QVCT, bonnes pratiques RH : pourquoi chercher à obtenir un label en tant que cabinet d'avocats ?

QVCT, bonnes pratiques RH : pourquoi chercher à obtenir un label en tant que cabinet d’avocats ?

Propos recueillis par Nathalie Hantz
Rédaction du Village de la justice

1310 lectures 1re Parution: Modifié: 5  /5

Explorer : # qualité de vie au travail (qvt) # labelisation # engagement des collaborateurs # pratiques rh

Non, les labels qui reconnaissent les bonnes conditions de travail ne sont pas réservés aux (grandes) entreprises, et les cabinets d’avocats s’y intéressent de plus en plus, que ce soit pour certifier leur engagement, travailler leur marque employeur ou améliorer leur image de marque (ou les trois !).
À titre d’exemple, Jaberson Avocats et PWC France détaillent, pour le Village de la Justice, leurs motivations à être certifiés respectivement par Great Place To work [1] et Top Employer [2].

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Chez Jaberson Avocats, Charles Jamet, Avocat associé et Président nous raconte...

Village de la justice : Pourquoi avoir voulu obtenir un label ?

"Chez Jaberson, dès notre création en 2017, nous avons toujours mis un point d’honneur à développer la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) pour tous les membres de l’équipe. Cela concerne évidemment nos collaborateurs mais également les associés et dirigeants.

Pourquoi ? Nous prenions pour hypothèse que de la QVCT découlait la vraie performance, celle qui est durable, raisonnable et qui s’inscrit dans le temps.
La métaphore de la construction édifiée sur des bases solides - que serait notamment la QVCT – est très à propos.

C. Jamet

Ainsi, l’enjeu était double : en nous organisant pour satisfaire dans le même temps nos clients et nos collaborateurs, en prenant en compte de manière native les sujets de QVCT, nous allions créer un environnement qui permettrait à nos équipes d’être sereines, en pleine possession de leur capacité de réflexion et à leur meilleur niveau technique, pour délivrer le meilleur travail possible à destination de nos clients. Cela nous semblait être du bon sens et nous avons construit, petit à petit, réflexion après réflexion, chaque aménagement et condition pour tenter d’atteindre ces objectifs.

Lorsque nous expliquions notre projet, particulièrement dans les entretiens de recrutement, nos interlocuteurs nous rétorquaient que nous étions nombreux à viser ces objectifs, à afficher les sujets de bien-être et de QVCT comme des valeurs cardinales, mais qu’en réalité, c’était toujours pareil, "de la poudre aux yeux", une façade qui masquait une réalité beaucoup moins reluisante.

« Nous avons décidé de nous challenger. »

Nous avons alors décidé de nous challenger en nous soumettant à une enquête externe et indépendante, gérée par un organisme de renommée internationale et solidement ancrée dans le paysage des questions de QVCT : Great Place To Work (GPTW). Notre démarche initiale était avant tout d’obtenir les résultats de cette enquête pour savoir si nos équipes étaient réellement dans une bonne expérience vis-à-vis des sujets de QVCT sans forcément avoir l’ambition d’obtenir ce label du premier coup. Nous aurions eu ainsi une feuille de route pour progresser…
La suite est une véritable surprise : nous sommes certifiés et atteignons dès la première année les top classements dans la catégorie Best Workplaces en France (entreprise et moins de 50 salariés) et Best Workplaces for Women."

VJ : Pourquoi celui-ci en particulier ?

"Le label Best Workplaces for Women est une reconnaissance internationale, gérée par GPTW.

Nous savons que notre secteur d’activité a pour image de ne pas être le plus avancé sur les sujets de QVCT, encore moins lorsqu’il s’agit de l’expérience des femmes dans leur environnement professionnel.
La démarche de GPTW nous a séduits par la rigueur de l’audit, basé sur des questionnaires anonymes auprès de nos collaborateurs, la finesse et la qualité de la restitution de l’enquête, très éclairants sur les dimensions analysées.
Ce label est l’un des plus réputés au niveau mondial, nous souhaitions montrer qu’il était possible de l’obtenir tout en demeurant crédibles aux yeux de nos collaborateurs, de nos clients et de nos partenaires.

« Obtenir un label était pour nous une manière de valider, de manière externe et indépendante, que nos actions avaient un véritable impact. »

Obtenir un label comme Best Workplaces for Women était pour nous une manière de valider, de manière externe et indépendante, que nos actions avaient un véritable impact. Ce label est aussi un levier pour continuer d’améliorer nos pratiques, tout en offrant une garantie à celles et ceux qui rejoignent notre équipe : dans notre cabinet, il y a des engagements tangibles derrière les déclarations d’intention. La pertinence de ces engagements est soumise annuellement à une enquête externe et anonyme pour mesurer leur impact et le ressenti de nos équipes."

VJ : Comment l’avez-vous obtenu ?

"L’obtention de ce label repose sur plusieurs étapes. Tout d’abord, une enquête est réalisée auprès de nos collaborateurs pour mesurer leur ressenti sur un certain nombre de dimensions relatives à la qualité de vie au travail (égalité, bien-être, qualité de vie au travail, inclusion, transparence, probité, confiance dans le management etc.) avec un focus particulier sur les conditions des femmes.
Tout le monde peut s’y soumettre. Le label est ainsi attribué en fonction des résultats obtenus.

