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le Ven 23 Déc 2005 23:50
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Profession: Notaire et métiers en études
Ainsi, les notaires seraient des "poussiéreux". Pas plus tard qu'il ya une semaine, je lisais un bouquin d'un avocat qui m'a appris que le surnom de l'avocat était "le baveux"... bigre, quelle dilemme alors...
Evitons de tomber dans les petites gueguerres entre juristes... après tout, trouver des consensus, c'est aussi l'une des caractéristiques du notariat, à la différence d'autres professions du droit.
Pour ce qui est de l'avenir du monopole, il est clair que la tendance européenne va plutôt vers le libéralisme. Mais le débat est loin d'être clos. Souvenons nous que lors des débats sur le fameux projet de directive européenne de libéralisation des services, très rapidement, la France a obtenu que les activités des notaires en soient exclues.
Pour ce qui est de la pertinence pour la société d'un monopole, c'est une question politique. Certains sont irrités par l'idée même d'un monopole et ils en font un dogme. Mais si l'on regarde les chiffres et les faits, là encore, il faut dépasser les a priori. Il est statistiquement établi que les pays dotés d'un notariat (à la sauce "latine" et non les notary des Etats-Unis par exemple) dépensent beaucoup plus d'argent en frais de justice. Tous les exemples peuvent être critiqués, mais si la France y dépense environ 0,5% de son PIB, les Etats-Unis y dépensent 2,5%. En outre, les Etats de Californie et de Floride mettent sur pied un notariat actuellement, en parallèle aux avocats, tout comme la Chine.
Ceci dit, ce que certains oublient, ce sont les contraintes de ce monopole, notamment financières, liée au tarif des notaires. Ce tarif a été établi dans un but de péréquation : certains actes ne rapportent pas du tout d'argent et meme en font perdre au notaire en raison du prix de vente par exemple (et donc des émoluments proportionnels). Simplement, d'une manière globale, ils se compensent avec les émoluments d'actes dont les valeurs sont plus importantes. Je ne suis pas sûr que beaucoup de professions concurrentes se battraient pour avoir des honoraires inférieurs au coût de traitement du dossier.
Concernant le renouvellement des effectif, en ce qui me concerne (je ne prétends pas refléter une réalité statistique), je travaille dans ma troisième étude et à chaque fois, au moins l'un de mes patrons avait moins de 35 ans. Quand on ajoute le temps de rédaction du mémoire ou du rapport de stage après les deux ans de formation en alternance, on va dire au moins un an, on arrive à une moyenne d'âge de 28 ans, donc oui, le renouvellement existe évidemment (les notaires ne vivent pas plus longtemps que les autres), et la plupart des notaires chez qui j'ai travaillé n'avaient pas de famille dans le notariat. Quant au prix d'acquisition d'une étude ou de parts dans une étude, il y a des écarts très importants selon la taille de l'étude, son chiffre, sa situation géographique. Ceci dit, je suppose que les cessions de clientèles nont pas gratuites non plus. On peut aussi passer le concours des offices créés (organisé par le Ministère de la Justice) et créer son étude... et si on bosse, c'est possible.
Concernant la charge de travail et la vie de famille, je ne suis pas persuadé que ce soit une si bonne planque. Il y a largement pire, mais je dirai juste que si ta devise est "quand on aime, on ne compte pas", tu auras moins de désillusions.
En tous cas, c'est un métier que j'ai découvert avec beaucoup d'a priori aussi (pas de famille ou de relations dans le notariat) en faisant un stage d'un mois alors que j'étais en 2ème année. Ca m'a tellement plu que j'ai fait d'autres stages, je suis passé par un DESS, puis les semestrialités pendant deux ans et le mémoire... et ça me plait toujours. Tu devrais peut-être essayer de faire un stage ou dicuter avec un notaire pour te faire une idée par toi-même. Si tu as du mal à trouver, demande à la Chambre des notaires de ton département. En tous cas, c'est vrai que le travail du notaire reste celui d'un rédacteur d'une part mais qui a un contact avec les clients d'autre part. Un contact privilégié à des moments importants de leur vie.
C'est tout à fait exact que les deux ans de stage (avec les cours en plus) sont durs (tant au niveau du salaire qu'au niveau des loisirs... ou leur quasi-absence), mais renseigne toi auprès d'élèves avocats pour voir si leur sort est plus enviables. Pas sûr du tout comme j'ai pu le constater en discutant avec plusieurs.
Bon choix !