LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il peut arriver que des avocats se soucient publiquement du sort qui sera réservé aux juristes d'entreprise non titulaires du CAPA si le rapport Darrois est confirmé par une réforme.

En témoigne cet article du cabinet d'affaires Hammonds & Hausmann:

La grande profession du droit verra-t-elle le jour à l’issue de ces recommandations, et si oui, dans quel délai ? Il semble déjà acquis que les notaires ne feront pas partie de cette nouvelle profession. Pourquoi ? Il n’est pas d’avantage préconisé que les juristes d’entreprises intègrent en bloc la profession d’avocat. Pourquoi ? Par contre, les avocats, titulaires du CAPA, pourront exercer en entreprise, comme « avocat en entreprise », c’est à dire, conserver leur titre après avoir intégré comme juriste une entreprise. Ne voilà-t-il pas une recommandation révolutionnaire ? Mais que deviendront les juristes d’entreprise qui ne sont pas titulaires du CAPA. ? Ce que préconise notre confrère Darrois, c’est le « statu quo », donc de les laisser sur le carreau.

http://larevue.hammonds.fr/Les-cerisier ... _a910.html

En réaction au communiqué de l'ACE:
http://www.village-justice.com/articles ... ,5381.html

J'ai fait un billet:
http://uniqueetcommun.blogspot.com/2009 ... prise.html

C'est tout bonnement insultant...

@Nemo:
Excellent, ce billet sur votre blog. L'on y voit bien l'indispensable complémentarité entre conseil juridique et contentieux, qui y perdent l'un et l'autre à être confondus.

J'aime bien aussi l'allégorie des ingénieurs informaticiens contraints de se soumettre à une passerelle de 8 ans pour continuer à exercer leur métier, sur lequel des polytechniciens indéliquats auraient eu le mauvais goût d'imposer leur monopole...

Concernant le communiqué de l'ACE, à rapprocher des propos "pas du tout corporatistes" du bâtonnier Charrière-Bournazel dans "le bulletin du Barreau de Paris" N°13 du 10/04/09 :

"[...]On peut préférer que l'avocat reste l'homme du procès et ne quitte son cabinet que pour les salles d'audience. Je pense que nous sommes sincèrement dans notre rôle lorsque, sans renoncer à un iota de nos principes éthiques, nous pratiquons le droit comme conseils ou comme rédacteurs d'actes, partout, où, grâce à nous, s'y trouve injecté un supplément d'âme.

L'ouverture au monde ne dénaturera que ceux qui sont sont sans foi ni loi. Au contraire, l'avocat, tel que nous nous efforçons de l'être et dont nous avons une haute idée, va pouvoir désormais humaniser le monde. C'est en tout cas ma ferme espérance.[...]"

...Et de la FNUJA dans sa contribution du 25juillet 2008 "Les jeunes avocats sont en effet convaincus que l'Avocat est le seul vraiment à même d'apporter un conseil juridique pertinent et de qualité, dans un monde à la complexité croissante. La double culture qui est la notre, basée sur une tradition de conseil et de contentieux confère à notre exercice du droit une pertinence sans équivalent dans l'exercice d'une activité juridique."

De toute évidence certains risquent de tomber de haut lorsqu'ils goûteront à la vraie vie, en entreprise, où la clef de la réussite est le travail d'équipe, la pluridisciplinarité et le respect des autres.

De toute évidence certains risquent de tomber de haut lorsqu'ils goûteront à la vraie vie, en entreprise, où la clef de la réussite est le travail d'équipe, la pluridisciplinarité et le respect des autres.

Une question : un cabinet n'est il pas une entreprise ?

@ aiki:

C'est une très bonne question.
Il me semble que dans l'idéal, la réponse devrait être oui (au moins en ce qui concerne l'organisation interne et les relations de travail).

Malheureusement lorsque l'on observe la réalité, l'on peut regretter la perdurance de pratiques d'un autre temps qui tiennent plus de l'office de notable (où l'avocat associé règne en maître absolu) que de l'entreprise moderne.

Néanmois certains cabinets sont organisés comme des entreprises, et notamment la plupart des grands cabinets anglo-saxons, ce qui explique peut-être aussi leur efficacité et le fait que les jeunes collaborateurs y soient mieux traités...

Ce qui peut être dérangeant néamoins, c'est qu'à partir d'une taille critique le collaborateur se transforme vite en machine-outil, et le droit en marchandise.
Mais ça c'est encore un autre sujet...

Malheureusement lorsque l'on observe la réalité, l'on peut regretter la perdurance de pratiques d'un autre temps qui tiennent plus de l'office de notable (où l'avocat associé règne en maître absolu) que de l'entreprise moderne.

Pouvez vous me dire de quels domaines vous parlez ?

Néanmois certains cabinets sont organisés comme des entreprises, et notamment la plupart des grands cabinets anglo-saxons,

ce qui explique peut-être aussi leur efficacité et le fait que les jeunes collaborateurs y soient mieux traités...

J'ai un peu de mal à saisir ce que vous voulez dire, là

Au fait, n'oubliez pas que beaucoup d'avocats sont collaborateurs libéraux et, à ce titre, ils connaissent un tant soit peu le fonctionnement d'une entreprise[/quote]

Bonjour Aiki
désolé, la vie d'un collaborateur de cabinet n'a rien à voir avec celle d'un salarié intégré dans des équipes pluridisciplinaires, ... d'une entreprise (avec ses contraintes, ses impératifs de fonctionnement, ...)
pour moi un cabinet d'avocat, aussi grand soit il, n'a rien à voir avec une entreprise même si juridiquement ils en sont proches. la vie en interne dans ces 2 entités sont aux antipodes en terme de différences.

De toute évidence certains risquent de tomber de haut lorsqu'ils goûteront à la vraie vie, en entreprise, où la clef de la réussite est le travail d'équipe, la pluridisciplinarité et le respect des autres.

Une question : un cabinet n'est il pas une entreprise ?

Pour ma part, je ne crois pas un avocat incapable de s'adapter à la vie d'entreprise, loin de là...mais là n'est pas le débat.

Cependant, je comprends qu'on puisse réagir épidermiquement à ces insultes sous-entendues à notre endroit.

Il n'en demeure pas moins que nous devons plutôt chercher la convergence plutôt que la stigmatisation.

Ce qui me chagrine est que l'ACE considère que les JE sont inexistants et sont des dangers publics pour nos employeurs.

Enfin, j'ai du mal à saisir ce concept voulant que seul "l'avocat" soit à même d'offrir un conseil juridique de qualité. J'ai un peu l'impression d'être rabaissé et d'être pris pour un sous fifre tout juste bon à ranger un contrat dans un placard.

@ Nemo : Pour lever toute ambiguité, je précise que moi aussi, je suis convaincue que certains avocats s'adaptent parfaitement en entreprise : ce sont ceux qui sont davantage attachés à leurs missions effectives au sein de l'entreprise qu'à leur titre d'avocat... et ceux là exercent et s'épanouissent déjà en entreprise sous l'appellation "juriste d'entreprise ou d'affaires", mieux perçue par la plupart des entrepreneurs que le titre d'"avocat"...

A part ça, voici le communiqué du Collectif de Défense de la Profession de Juriste d'Entreprise pour ceux qui ne l'auraient pas vu:

http://www.village-justice.com/articles/Rapport-Darrois-collectif-defense,5383.html