Recrutement en cabinet d'avocats : « L'attirance pour l'exercice libéral s'est érodée ».

Recrutement en cabinet d’avocats : « L’attirance pour l’exercice libéral s’est érodée ».

Interview de Christine Messier réalisée par Alain Baudin pour Actus des Barreaux

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Ce que vous allez lire ici :

Le recrutement en cabinets d'avocats rencontre des difficultés, avec plus d'offres que de candidatures. Les profils les plus recherchés sont ceux des avocats ayant de cinq à dix ans d'expérience. Les candidats sont désormais en quête d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, avec des demandes spécifiques telles que des horaires aménagés et la possibilité de télétravail. La rémunération n'est plus une priorité, avec une préférence pour des postes en entreprises offrant plus d'avantages. L'attrait pour l'exercice libéral a diminué, ce qui complique le recrutement. La communication sur la marque employeur d'un cabinet est essentielle pour séduire les candidats. Le processus de recrutement peut varier en termes de délai.
Description rédigée par l'IA du Village

Selon Christine Messier, fondatrice à Lyon du cabinet de recrutement juridique « Les métiers du droit », recruter pour des cabinets d’avocats s’apparente à une mission délicate. L’exercice libéral d’un métier exigeant n’enthousiasme plus autant la jeune génération, davantage attentive au maintien d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

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Cet article a été publié initialement à l’automne 2023 dans le numéro 14 de la revue Actus des Barreaux intitulée "Lutte anti-discriminations : La profession renforce ses engagements."

Bonne lecture !

Actus des barreaux : Quels sont à l’heure actuelle les niveaux d’offres et de demandes en matière de recrutement ?

Christine Messier : « Le nombre des offres est aujourd’hui supérieur à celui des candidatures. C’est une évidence. L’exercice du droit des affaires et du droit des sociétés est le plus sollicité, suivi du droit fiscal. Les profils les plus prisés sont ceux des avocats qui ont de cinq à dix ans de barre. Nous proposons également des postes salariés plutôt destinés à des avocates. »

Quelles sont vos difficultés pour recruter ?

« Depuis la crise sanitaire et les confinements en 2020, les candidats aspirent à un plus juste équilibre entre leurs vies professionnelle et personnelle. Leurs demandes sont donc très ciblées sur la possibilité de disposer d’horaires aménagés et d’exercer une partie de leur activité en télétravail. Dans ces cas-là, le recrutement pour des cabinets d’avocats déjà adaptés à la flexibilité du temps de travail est bien plus facile, contrairement aux cabinets qui fonctionnent en présentiel sur cinq jours avec des horaires plus classiques. »

Christine Messier

Les candidats ont-ils des exigences particulières en termes de rémunération ?

« La rémunération n’est plus aujourd’hui une demande prioritaire comme elle l’était auparavant. Elle l’est d’autant moins que les rémunérations et les rétrocessions d’honoraires ont sensiblement augmenté ces derniers mois, notamment lorsqu’elles concernent l’exercice des matières les plus recherchées. »

Les postes en entreprises restent cependant les plus sollicités.

« Deux candidats sur trois visent effectivement des directions juridiques au sein d’entreprises où ils peuvent bénéficier d’avantages qu’ils n’auraient pas forcément dans des cabinets. Bon nombre d’avocates priorisent d’ailleurs une flexibilité du temps de travail qui privilégie les horaires aménagés et le télétravail. Les fondamentaux de la profession ont en outre beaucoup changé et l’appétence pour l’exercice libéral est bien plus faible. »

Deux candidats sur trois visent des directions juridiques où ils peuvent bénéficier d’avantages qu’ils n’auraient pas forcément dans des cabinets.

Cette baisse d’attractivité vous paraît-elle flagrante ?

« Elle l’est à mon sens. Dans le cadre de cessions de cabinets, je recherche des repreneurs, notamment à la veille de départs à la retraite. À l’idée d’exercer en libéral, la jeune génération d’avocats n’a plus la motivation pour les reprendre. Même les associés et les collaborateurs qui exercent dans ces structures ne le souhaitent pas toujours. »

Les cabinets recruteurs sont-ils enclins aux concessions ?

« Je leur explique tout l’intérêt qu’ils ont à le faire mais la décision finale leur appartient. Instaurer de nouvelles conditions de travail au profit des arrivants peut cependant générer des problématiques dans des structures où des personnes sont en fonction depuis plusieurs années. »

Que préconiseriez-vous pour fluidifier un marché sous tension ?

« Des efforts restent à accomplir de part et d’autre. Un bon accord est un accord où personne n’est perdant. Les candidats ne peuvent pas donc tout demander et les cabinets recruteurs ne peuvent pas non plus tout refuser. Ils doivent en effet se rendre compte que les aspirations des jeunes avocats ont beaucoup évolué et qu’un retour en arrière est très peu probable. »

Pourquoi vous paraît-il pertinent de communiquer sur la marque employeur d’un cabinet qui recrute ?

« Il ne faut pas seulement centrer le libellé d’une annonce sur la technicité d’un poste à pourvoir. Il faut aussi communiquer sur la marque employeur forte du cabinet auprès de candidats qui veulent savoir à quoi s’attendre. Il est donc essentiel de leur assurer que toutes les conditions sont réunies pour qu’ils s’y sentent bien.

Je l’ai toujours fait et c’est pour moi primordial. Je reste en effet convaincue que la valorisation du volet humain contribue à 80 % à la réussite d’un recrutement. »

Comment procédez-vous pour recruter ?

« Chaque type de candidature nécessite que l’on s’adapte. Toute demande d’un client m’amène à effectuer un travail de présélection afin de bien identifier ses attentes. Il s’agit ensuite de les mettre en adéquation avec celles d’un candidat susceptible de correspondre au poste qui est à pourvoir. Aucun des deux ne doit en tout cas perdre de temps. Il arrive cependant que des points
de détail les rapprochent jusqu’à l’aboutissement d’un accord dont l’un et l’autre sont satisfaits. »

Sous quel délai peut, en moyenne, s’effectuer un recrutement ?

« Tout dépend. C’est très variable. Certaines offres débouchent sur des solutions rapides. D’autres, en revanche, peuvent patienter quelques semaines avant que le candidat approprié soit enfin identifié. Quoi qu’il en soit, il est hors de question de procéder à des recrutements par défaut. Là n’est sûrement pas le but. »

Interview de Christine Messier réalisée par Alain Baudin pour Actus des Barreaux

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