Un besoin de continuité et de proximité
C’est ici qu’émerge le modèle du juriste externalisé, ou juriste à temps partagé. Ni consultant au sens classique, ni salarié détaché, ce profil opère à l’interface entre l’entreprise et ses conseils extérieurs. Il s’intègre aux équipes opérationnelles, comprend les enjeux business, sécurise les projets et fluidifie la prise de décision.
La formule repose sur quelques principes simples :
- une intervention récurrente, sur site ou à distance ;
- une montée en charge ajustable dans le temps ;
- une capacité à gérer tant l’opérationnel que le stratégique ;
- une approche budgétaire transparente, souvent fondée sur des forfaits en jours ou demi-journées.
Un modèle hybride, mais structurant
Le juriste à temps partagé peut intervenir à différents niveaux de séniorité :
- Legal Officer, en support des équipes sur les contrats, la conformité ou le suivi des litiges ;
- Legal Manager, comme point de contact central sur les sujets juridiques courants ;
- Chief Legal Officer externalisé, en interaction directe avec les dirigeants et les autres fonctions clés (finance, RH, produit…).
Cette graduation permet d’adapter précisément le niveau d’intervention au contexte de l’entreprise. Certaines structures démarrent avec un besoin ponctuel sur la contractualisation, puis élargissent la mission au fur et à mesure que les enjeux grandissent.
Des bénéfices concrets, au-delà du coût
L’intérêt du modèle ne réside pas seulement dans la maîtrise budgétaire – même si c’est un élément important. Il tient surtout à la création de valeur dans la durée :
- une meilleure coordination entre les équipes internes et les conseils externes,
- un accès à une culture juridique structurante dès les premières phases de croissance,
- un gain de temps pour les dirigeants et managers, qui délèguent avec confiance,
- une posture d’accélérateur plutôt que de régulateur.
En pratique, le juriste ou l’avocat à temps partagé participe à la sécurisation des décisions, anticipe les risques, installe une culture du droit au service du projet — et non comme un frein à l’innovation.
Et la profession dans tout ça ?
S’agissant de prestations juridiques rémunérées, l’activité de juristes ou avocats à temps partagé ne peut s’exercer que sous l’égide d’un cabinet d’avocat qui garantira à son client :
- le respect de sa déontologie ;
- la qualité de ses productions ;
- la mise en œuvre de sa responsabilité civile professionnelle en cas de pépin.
Conclusion : une solution souple, mais pas au rabais
Le juriste à temps partagé ne remplace ni le cabinet d’avocats spécialisé, ni une direction juridique bien installée. Il vient occuper l’espace souvent délaissé entre les deux : celui de l’entreprise qui n’a pas encore la capacité de structurer une fonction juridique complète, mais qui refuse de naviguer à vue.
Ce modèle s’inscrit pleinement dans les dynamiques actuelles du droit : externalisation, spécialisation, transversalité. Il s’adresse aux entreprises qui cherchent à faire du juridique un levier, pas une contrainte. Et il impose, au passage, de repenser les manières d’exercer notre métier.