Votre profil présente l'inconvénient d'un M2 recherche en droit pénal. C'est non seulement un M2 en droit pénal, càd dans une matière sans rapport avec le droit des affaires, mais en plus "recherche", càd insuffisamment tourné vers la pratique professionnelle. C'est votre handicap, le point noir sur votre CV. Face à vous, il y a des candidats à un stage ou un emploi qui se bousculent et qui eux présentent certainement un M2 professionnel en droit des affaires. Evidemment, ils passent devant vous et il ne faut pas être grand savant pour le comprendre aisément, ni grand devin pour le deviner dans l'esprit du recruteur. C'est la loi du marché, tout simplement.
Oublions donc cet aspect négatif. Vous n'êtes pas le premier, ni le dernier à avoir un diplôme, quel qu'il soit, sortant du sentier battu. D'expérience, je connais des fiscalistes qui sont aujourd'hui pénalistes et qui n'ont jamais fait ou alors très peu de droit fiscal, des informaticiens qui après un DUT sont partis en droit ou encore bon nombre d'étudiants qui ont fait un 1er M2 "voie d'attente" ou sortant de leur voeu de spécialisation parce que recalés au M2 qu'ils voulaient et auquel ils ont fini par être admis l'année suivante. N'insistez donc pas sur votre M2 si vs estimez qu'il ne vous vend pas assez auprès des recruteurs. Attardons-nous, attardez-vous sur les avantages de votre profil.
Votre profil présente en effet 2 avantages. Le 1er est l'expérience à l'étranger. C'est un booster de profil qui vous permet de valoriser votre esprit d'ouverture, votre faculté d'adaptation, votre propension à aller de l'avant et votre pratique de l'Anglais. Bon nombre de cabinets d'avocats, surtout les plus importants et les internationaux, raffolent de l'expérience à l'étranger chez les candidats. Le 2nd avantage est le LLM. Là encore, ils sont nombreux à en raffoler. Il témoigne de votre capacité à vous adapter et à appréhender des réalités différentes, à jongler avec le droit. Or, de nous jours, dans le monde des affaires, le droit n'est plus ni tout à fait français, ni tout à fait anglais, ni tout à fait américain : il est mondialisé. Nous connaissons tous ainsi le tiercé gagnant "DJCE, LLM, Sciences Po/ESC". Et quitte à choisir, le LLM de Harvard ou de Yale ainsi que HEC ou l'ESSEC, of course !
Cependant, je tiens à vous rassurer sur ces exigences. Comme je le disais dans ce
post, ce sont là des idéalisations : à choisir, un recruteur préfère sans doute un candidat ayant le tiercé gagnant qu'un candidat ayant un M2 recherche en droit pénal. C'est bien connu mais ça reste purement idéalisé voire théorique. Sur le fait que votre LLM ne soit pas américain, je n'écouterais pas les bruits qu'on vous colporte : avoir un LLM est déjà en soi un formidable atout. Et d'expérience, il n'est pas indispensable d'avoir ce tiercé gagnant pour percer. Les recruteurs vous les répèteront : ils préfèrent une tête bien faite à une tête bien pleine, une personnalité bien sympa à un individu qui ne les inspire pas, fût-il bardé de diplômes. A ce niveau d'études, c'est souvent la personnalité qui est déterminante, l'entretien qui joue beaucoup.
Par conséquent, je serais vous, je persévérerais. Vous avez une expérience à l'étranger, vous êtes bilingue et vous avez un LLM. Ce qui vous manque, je ne vous le cache pas, c'est un M2 en droit des affaires. Vous aurez beau avoir le plus merveilleux des LLM, témoignant de votre capacité à vous adapter et appréhender des réalités nouvelles, il vous manquera la base, le socle. Si les recruteurs sont friands de LLM, Sciences Po, HEC et autres doubles formations, ils exigent d'abord et avant toute chose une formation en droit complète. Ce n'est pas là une exigence pour faire joli sur le CV : c'est véritablement une nécessité car l'année en M2 de droit des affaires vous professionnalise énormément et vous prépare réellement à la pratique professionnelle du droit et du monde des affaires.
Aujourd'hui, avec les problèmes de chômage, l'inflation des diplômes, la concurrence entre les jeunes diplômés et le plausible rapprochement des professions d'avocat et de juriste d'entreprise, je vous inciterais à passer le CRFPA. Un certain nombre de juristes d'entreprises est d'ailleurs titulaire du CAPA et si certains ont exercé la profession d'avocat quelques temps avant de trouver un poste de juriste d'entreprise, un certain nombre ne l'a jamais exercée et a rejoint l'entreprise dès la sortie du CRFPA. C'est là une réalité qu'il ne faut pas négliger. Durant votre année de préparation, vous avez tout à gagner en effectuant, comme vous l'envisagez, un CCD ou, plus problablement compte tenu de la réalité du marché de l'emploi, un stage. Au CRFPA, vous pourrez profiter de la période PPI pour effectuer le 2nd semestre d'un M2 en droit des affaires que vous auriez commencé en septembre/octobre. Votre CDD ou, plus probablement, votre stage durant l'année de préparation du CRFPA valorisera d'ailleurs votre candidature en M2 professionnel en droit des affaires. C'est une stratégie qui n'est pas rare chez les élèves-avocats : elle permet de combiner et ainsi aller plus vite.
M2 professionnel en droit des affaires, LLM, expérience à l'étranger au Canada , CAPA : vous serez alors prêt pour vous vendre dans les meilleures conditions auprès des recruteurs. Je vous souhaite en tous les cas toute l'énergie suffisante et le courage. Etant passé par là, je sais que ce n'est pas toujours facile mais je sais aussi que c'en vaut la chandelle, quelques années difficiles pour une longue vie heureuse. Vous n'avez aucune raison de vous sousestimer. Et si j'ai adopté un franc parler, c'est volontairement pour éviter la langue de bois et viser à l'essentiel, faire saisir les réalités du monde actuel. N'hésitez pas à me solliciter au besoin.