modernité, l’Appiani de la République cisalpine, l’observateur de la société milanaise, le décorateur d’églises et de palais, et enfin, l’héritage qu’il a légué à la postérité.

C’est en effet au service du pouvoir napoléonien qu’Appiani déploie toute l’ampleur de son art. En 1802, il devient Premier peintre du roi d’Italie, portraiturant un Bonaparte conquérant, grave, quasi romain dans son port. Ces toiles, conçues comme des instruments de légitimation du pouvoir, s’inscrivent dans une stratégie visuelle assumée, participant à forger le mythe impérial. Pourtant, derrière la pompe, transparaît toujours un regard sensible, une attention au détail, à l’expression, au vivant.

Nombre de ses fresques, qui ornaient autrefois les plus beaux hôtels particuliers de Milan, ont disparu sous les bombes de 1943. C’est dire combien cette exposition, nourrie de prêts prestigieux venus du musée de Brera, du musée Napoléonien de Rome, ou encore de collections privées rarement montrées, a valeur de redécouverte. On y admire des études délicates, des portraits ciselés, des esquisses préparatoires au fusain et à la sanguine d’une modernité saisissante, des gravures où le style d’Appiani se fait presque graphique.

Andrea Appiani, Portrait de Francesca Ghirardi Lecchi 1803 © Fondazione Trivulzio, Milan– photo JLRF

À Rueil-Malmaison, c’est un lieu empreint de mémoire qui accueille l’événement. Le château de Bois-Préau, délicat pavillon du XVIIIe siècle, fut acquis en 1810 par l’impératrice Joséphine, voisine et fidèle mécène du château de Malmaison. Mais l’histoire du domaine recèle une anecdote dramatique : Anne-Marie Julien, alors propriétaire, refusa longtemps de céder sa demeure à Bonaparte malgré ses offres généreuses. Il fallut que le destin s’en mêle : elle fut retrouvée noyée dans la pièce d’eau du parc en 1808. Joséphine acquiert alors la propriété, y trouvant un havre de paix où elle aimait s’isoler dans ses dernières années.

Le château et son parc romantique de 17 hectares, aujourd’hui classés, offrent un cadre somptueux à la visite. L’architecture sobre du lieu dialogue à merveille avec les œuvres lumineuses d’Appiani, dans une mise en scène sobre et raffinée, propice à la contemplation.

Cette exposition, orchestrée avec la rigueur scientifique et la sensibilité esthétique qu’on connaît à Grand Palais Réunion des Musées Nationaux, est bien plus qu’un simple hommage : c’est une réhabilitation, un appel à reconsidérer la place d’Appiani dans l’histoire de l’art européen. Un moment rare, à la croisée de l’art, de l’histoire et du pouvoir.

Et pour prolonger l’expérience, rien de tel qu’une flânerie jusqu’au château de Malmaison voisin, demeure de cœur de Joséphine, riche d’une collection impériale unique et d’un charme hors du temps.

Andrea Appiani, Portrait de Napoléon en roi d’Italie 1805 © Vienne, Kunsthistorisches museum – photo JLRF

« Appiani (1754-1817) : Le Peintre de Napoléon en Italie » jusqu’au 28 juillet 2025.
Château de Bois-Préau 1 B, avenue de l’Impératrice Joséphine, 92500 Rueil-Malmaison
Informations : https://musees-nationaux-malmaison....

Photo en logo : Château de Bois-Préau Rueil Malmaison © Rueil-Malmaison

Par la Rédaction de Liberalis

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