de
Cloe
le Ven 20 Fév 2015 7:44
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Profession: Juriste
Bonjour,
D'un point de vue théorique, vue votre jeune expérience, changer de voie ne devrait pas être trop difficile. Vous êtes jeune, avez pris le poste qu'on vous offrait, rien de plus normal. Si en plus cela vous plait, restez y. Il y a toujours des choses à apprendre, surtout quand on débute.
De plus, vous avez une spécialité que les deux secteurs utilisent, pas pour les mêmes motifs, mais ils en ont tous les deux besoin. Si vous rencontrez dans votre poste actuel d'autres juristes du privé dans le cadre de négociations ou autres, que vos compétences et votre personnalité leur conviennent, vous pourrez même être sollicitée pour passer dans le privé (en PI, je l'ai vu).
Outre les préjugés qui ont la vie dure (à tort ou à raison), c'est à VOUS de construire votre projet professionnel. Il me semble évident que :
- quand on débute, on accepte son 1er poste en CDI, la conjoncture est suffisamment difficile pour ne pas faire la fine bouche ;
- si vous envisagez de bouger, restez ouverte aux opportunités et maintenez vos compétences au niveau pour ce faire : il est plus facile de changer de secteur en restant dans sa branche que de changer de secteur et de branche (exemple : passer des contrats publics aux contrats privés - c'est un exemple excessif mais parlant) ;
- ne vous dévalorisez jamais : malgré les préjugés, le public est formateur à bien des égards et surtout, ce qui compte, c'est vous, votre profil, vos acquis, pas votre employeur.
Cependant, il est vrai que les préjugés ont la vie dure :
- le public est "très administratif" (au sens procédure ou au sens droit public ? Je n'ai pas eu la réponse, je l'ai compris au sens lourdeur administrative...). J'y ai eu droit en entretien après 1,5 ans dans un EPIC national, tête d'un groupe industriel... En réalité, c'est un motif peu aimable mais aisé pour écarter la candidature parce que vous ne correspondez pas à ce qu'ils recherchent (c'est ça le vrai motif) ;
- le secteur public est peu efficace, lent : comme dans toute structure d'une certaine taille où les opérationnels cherchent à s'épargner une saisine supplémentaire !! Ce n'est pas propre au public mais à l'efficacité managériale et de gestion. Le juriste en public le subit plus qu'autre chose ;
- le juriste ne développe pas les même compétences dans le public que dans le privé : tout dépend de la spécialité. Un juriste droit administratif ou marché public ne devrait pas intéresser une société du CAC40, sauf si cette dernière veut postuler à des appels d'offres publics et a besoin de comprendre comment bien maîtriser le code des marchés publics... Bref, tout peut arriver, c'est ensuite question d'opportunité.
Mon retour d'expérience :
- juriste droit des affaires, spécialisée droit des activités spatiales et télécom (attrait pour la R&D), recrutée par une EPIC national sur un poste "fourre-tout" et généraliste (contrat de financement de projets R&D européens, accords de consortium européens, suivi des participations non commerciales, hors aspects financiers), 1er poste, EPIC de recherche, j'étais ravie après un an en CDI gestionnaire de sinistres ;
- problèmes de management (N+1 & N+2 ne s'aiment pas, je le subis), je cherche à partir moins de 2 ans après, à m'enfuir. Echec malgré quelques entretiens. Les raisons sont diverses mais tiennent à moi (j'ai fait des erreurs lors de ces entretiens mais il faut bien en faire), une fois le coup de "vous évoluez dans un milieu très administratif" m'a été opposé, ce n'était pas un test mais un refus, mon "qui peut le plus peut le moins" n'a pas reçu d'écho ;
- je prends mon mal en patience, développe mon poste grâce à diverses évolutions législatives et, miracle !, changement de management, je m'épanouis et reste au total 9 ans ! J'ai fait mon trou, mon poste prend de l'ampleur et "ma clientèle" ;
- 2013, je prends un poste de responsable juridique dans une "filiale" (ce n'est pas une société commerciale) dont je suis l'unique juriste. Après la direction juridique centrale, cela me change, beaucoup plus opérationnel, j'ai encore du mal à laisser de côté ma tendance "gardien du temple de la loi" mais ça me plait.
Mon vécu :
- il n'était pas question de refuser ce 1er poste, c'est déjà assez difficile de trouver ;
- on peut bouger mais il faut réussir les entretiens et savoir recentrer le débat sur son profil, son expérience et leur adéquation avec le poste convoité et, selon sa spécialité, c'est plus ou moins facile
- oui, il y a encore des préjugés, mais "c'est la vie" ! IDem pour les femmes, les couleurs de peau... ;
- ne jamais se dévaloriser, même si vous avez des doutes (j'en ai en permanence). La perfection n'existe pas. Les entreprises cherchent un profil qui allie harmonieusement compétences nécessaires et bon relationnel, pas le Dalloz ou le ténor du barreau.