Profils des répondants.
Il est intéressant de préciser, avant de vous présenter les résultats de l’enquête, le profil-type des répondants :
à 85%, ce sont des personnes expérimentées qui nous ont répondu (72% avec + de 10 ans d’expérience, 13% avec 5 à 10 ans d’expérience) ;
Elles / ils travaillent essentiellement dans des « petites structures » (de 1 à 3 avocats pour 42%, de 4 à 10 avocats pour 41%).
Les résultats de l’enquête en infographie...
Et les commentaires tout aussi instructifs !
Soulignons d’abord le positif...
Le voici résumé dans ce commentaire qui donne les clefs d’un.e assistant.e épanoui.e : « En trois mots : respect, confiance et communication. Ces trois mots décrivent ma relation au travail avec mes collègues et mes supérieurs. Par conséquent oui je pense être bien considérée ».
Trois atouts de ce métier se détachent des commentaires :
Apprendre tous les jours / enrichissement intellectuel
Travailler en autonomie
Diversité des tâches à traiter.
« Je fais partie intégrante du cabinet, l’assistante est une clef et un rouage indispensable ».
« Je suis autonome et gère les dossiers. On reconnaît mes compétences professionnelles ».
« Mon employeur me fait confiance depuis une dizaine d’années. Grâce à sa confiance j’ai pu prendre des initiatives et pratiquer mon métier avec enthousiasme et motivation ».
« Les augmentations demandées sont peu ou prou acceptées, les horaires sont aménageables, l’entente est bonne ».
« On met en avant mes compétences et on fait ce qu’il faut pour m’aider à m’améliorer. On met également tout en œuvre pour mon bien être matériel ».
« Le bonjour du matin de façon nominale, le comment allez-vous, le merci après toute demande, l’aménagement de mes horaires pour me permettre de pratiquer mon sport... bref, je remercie mes employeurs actuels de cela ».
« Il y a une communication fluide et surtout informelle de la compréhension de la tolérance et de l’humanité dans le comportement des uns et des autres c’est le premier cabinet sur les 4 de ma carrière dans lequel je ressens cela ».
« C’est un métier très enrichissant en terme de connaissance ».
« Mes avocats me font confiance sur le suivi des procédures, contentieux, dossiers, etc. et comptent sur ma connaissance de ces derniers pour les soutenir au quotidien, anticiper et participer à la gestion des questions clients, préparation des mises en état, suivi des contentieux... Bref, d’un vrai travail juridique ».
Mais le mécontentement est fort !
Globalement, il se traduit par un manque de considération et de reconnaissance, tant professionnel que salarial, qui revient presque dans la moitié des commentaires !
→ Sur l’absence de considération.
« Absence d’entretien individuel, pas d’augmentation, pas de primes, coefficient sous estimé par rapport au travail effectué, ENADEP non pris en considération, expérience non prise en compte ».
« L’assistante est souvent là pour absorber le flux et les tâches ingrates. Malheureusement son évolution est limitée ».
« Pas assez de reconnaissance par rapport aux autres postes que la direction estime plus importants. On peut nous donner un peu tout et n’importe quoi à faire ».
« Je pense que les Avocats ont une trop haute opinion de leur personne et considère notre métier d’Assistante comme un métier de pure exécution ne faisant pas travailler notre matière grise ».
« Je fais le travail d’un juriste, voire parfois d’un avocat collaborateur, mais je ne suis qu’une assistante, il n’y a pas de reconnaissance... lors des événements, les assistantes ne sont jamais conviées alors que ce sont elles qui font une bonne partie du travail... »
« Malgré notre implication, notre dévouement, notre travail n’est pas reconnu avec le respect qui se doit. Nous sommes facilement, trop facilement, l’éponge ! Nous recevons un flot d’agressivité tant des patrons que des clients. Souvent les patrons sont lunatiques et ne gèrent pas leur stress, ainsi ils ne gèrent plus non plus leurs émotions ».
« Mes capacités professionnelles sont sous-exploitées. Il y a un manque cruel de confiance qui bloque toute prise d’initiative ».
« Car au fur et à mesure de la pratique et de l’actualité, nous développons des capacités intellectuelles assez importantes qui nous permettent de monter notre estime de soi et pouvoir accéder à un poste plus élevé, et pour les avocats c’est une frustration qui est ressenti d’autant plus lorsque l’assistante à la capacité d’y répondre... l’avocat remet vite la salarié à sa place, à savoir en bas de l’échelle malheureusement... »
→ Sur la difficulté du métier.
