Géraldine, quel est votre parcours ? Pouvez-vous vous présentez ?
"Je suis inscrite au Barreau depuis 2003. J’exerce principalement en droit des affaires, propriété intellectuelle et nouvelles technologies.
J’ai d’abord poursuivi mon cursus universitaire en droit privé à l’Université de Poitiers, l’une des plus anciennes universités de France, qui a accueilli en son sein d’éminents juristes comme Jean Carbonnier, René Savatier ou Gérard Cornu.
En 2000, j’ai profité du programme ERASMUS en maîtrise pour partir étudier en Suède, à l’Université d’Uppsala. Cette expérience m’a énormément enrichie et apporté une ouverture d’esprit et une approche moins académique mais plus pragmatique du droit (malgré un climat plutôt rude en hiver, et l’apprentissage du vélo sur la neige à -17°C…).
A mon retour, je me suis naturellement orientée vers le droit européen des affaires en 3ème cycle, que j’ai effectué à la Sorbonne, à Paris I.
Ensuite, j’ai préparé l’examen d’entrée à l’Ecole d’Avocats tout en étant assistante de justice au pôle financier du TGI de Paris, pendant un an. J’étais l’assistante de Mme BOIZETTE, Doyen des juges d’instruction à cette époque. J’ai eu la chance de pouvoir travailler sur des dossiers très intéressants et de croiser quelques illustres magistrats.
Je conseille à ce titre vivement à ceux qui souhaitent s’enrichir d’une expérience au sein d’un tribunal de postuler pour de tels postes, spécialement adaptés aux étudiants en droit.
La suite de mon parcours est un peu atypique car avant de décider de me mettre à mon compte, j’ai travaillé certes d’abord en cabinet, en tant que collaboratrice, mais ensuite en entreprise, dans un grand groupe français, en tant que juriste. J’ai appris à y travailler en équipe et à m’intégrer dans un process d’entreprise, où l’on travaille en mode projet, en interconnexion avec les différentes directions : marketing, communication, RH, financière … Cela me permet aujourd’hui de bien comprendre le chef d’entreprise et les contraintes décisionnelles ou opérationnelles auxquelles il est confronté quotidiennement. Je porte sur mes dossiers un regard plus pragmatique et répond concrètement aux questions soulevées en « décomplexifiant » la matière juridique pour la rendre compréhensible à mes interlocuteurs.
En 2010, j’ai décidé de sauter le pas et de créer mon propre Cabinet. J’étais de plus en plus amenée à travailler sur des questions de propriété intellectuelle et étant par ailleurs artiste dans l’âme, j’étais sensible aux questions de droit d’auteur. Raison pour laquelle, en parallèle de mon lancement d’activité, j’ai renoué avec les bancs de la fac de Poitiers malgré les 10 ans d’écart qui me séparaient des autres étudiants, pour suivre le MASTER 2 en propriété intellectuelle de Mr GAUDRAT. "
La propriété intellectuelle, vous le conseillez aux futurs avocats comme spécialité ?
Tout l’intérêt de la propriété intellectuelle est qu’elle ne se cantonne pas aux questions de droit d’auteur des artistes, mais elle touche de nombreuses créations qui peuvent être réalisées en entreprise, je pense aux designers, infographistes, stylistes… Elle concerne également le droit des marques, brevets, dessins et modèles… Son champ d’application est donc très vaste. Chacune de ces matières pourrait en elle-même faire l’objet d’une spécialité. En ce sens, les problématiques sont nombreuses. Cette matière est fortement influencée par le droit communautaire et plus largement par le droit international.
De plus, la propriété intellectuelle est une matière vivante qui ne cesse d’être d’actualité avec le défi soulevé par Internet et les nouvelles technologies. On le constate, la propriété intellectuelle devient même un enjeu sociétal autour du débat sur le téléchargement d’œuvres musicales ou cinématographiques.
Elle reste néanmoins une matière de niche et de plus en plus de Cabinets cherchent à attirer des compétences dans ce domaine.
Pourquoi, après avoir exercé dans de cabinets renommés, vous être lancée dans l’aventure du cabinet personnel ?
Forte de toutes ces expériences, en Cabinet et en entreprise, je suis arrivée à la conclusion que je devais me lancer dans l’aventure du Cabinet individuel si je voulais continuer à m’épanouir dans ce métier passionnant mais parfois difficile d’Avocat. J’avais acquis la certitude que j’avais besoin d’indépendance, tant dans la façon d’appréhender ce métier, que dans la façon de construire une relation durable avec mes clients. Derrière chaque dossier, il y a une personne avec ses contraintes et ses attentes.
Une conviction me porte : celle de promouvoir la place du droit dans notre société en tant qu’outil de construction et de développement et non en tant qu’épée de Damoclès…
Cet engagement est aussi celui d’un projet entrepreneurial que je souhaitais voir aboutir depuis longtemps.
La place des femmes vous semble-t-elle avoir changé ces dernières années dans la profession d’avocat ?
Oui, bien évidemment. Mais cette place dans la profession d’avocat, les femmes ont dû la conquérir, au détriment, bien souvent de leur vie personnelle. C’est ce que je déplore dans la profession. Vous voyez toujours très peu de femmes à la tête de Cabinets renommés ou associées.
Or la nouvelle génération aspire à plus d’équilibre, que ce soit les hommes ou les femmes d’ailleurs, sans pour autant devoir renoncer à sa carrière. Et les enjeux sont d’importance si l’on veut faire évoluer les pratiques. Pour vous donner un ordre d’idée, le barreau de Paris, avec plus de 24.000 avocats, est l’un des barreaux les plus féminins au monde : plus d’un avocat sur deux est une femme.
Notre Bâtonnier, Me Christiane FÉRAL‐SCHUHL, dont je salue les initiatives courageuses sur ce sujet, a pris la mesure de ces nouveaux défis pour notre profession. A ce titre, Le barreau de Paris a pris des initiatives telles que la Charte " Chance collaboration ". Notre Bâtonnier a également signé le Pacte de l’égalité conçu par le Laboratoire de l’égalité, le 4 juillet 2012, pour faire avancer l’égalité́ professionnelle hommes-femmes dans la société comme au sein des cabinets d’Avocats. Le Barreau de Paris est ainsi le premier ordre professionnel à porter officiellement ces valeurs.
Reste maintenant à mettre tout cela en pratique !
Pour finir, quels sites internet vous sont utiles dans votre quotidien d’avocat et professionnel du droit ?
Outre un abonnement à une base de données juridique pour des recherches plus pointues, je consulte très régulièrement le site du Village de la Justice, qui est un outil de référence dans le domaine du droit. J’utilise également les sites institutionnels tels que celui de l’Assemblée nationale, du Sénat ou Legifrance. En propriété intellectuelle, les sites de l’INPI, OHMI ou OMPI (marques essentiellement), me sont très utiles. Le site europa.eu en droit communautaire est également incontournable. J’utilise enfin le site Hub Avocat, un réseau conçu pour les avocats, pour leur faciliter la pratique du droit (postulations…) et permettre les échanges entre Confrères.
Merci ! signalons aussi votre site internet : www.avocat-laly.com
