Forum : Emploi et carrière

Sujet : Avocat, une profession sous-payée?

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de erlkonig   le Mer 31 Mar 2010 9:43

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je pense qu'il ne faut pas généraliser, le problème est qu'il y a une concentration des avocats dans certains matières et dans certains lieux, je prends pour exemple un barreau où je fais un stage,
c'est un petit barreau où beaucoup d'avocats sont en difficulté (ils ne font que la triptyque famille, commercial, civil) sauf le cabinet où je fais un stage, l'avocat étant spécialisé en droit agricole, droit de l'environnement et surtout en procédures collectives agricoles (c'est fou comment cela marche ces temps ci ),

or il y a 800 agriculteurs sur un rayon de 200 km, il est débordé, de plus je peux vous dire que l'acte d'avocat l'arrange bien elle va pouvoir développe son activité de conseil notamment en multipliant la signature de baux ruraux au détriment du notaire.
Il m'a meme proposé de venir travailler dans son cabinet des que j'ai obtenu le CAPA (je fais un M2 droit agricole et de l'environnement).

A l'heure d'aujourd'hui les avocats sont en difficulté, des évolutions en terme de localisation et compétence sont nécessaires.
"Il ne faut pas se prendre au sérieux mais il faut travailler sérieusement".

   

de Ark   le Mer 31 Mar 2010 13:05

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Le Roi Elfe a 1000 fois raison.

Il faut rajouter à la liste des problemes la mauvaise répartition des avocats par domaines/barreau.

Trop de monde en général (probleme de l'absence de numerus closus évoqué par Doud), trop de monde en particulier dans certains barreaux et dans des domaines de compétences voués à s'éteindre.

   avocats sous payés

de   le Mer 31 Mar 2010 17:49

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J'ai lu avec attention vos discussions sur le thème des revenus des avocats. En tant qu'avocat, voici mon point de vue:
Une minorité d'avocats a des revenus confortables, la grande majorité a des revenus plus que moyens voire médiocres. Il n'est pas rare qu'avec plusieurs années, un avocat perçoive net à peine 2000 euros!! (en travaillant de 8 heures à 20 heures, voire le week-end!) Même si vos revenus croissent, les charges quant à elles augmentent de manière exponantielle et en tout cas plus que les revenus. Je suis totalement d'accord avec le chiffre de 40% de charges qu'un avocat collaborateur doit s'acquitter!!

   rémunération

de francois140   le Mer 31 Mar 2010 21:44

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Bonsoir,

Je ne comprends pas ces salaires si bas. Pourtant j'ai fait des stages dans des cabinets d'affaires ( lyon, Caen, Rennes), les avocats n'avaient pas l'air malheureux, y compris les collaborateurs. J'avais l'impression qu'il gagnait entre 2500 et 4000 euros puis au bout de 5 ans dans les 6000/8000 et les associés beaucoup plus. Après ce n'est qu'une impression......


Je suis un peu démoralisé moi qui suis spécialisé en fiscal, la matière n'étant déjà pas facile je pensais qu'on pouvait espérer de bon salaires meme hors de paris.....

Ou j'ai mal compris vos commentaires....

   Re: avocats sous payés

de phoenix   le Mer 31 Mar 2010 22:27

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jé a écrit :J'ai lu avec attention vos discussions sur le thème des revenus des avocats. En tant qu'avocat, voici mon point de vue:
Une minorité d'avocats a des revenus confortables, la grande majorité a des revenus plus que moyens voire médiocres. Il n'est pas rare qu'avec plusieurs années, un avocat perçoive net à peine 2000 euros!! (en travaillant de 8 heures à 20 heures, voire le week-end!) Même si vos revenus croissent, les charges quant à elles augmentent de manière exponantielle et en tout cas plus que les revenus. Je suis totalement d'accord avec le chiffre de 40% de charges qu'un avocat collaborateur doit s'acquitter!!