Le mot « stress » revient dans 33 des réponses sur la difficulté du métier, soit plus d’ 1/4 !
A lier aux termes « pression » et « urgence » qui se répètent souvent également.
Voici un florilège de commentaire sur cette thématique :
« S’adapter à l’urgence ! Anticiper et tout refaire à la dernière minute aussi ! »
« Avec la dématérialisation tout doit être fait à l’instant T sans aucune hiérarchie dans l’urgence ».
« Autonomie, masse de travail importante, délais à respecter, législations à connaître... beaucoup de responsabilités ! »
« Il faut être très concentrée et attentif ».
« Gérer la pression et le caractère parfois difficile des avocats ».
« Les sueurs froides sont fréquentes ».
Plusieurs témoignages expriment une difficulté pour les secrétaires, et assistant.e.s de pouvoir se former pour progresser et évoluer. Ils/elles dénoncent un manque d’implication de la part des avocats quant à la formation continue dont pourraient bénéficier les fonctions support.
→ Sur le salaire.
« Les salaires et les primes sont médiocres par rapport aux responsabilités qui sont les nôtres ».
« Le salaire est bien inférieur aux heures et travail fournis ».
« Peu de reconnaissance. Salaire trop bas malgré 20 ans d’expérience et travaille de manière autonome ».
→ Sur le rapport aux clients.
27 fois, ce sont les rapports aux clients qui sont évoqués (soit 21,5%)
« Faire tampon entre le client et l’avocat ».
« Les relations avec les clients sont de plus en plus difficiles. Il y a un manque de respect évident ».
« Il faut gérer les urgences et suivre les délais de procédure tout en gérant le stress des avocats et l’impatience des clients ».
« Aujourd’hui il faut avoir plusieurs facettes, assistante, bénévole mais aussi psychologue ; être sociable avec des clients de plus en plus exigeants et coléreux. Des procédures qui évoluent, des méthodes de travail à adapter continuellement. Il faut être curieux et se tenir informé continuellement, avoir accès à de la formation ou de l’entraide entre secrétaires à travers de groupe Facebook ! »
→ Sur le rapport à la jeune profession.
Plusieurs commentaires laissent entendre que les rapports se dégradent avec la nouvelle génération…
« Difficile car il faut composer avec la profession ! La nouvelle génération d’avocats est de plus en plus éloignée de son assistante. L’humain est parfois peu pris en considération ».
« De plus en plus de jeunes avocats préfèrent travailler seuls, cela ne permet pas d’envisager sereinement l’avenir ».
« Les avocats jeunes ont moins besoin d’une secrétaire ».
« La jeune génération d’avocat à tendance à prendre la grosse tête et ne se remet pas en question. Les former au management serait une bonne chose ».
Même si 41% des répondant.e.s sont optimistes quant à l’avenir de leur métier, certain.e.s en ont une vision plutôt sombre pour les raisons suivantes :
1. une réduction des budgets des cabinets qui sacrifieront le poste de secrétaire ou d’assistant.e juridique ;
2. l’autonomie des jeunes avocats et l’externalisation des tâches vers des plateformes peut laisser penser que ces derniers peuvent se passer des fonctions support ;
3. Le métier évolue et se dirige de plus en plus vers un profil de poste de type administratif / facturier et non plus juridique.
Discussion en cours :
Après lecture de cet article, je tiens à dire que j’aurais pu écrire chaque mot .
C’est exactement le quotidien d’une assistante juridique, aucune reconnaissance, une éponge.
D’ailleurs,qu’est-ce qu’une assistante juridique aujourd’hui ?
Puisque dans la même journée, nous pouvons effectuer des tâches de standardiste, d’hôtesse d’accueil, d’assistante administrative, de juriste etc ...(liste non exhaustive)
Le principal problème, c’est que les Avocats ne veulent pas payer donc ils recherchent un couteau suisse.
A force d’être polyvalente, on finit par se perdre.
Pour conclure, à moins que vous travailliez dans une grande entreprise, pas évolution possible dans les cabinets d’avocats... même diplôme de droit en poche.
Voila !