Pour progresser dans les résultats que nous obtenons, nous consacrons énormément de temps à la réflexion sur ces sujets : comment faire ? comment mieux faire ? quel est le ressenti de nos équipes ? quel niveau de transparence atteindre ? quelle pédagogie supplémentaire devons-nous faire sur la compréhension de tel ou tel enjeu ? comment nous remettre en question ?

Et ce, dans tous les domaines qu’il s’agisse de culture d’entreprise (valeurs, savoir-être, savoir-faire, confiance, méthode managériale, qualité des échanges et de la communication), d’exemplarité (comportement, performance professionnelle et équilibre personnel, temps libre et congés, prise des congés parentalité), de moyens matériels (confort et circulation dans nos locaux, performance des outils de travail, mobilité inter-bureaux/télétravail).
Chaque segment de notre organisation, qu’il soit conceptuel ou matériel, a été challengé selon cette logique.

Partage d’expérience au passage : il ne faut pas hésiter à organiser de grands brainstormings avec tous vos collaborateurs, c’est une excellente approche pour se comprendre, favoriser la cohésion et trouver des idées nouvelles.

Plus particulièrement en ce qui concerne la distinction Best Workplaces For Women je dirais que nous avons pour méthode de nous nourrir des attentes et besoins de nos équipes féminines pour développer une approche globale sur tous les sujets.
Le dernier travail réalisé par une équipe interne, à l’initiative de plusieurs collaboratrices et collaborateurs embarqués pour l’occasion, a été la rédaction d’une charte de parentalité qui avait pour vocation à l’origine de fixer notre approche et nos innovations sur le thème de la maternité mais qui a été élargie à l’ensemble des sujets de parentalité : parcours PMA, pré-natalité, accouchement et post-natalité, congé maternité et paternité/second parent, congé pathologique."

VJ : Quel est le coût financier et matériel pour obtenir ce label ?

"Le coût pour participer à cette démarche inclut une inscription auprès de Great Place to Work, dont le montant varie en fonction de la taille de l’entreprise et des projets menés.

« Le véritable sujet est l’engagement que la direction et les managers doivent réaliser en temps et en énergie pour transformer une organisation en entreprise éligible au label. »


Pour une structure de notre taille, cela représente un coût financier très modéré largement compensé par l’impact positif que nous en retirons.
La préparation matérielle de l’enquête prend très peu de temps et le travail de restitution de GPTW est exploitable immédiatement. Les membres de l’équipe répondent à l’enquête en quelques minutes (moins d’une heure en moyenne).
Le véritable sujet est l’engagement que la direction et les managers doivent réaliser en temps et en énergie pour transformer une organisation en entreprise éligible au label. Nous sommes convaincus que ce n’est pas une perte de temps mais un investissement indispensable à réaliser.

Quelle serait plus grande satisfaction pour un manager que de savoir que son équipe se sent bien ! Et s’il existait des réticences sur le fait que la QVT se développe au détriment des performances économiques du cabinet : Jaberson poursuit une croissance annuelle forte depuis sa création (comprise entre 30% et 60 % selon les années) !"

Autre cabinet, autre label : chez PWC France, Amandine Aury, DRH de PwC France et Maghreb, nous raconte...

V.J : Pourquoi avoir souhaité obtenir un label ?

"Nous avons souhaité obtenir un label comme celui de Top Employer car il permet à l’entreprise de se distinguer sur le marché du travail en mettant en avant ses bonnes pratiques en matière de ressources humaines. Ce label renforce non seulement notre image de marque mais attire également les meilleurs talents.

« Évoluer au sein d’une organisation certifiée contribue à renforcer la fierté, le sentiment d’appartenance et l’engagement de nos équipes. »

Évoluer au sein d’une organisation certifiée Top Employer contribue à renforcer la fierté, le sentiment d’appartenance et l’engagement de nos équipes, comme en témoigne le taux d’engagement mesuré par notre enquête interne annuelle, qui a atteint son plus haut niveau historique.

Amandine Aury, PWC France et Maghreb

Par ailleurs, cette certification nous offre l’opportunité de nous challenger constamment afin d’améliorer l’expérience collaborateur pour rester innovant et impactant, grâce à une comparaison de nos performances avec les meilleures pratiques des organisations certifiées."

V.J : Pourquoi avoir choisi ce label en particulier ?

"La certification Top Employer se distingue par son positionnement axé sur les grandes entreprises. Ce choix s’impose également par le fait qu’il regroupe de nombreuses entreprises de renom, ce qui renforce la crédibilité de la certification ainsi que son impact dans notre secteur."

V.J : Quelles sont les étapes pour obtenir ce label ?

"La certification repose sur une enquête détaillée sur les pratiques RH et la culture de l’entreprise (pilotage, organisation, attractivité, développement, engagement...)
Nous fournissons des éléments de réponse sur l’ensemble des thématiques, qui sont ensuite revues et analysées. Nous sommes ensuite convoqués pour une séance de validation où nous passons en revue certaines questions et les éléments de réponse associés. Nous avons enfin un retour sur notre certification."

Propos recueillis par Nathalie Hantz
Rédaction du Village de la justice

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Notes de l'article:

[1Great Places To Work décerne des certifications et établis un classement des entreprises "où il fait bon travailler", en se basant sur la notion de QVCT.

[2Le label international évalue et certifie les entreprises sur les standards de leurs pratiques en matière de ressources humaine.

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