C'est malheuresement ce que l'on découvre assez tardivement, mais comme l'espoir fait vivre, on reste persuadé que cela "ne nous arrivera pas, car on est spécial".
Or c'est la triste réalité, faire 45 à 60 heures par semaine pour parfois moins de 1000€ :shock:, c'est difficile à avaler. On ne peut imputer cette situation au fait que l'on débute ou qu'il faut développer sa propre clientèle car:
- dans pratiquement toutes les autres professions, on ne rémunaire pas les novices avec des salaires aussi ridicules,
- et croire que l'on peut developper sa propre clientèle est totalement utopique (surtout dans les domaines les plus rémunérateurs comme les FUSAC par exemple) car les grosses structures on la main mise sur ces marchés. Il ne restera que la clentèle classique de l'aide juridictionnelle (c'est à dire très peu rémunératrice).

Un ami avocat m'a fait remarqué qu'il était finalement moins bien payé que sa secrétaire, et vous savez quoi, ben il a raison. Son assistante est salarié, mon ami est collaborateur libéral, (le statut salarié est le plus digne selon moi car le plus protecteur pour les jeunes avocats mais aussi le plus problématique pour les associés d'ou la faible proportion du statut salarié en France ), elle fait 35 heures et gagne entre 1200 et 1300 €. Le rêve quoi...

Le statut de collaborateur est une véritable escroquerie (une analyse partagée par tous les avocats que j'ai rencontré), c'est sur ce point que les choses doivent changer.


Etre avocat c'est bien, en vivre c'est mieux.

Pour se faire une idée, j'invite les jeunes avocats à donner (de manière anonyme s'ils le souhaitent) leur salaire et le nombre d'heures effectuées par semaine.

   

de marianigonzalez   le Sam 03 Avr 2010 16:49

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Bonjour,

pour donner une idée de la profession je peux apporter mon témoignage.

je suis collaborateur libéral à Paris depuis 3, 5 ans, bientôt 4 ans.

Déduction faite des charges sociales obligatoires, je finis le mois, en moyenne avec 2100 ou 2200 euros.

Je fais des permanences en mairie (en ce moment rétribuées 150 € par séance de 3 heures, pour une désignation tous les mois et demi), et je suis inscrit à l'Aide Juridictionnelle dans une discipline où je reçois régulièrement des désignations : le droit des étrangers.

Quand je traite un dossier d'Aide juridictionnelle, la quasi totalité des clients ont une Aide Juridictionnelle totale, donc je n'ai pas le droit de demander des honoraires. A la fin de la mission (c'est à dire plusieurs mois plus tard : 6 mois, voire plus en fonction de l'évolution de la procédure), je reçois, pour une Aide Juridictionnelle totale environ 455 € (pour contester un refus de séjour) ou 144 € pour contester une reconduite à la frontière (je parle de dossiers pour lesquels les clients ont une Aide Juridictionnelle à 100 %, c'est-à dire que dans ce cas, l'avocat ne peut demander des honoraires.

Et pour ce prix là, je m'efforce de faire un travail correct, et même de produire des mémoires en réponse, par conscience professionnelle (alors que je ne suis pas payé au nombre de pages !)

Si j'ai la chance de gagner mon procès (pas évident), je demande un article 37, c'est à dire une indemnité supérieur au montant que doit me verser l'Aide Juridictionnelle, mais qui me sera payée directement par la partie adverse à condition que je renonce à percevoir l'indemnité de l'AJ) : par exemple, récemment, le Tribunal Administratif de PARIS m'a accordé 800 € d''article 37 pour un procès gagné, c'est à dire deux fois plus que l'indemnité AJ : c'est bon à prendre !

