Bonjour à tous,
Je ne résiste pas à la tentation de faire partager ma modeste expérience atypique aux JD et futurs JD que la perspective de se lancer dans la vie dite "active" (comme si les années universitaires l'étaient moins

) affolle quelque peu.
Durant la deuxième année de DEUG (Assas), j'ai commencé à me poser de sérieuses questions quant à mes véritables souhaits. J'ai opté dès la licence pour une filière peu classique : Maîtrise en Droit des Affaires et Droit Allemand, suivie d'un LL.M. à l'Université de Munich (+ stage en entreprise). Pour compléter cette formation, j'ai enchaîné avec un DEA de Droit Communautaire (+ stage en entreprise).
Dans la foulée, j'ai effectué mon service militaire dans la gendarmerie nationale. Mes diplômes m'ont valu une affectation en tant que conseiller juridique dans un Etat-Major... poste idéal qui m'a laissé suffisamment de temps pour me poser de nouveau des questions sur mon avenir. J'ai constaté que je ne savais finalement pas encore ce qui me conviendrait, et ai décidé de consacrer quelque temps à découvrir 2 ou 3 métiers du droit.
Une fois "libéré", j'ai donc effectué un stage dans un grand cabinet de fiscalistes, puis un stage dans un tout petit cabinet généraliste (juste assez pour me rendre compte que je ne voulais pas devenir avocat), puis dans la direction juridique d'un grand groupe de leasing. Ce dernier s'est très bien passé, j'ai été embauché mais j'ai vite découvert qu'il pouvait exister un obstacle majeur à une progression : ma nationalité (eh oui, j'étais alors en Allemagne).
Un peu dépité, j'ai pris la décision de rentrer en France... sans m'y être vraiment préparé, cette fois-ci. Les quelques mois qui ont suivi ont été cauchemardesques. Ceux qui se sont retrouvés sur le marché du travail fin 97 - début 98 pourront en témoigner, les postes de juristes n'étaient pas légion. J'ai donc fait de l'alimentaire : la pige pour des revues spécialisées, des jobs dans l'assistance, de la traduction de manuels d'informatiques,...
Tout ça pour en arriver là ?
J'ai enfin trouvé une annonce dans le magazine de l'APEC qui correspondait à mon profil. Je me suis bradé pour obtenir un poste de juriste analyste droit allemand dans une start-up qui éditait des moteurs de recherche. Mais, décidément en avance sur son temps, cette start-up a coulé bien avant que la bulle Internet n'éclate. Retour à la case départ...
...Pour quelques semaines seulement. La chance m'a souri et j'ai décroché un poste de juriste corporate dans la direction juridique d'un grand groupe industriel français, qui recherchait justement une personne trilingue ayant des connaissances en informatique pour lancer un projet de reporting filiales & participations. J'ai passé 4 ans extraordinaires dans ce poste. Au bout du compte, je me suis rendu compte que les perspectives d'évolution étaient somme toute assez limitées malgré mes états de service (peu de postes de juristes, donc très peu de turn-over). Une certaine routine commençant à s'installer, j'ai pris mon courage à deux mains, relancé mes contacts, et quitté ce cocon.
J'ai maintenant 33 ans et je dirige la filliale française d'un groupe Canadien (
http://www.corporatek.com) qui édite d'excellent progiciels pour juristes. Je ne fais plus, à proprement parler, de droit (ou uniquement d'un point de vue conceptuel), mais une chose est sûre : je dois ce poste à l'expérience accumulée durant toutes ces années et je me sens totalement heureux. Mes études de droit m'ont inculqué rigueur (surtout en Allemagne

) et logique. S'il fallait repasser par là, je le referai sans hésiter.
Conclusion : curiosité, contacts et persévérance restent les maîtres mots pour ceux qui souhaitent évoluer. Peu importe, en définitive, les diplômes que vous décrocherez, c'est à vous qu'il appartient de les valoriser et de suivre VOTRE voie.
PS : toutes mes excuses pour la longueur de ce message.