Notre petit sondage.
Nous avons demandé à notre communauté qui nous suit sur les réseaux sociaux ce qu’elle en pensait...
A la question : « Avocats : avez-vous récemment réaménagé votre espace de travail pour rendre vos bureaux + collaboratifs ? Êtes-vous en route vers l’open space ? »
Voici les résultats du sondage (pour 50 réponses) :
Oui, nous décloisonnons un peu : 16%
Oui, totalement en open space : 16%
Non, mais c’est en réflexion : 10%
Non, et ce n’est pas prévu ! 58%
Une majorité donc semble vouloir rester dans le modèle "classique", mais l’envie de décloisonner n’est pas à la marge !
Que dit la déontologie des avocats ?
Le RIN ne s’oppose pas en tant que tel à des espaces professionnels ouverts ou partagés.
Le sujet est traité à l’article 15 du RIN, notamment 15.1 : "L’avocat doit exercer son activité professionnelle dans des conditions matérielles conformes aux usages et dans le respect des principes essentiels de la profession.(...)."
L’article 15.2 prévoit la possibilité de la domiciliation : "Le conseil de l’Ordre peut autoriser à titre temporaire, et pour la durée qu’il fixe, l’avocat à se domicilier soit au sein de locaux affectés par l’Ordre, soit dans les locaux du cabinet d’un autre avocat dans le ressort du même barreau."
Une possibilité exploitée par les avocats, selon Marine Léonard, Avocat et membre du Conseil de l’ordre des avocats du barreau de Bordeaux, en charge (avec d’autres confrères) de la visite des locaux des avocats et de leur conformité à la déontologie.
« Nous constatons une explosion des domiciliations chez un autre avocat ou à l’ordre, car beaucoup télétravaillent, et sont domiciliés à titre personnel en dehors du barreau, d’où la domiciliation professionnelle chez un autre avocat ou à l’ordre. Attention, il s’agit là cependant d’une solution provisoire.
S’agissant des locaux professionnels en tant que tels, quand nous faisons une visite, c’est surtout sur le respect du secret professionnel que nous portons notre attention. L’open space ou encore le co-working sont autorisés mais sous réserve notamment que l’espace soit fermé à clef, et qu’une salle de réunion existe dans un espace clos. »
D’après l’observatoire des avocats du CNB et son enquête sur les espaces et modes de travail menée en 2023 sur un échantillon de 4 180 avocats [1] :
60% disposent d’un local professionnel dédié et exclusivement réservé à leur cabinet ;
8% d’avocats travaillent en open space ;
34% exercent dans un local partagé avec dʼautres professionnels avocats ou non.
- Infographie extraite du rapport sur l’enquête sur les espaces de travail de l’Observatoire national
de la profession d’avocat de juin 2023.
- Infographie extraite du rapport sur l’enquête sur les espaces de travail de l’Observatoire national
de la profession d’avocat de juin 2023.
Le point de vue de Stéphanie Roche, ancienne avocat et désormais fondatrice d’une agence de design pour avocats.
« L’open space pour les avocats soulèvent des questions de concentration, d’intimité (être dans son coin, échapper au regard, à la pression), et pose le problème de la clientèle personnelle. C’est aussi quelque part une question de "prestige" lié au statut d’avoir un bureau fermé...
Cela soulève également des questions pratiques également : beaucoup d’avocats sont dans des appartements. Cela signifie que les pièces souvent ne sont pas grandes, donc il faudrait abattre des cloisons, ou déménager : c’est un frein de plus.
L’open space est connoté "tech, start up" : c’est une histoire de culture et d’acculturation. Pour les clients, cela peut interpeller, avoir l’air "ouvert aux quatre vents", donc moins sérieux et sécurisant, car ne respectant pas la confidentialité des échanges.
Mais en réalité, selon moi, l’open space n’est pas le curseur (Il ne faut pas oublier qu’à l’origine l’open space a pour but l’optimisation d’un espace, c’est surtout ça la réalité !. Le vrai besoin actuel, c’est la modularité, notamment parce que le télétravail a entraîné des espaces vacants par moment... et qu’il faut sans doute plus d’espaces collectifs de travail...
Bref, il ne faut pas vouloir l’open space à tout prix, il ne faut pas priver les collaborateurs d’un espace où ils peuvent s’isoler.
Il faut également s’adapter à différentes phases de concentration (recherches, rédaction, brain storming etc.) de la journée, et permettre si besoin un travail transverse entre différents pôles. » [2]
Retours d’expériences.
Des avocats qui ont passé le pas nous ont donné leur avis.
C’est le cas de Karine De Luca, Avocate au Barreau du Jura, qui est passée en open space total :
« Le point positif : le bien-être, un espace qui correspond à notre image avec une décoration apaisante. Je me sens bien dans mon nouveau bureau et mes assistantes également. Nous avons un espace ouvert très agréable pour l’équipe et le visuel. Le point négatif, c’est le bruit et le téléphone. C’est donc le point de vigilance à avoir : le bruit. »
Autre exemple, parisien celui-là, du cabinet Constellation :
« Notre open space spacieux, avec sa hauteur sous plafond généreuse et sa verrière industrielle en rotonde, crée un décor industriel et design qui nous vaut, des compliments de la plupart de nos visiteurs. Le pylône métallique est d’ailleurs devenu un fil rouge-marque de fabrique, présent sur la plupart des photos portraits de nos équipes.
Le télétravail,qui s’est évidemment développé et répandu avec le confinement, a renforcé l’attrait, pour les collaborateurs, de vivre une expérience au travail sympathique, qui favorise les interactions et les échanges avec d’autres personnes.
Nous avons toujours mis en avant la qualité de l’environnement de travail et la flexibilité, ce qui a été reconnu comme un atout précieux. Nous sommes plutôt fiers de notre position de pionniers dans ce domaine et nous continuons d’offrir à nos collaborateurs et partenaires un cadre de travail dans l’air du temps, alliant confort, technologie et convivialité. » (Retrouvez l’intégralité de leur témoignage ici : Visite guidée : dans les locaux du cabinet Constellation Avocats.)