Si mes étrangers sont contents de moi, ils m'amènent d'autres personnes (pour l'instant, je n'ai que très peu bénéficier de cette façon de récupérer des dossiers persos), ou alors, ils me parlent d'un autre problème : et si ça touche à un domaine où je m'y connais un peu, j'accepte de rempiler pour un nouveau dossier d'Aide Juridictionnelle pour traiter d'un autre problème (je n'ai que peu bénéficier de cette façon de récupérer de nouveaux dossiers, car j'ai refusé à plusieurs reprises de m'occuper de certains problèmes qu'on me proposait, car je pense que l'avocat a un devoir de compétence, et aussi parce..... il faut penser à soigner les dossiers que l'on gère en tant que collaborateur et penser à ne pas crouler sous une trop grosse masse de travail !)

Je précise que les tarifs dont je fais état sont ceux de Paris, a priori les plus élevés.

Ma charge de travail ? facilement de 8 h 30 à 19 h 30 ou plus tard si nécessaire.... je n'aime pas travailler trop tard le soir (la fatigue de la journée s'accumule....). Parfois, si nécessaire, je reviens au cabinet le WE (on n'y travaille bien, car pas dérangé par le téléphone et les bruits ambiants des collègues...)

J'ai le souhait, comme beaucoup de confrères ayant autant d'expériences que moi je pense, de créer un jour ma structure et de devenir indépendant... cela étant rien n'est facile, et c'est vrai qu'à PARIS c'est plus difficile qu'ailleurs.

Pour avoir travailler dans le 94, je sais que les rétrocessions y sont beaucoup plus basses qu'à PARIS, mais là bas, un avocat est collaborateur pendant deux ans et créateur de son propre cabinet au bout de trois ans s'il sait s'y prendre (plus d'opportunités de saisir des dossiers et de développer plus facilement sa clientèle perso).

Et à mon avis, les barreaux périphériques ne sont pas les moins intéresseants : j'ai l'impression qu'il n'y a que des cabinets généralistes où on peut traiter de toutes les matières, et aller au feu (en adience, en maison d'arrêt visiter les clients, en expertise, en délacements divers....)

Je crois que les collaborateurs en périphérie ont plus l'opportunité qu'à PARIS d'apprendre le vrai métier et de développer plus vite sa clientèle perso, donc de s'installer plus tôt.

A Paris, même si on est pas esclave collaborateur dans un cabinet de conseil, c'est beaucoup plus dur (car Paris est plus anonyme, et il y a davantage d'avocats : en nombre, PARIS, c'est la moitié des avocats de France, donc pour les jeunes qui débutent, c'est pas évident).

Voilà, c'est très dur comme boulot : voilà ce que je dis à ceux qui envisagent la profession : nous sommes une jungle, et il faut se battre pour tout simplement faire son trou.

... et à PARIS, il y a une quantité appréciable de jeunes confrères qui abandonnent la profession au bout de deux ans, car trop dégoûtés...

Maintenant, il est vrai qu'il y a plusieurs facteurs qui vont changer la donne

- votre patron vous laissera t-il développer votre clientèle perso, ou sera-t-il un tyran (espèce assez présente à PARIS)
- Etes vous à PARIS ou en banlieue (les rétrocessions et les charges sociales sont plus élevées à PARIS)
- la localisation géographique et le domaine d'activité sont également importants (il est tout à fait exact, comme je l'ai lu plus haut, que certains barreaux sont en rade d'avocats, ce qui n'est pas satisfaisant )

Et puis je pense que certains domaines nouveaux sont en train d'apparaître et il n'appartient qu'aux avocats de s'y engoufrer et de tenter leur chances, car qui ne tente rien n'a rien (ex : le message un peu plus haut où il est question d'un confrère en droit agricole qui exerce dans un endroit où il est seul compétent dans un rayon de 200 km)

Alors évidemment, tout ceci, c'est également des choix de vie et il importe à chacun de voir ce qu'il veut faire.

Les solutions pour améliorer la profession ? je pense qu'à l'échelon individuel, il ne faut pas hésiter à prendre des initiatives et à se créer un réseau, car je pense que ce n'est que comme ça qu'on peut arriver à bien s'en sortir (les avocats sont assez forts pour ça je pense, il y a beaucoup d'associations...)

