Un métier sous tension : les limites du traitement en solitaire.
Harcèlement moral, burn-out, violences sexuelles, conflits familiaux destructeurs… Les dossiers à forte charge émotionnelle se multiplient, laissant les avocats souvent seuls face à des situations humainement éprouvantes. Entre engagement personnel, pression du résultat et complexité procédurale, il devient difficile de tout porter seul.
Si les échanges informels entre confrères sont fréquents, ils ne suffisent pas toujours à traiter en profondeur les dilemmes éthiques, les tensions internes ou la fatigue morale. C’est ici que l’intervision trouve toute sa place : en créant un cadre confidentiel et bienveillant où chacun peut déposer, partager, réfléchir, et repartir avec plus de clarté.
L’intervision : une pratique structurée au service du recul et de la lucidité.
À la croisée de l’analyse des pratiques professionnelles et du co-développement, l’intervision permet à un groupe d’avocats de se réunir régulièrement pour réfléchir ensemble à leurs pratiques, à partir de cas concrets, d’interrogations ou de situations sensibles vécues.
Les bénéfices sont nombreux :
- Prise de recul sur des affaires complexes ;
- Gestion des émotions : colère, frustration, sentiment d’impuissance ;
- Clarification des choix stratégiques ;
- Renforcement du sentiment de compétence et de solidarité ;
- Prévention du burn-out et des risques psychosociaux.
Le rôle-clé de l’animateur psychologue : rigueur, cadre, sécurité émotionnelle.
Un des facteurs clés de réussite d’un groupe d’intervision, c’est la qualité de son animation. Lorsqu’elle est assurée par un psychologue formé en TCC ou en approche centrée solutions, habitué à l’animation de groupes d’analyse des pratiques professionnelles, l’intervision gagne en profondeur, en efficacité… et en sécurité.
Le psychologue :
- garantit le cadre éthique et méthodologique ;
- favorise une écoute active et respectueuse ;
- aide à identifier les schémas émotionnels ou relationnels en jeu ;
- facilite les prises de conscience sans jamais imposer de solution ;
- oriente le groupe vers des ressources concrètes et adaptables.
Il agit comme un régulateur bienveillant, qui structure la parole, soutient les dynamiques collectives et veille à ce que chacun reparte enrichi, et non alourdi.
Des modalités souples et adaptées à la réalité des avocats.
Conscients des contraintes de temps et de rythme de la profession, les sessions d’intervision sont proposées en visioconférence, une fois par mois pendant la pause méridienne. Ce format permet une régularité sans empiéter sur les audiences ou les rendez-vous.
- Durée : 1h30 à 2h ;
- Groupe de 6 à 8 avocats maximum ;
- Animation par un(e) psychologue clinicien/clinicienne spécialisé(e) ;
- Confidentialité, respect, non-jugement : des règles de base claires ;
- Possibilité de thématiques ciblées (droit du travail, droit de la famille, contentieux complexes, etc.).
Créer des réseaux d’entraide durables et sortir de l’isolement.
Au-delà du bénéfice personnel, ces temps d’échange favorisent l’émergence d’un réseau d’avocats partageant des valeurs communes : écoute, éthique, humanité. Ils participent à la construction d’une culture professionnelle plus solidaire, où la vulnérabilité n’est pas un tabou, mais un levier de croissance.
S’accorder une heure pour soi et pour sa pratique, c’est parfois ce qui permet de tenir, de mieux défendre, de retrouver du sens.
Conclusion : une démarche professionnelle… et profondément humaine.
L’intervision n’est ni un luxe, ni un outil réservé aux soignants ou aux travailleurs sociaux. C’est une pratique professionnelle exigeante et féconde, qui aide les avocats à préserver leur équilibre, à aiguiser leur discernement et à exercer avec plus de justesse.
Rejoindre un groupe d’intervision, c’est faire un pas vers une pratique du droit plus consciente, plus sereine, plus alignée.