Au niveau global, il est certain qu'il y a mauvaise répartition géographique et mauvaise répartition de compétence (par exemple, j'ai lu 3,3 % de confrères qui font du droit public) : mais je ne sais pas comment inciter les confrères à se plonger dans une matière qui ne les intéresse pas a priori ou comment les inciter à déménager dans un coin de la France où ils ne connaissent personne ?

J'imagine que c'est une question de politique globale, et les instances représentatives peuvent agir en ce sens, mais à mon avis, c'est un travail sur plusieurs années... sauf pour ce qui est question d'investir de nouveaux champs de compétence : alors là, la profession est en ce moment beaucoup en train de bouger, et je pense qu'il ya des opportunités à prendre : il appartient à chacun de regarder ce qui se passe et de rester à l'affut)

le numérus clausus ? oui..... je ne sais pas si ce serait la solution idéale.... on est quand même en France environ 42.000 avocats pour 64 millions de français recensés et je ne compte pas les innombrables entreprises, associations, collectivités territoriales qui sont de potentiels consommateurs de droit : le marché du droit me paraît énorme.... et je pense avant tout qu'il y a mauvaise répartition des compétences et des localisations géographiques.

voilà ce que j'ai à dire : je suis éventuellement disponible sur message privé pour plus de précisions si vous souhaitez....

bon courage à tous,
c'est parce qu'on se demande à quoi ça sert qu'on en vient à se dire que ça a été fait pour quelquechose

   

de marianigonzalez   le Sam 03 Avr 2010 16:56

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toutes mes excuses pour la longueur de mon poste, mais ça fait tellement longtemps que je ne suis pas revenu par ici...

:?
c'est parce qu'on se demande à quoi ça sert qu'on en vient à se dire que ça a été fait pour quelquechose

   

de phoenix   le Sam 03 Avr 2010 18:36

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Merci pour ton témoignage. C'est ce que nous recherchons, des cas concrets sans idéologie ou démagogie. On s'apercoit que c'est vraiment très difficile comme profession.

   

de Ark   le Sam 03 Avr 2010 18:54

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Quand je traite un dossier d'Aide juridictionnelle, la quasi totalité des clients ont une Aide Juridictionnelle totale, donc je n'ai pas le droit de demander des honoraires. A la fin de la mission (c'est à dire plusieurs mois plus tard : 6 mois, voire plus en fonction de l'évolution de la procédure), je reçois, pour une Aide Juridictionnelle totale environ 455 € (pour contester un refus de séjour) ou 144 € pour contester une reconduite à la frontière (je parle de dossiers pour lesquels les clients ont une Aide Juridictionnelle à 100 %, c'est-à dire que dans ce cas, l'avocat ne peut demander des honoraires.


Petite nuance quand meme concernant l'aide rachitique de l'AJ dans le cadre (pour exemple) du droit des étrangers, et pour des procédures qu'on peut etre amené à faire à la pelle et pour lesquelles il revient sans cesse le meme probleme de droit.
Je n'ai jamais fait de droit des étrangers, donc je ne m'avancerai guère plus sur la question, mais de ce que je voyais au crfpa et de ce que l'on nous a expliqué, on reste toujours dans des sentiers assez balisés et banalisés (question procédure), si bien qu'un intervenant nous expliquait qu'en général, montre-en-main, un dossier pouvait s'expédier en une heure (par exemple). Dans ces cas là, le ratio temps/honoraire peut etre intéressant, même à l'AJ.

   

de ben75   le Sam 03 Avr 2010 19:44

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marianigonzalez a écrit :toutes mes excuses pour la longueur de mon poste, mais ça fait tellement longtemps que je ne suis pas revenu par ici...

:?


merci pour votre témoignage!!
en espérant qu'il y en ai d'autres de collaborateurs travaillant en droit civil, des affaires, propriété intellectuelle... à Paris ou ailleurs.

merci encore marianigonzalez!
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