Thanh-Tuyen Nguyen Tran, une autre façon d'être avocate ?

Thanh-Tuyen Nguyen Tran, une autre façon d’être avocate ?

Rédaction du village

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Explorer : # entrepreneuriat # profession d'avocat # médiation # technologie

Rencontre avec une jeune avocate de la génération Y qui a choisit “une autre façon d’être avocate”.

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Thanh-Tuyen est avocate à Paris. Elle a prêté serment en 2010 et s’est installée en 2011, ce qui est très rapide. Elle nous avoue n’avoir pas été convaincue par le fonctionnement de sa première collaboration dans un cabinet, et surtout avoir toujours eu envie de s’installer, comme une culture familiale et une envie de longue date.
Elle est donc entrepreneuse dans l’âme autant qu’avocate, en parfaite cohérence avec le caractère entrepreneurial du métier d’avocat.

Elle propose principalement un accompagnement juridique aux entrepreneurs et aux entreprises, TPE, PME, ETI, start-ups, pour la création de leur structure et la vie de leur société.

Thanh-Tuyen exerce seule pour l’instant, profitant depuis son installation de l’appui de la pépinière d’avocats du barreau de Paris (tant en terme de fonctionnement que pour le coût réduit). C’est aussi le “co-working” auquel elle tient : “L’aspect "co-working" de la Pépinière m’a séduit, tant pour les possibilités de rencontres et d’échanges entre confrères que pour les aspects purement matériels de partage de moyens qu’elle offre. La Pépinière a été pour moi un véritable tremplin qui a permis de me lancer dans l’aventure de l’installation.  ” [1]

Nous avions envie de vous parler d’elle car elle incarne cette fameuse génération Y qui est arrivée sur le marché du travail, avec ses envies nouvelles et exigences propres... Mais comme on l’a déjà vu et comme nous le confirmerons, Thanh-Tuyen, si elle a en effet ses propres envies et projets, apporte avant tout une touche de modernité sans modifier le fonctionnement profond du métier d’avocat.

“Une autre façon d’être avocat”, un slogan mais surtout un état d’esprit.

Thanh-Tuyen place ce slogan tout en haut de son site internet, mais on sent bien que chez elle cela va bien au-delà de la communication. De fait, elle justifie cette phrase par de nombreux points.

Sur le fond, Thanh-Tuyen veut apporter une vraie réponse aux clients et apporter un conseil tant préventif que récurrent, en s’investissant par l’intégration la plus fine possible dans la vie de l’entreprise cliente. Elle se déplace ainsi souvent chez ses clients pour rencontrer plusieurs intervenants si nécessaire lors de réunions tant opérationnelles que prospectives.

Les clients apprécient ce déplacement et le temps gagné pour eux, le point complet fait régulièrement avec leur avocate et l’anticipation faîte sur de nombreux points.
Développer son offre de service à ses clients est une vieille recommandation faîte aux avocats ; Thanh-Tuyen l’a intégré dès le départ.

"Je pense que le contentieux judiciaire n’est pas une solution favorable pour mes clients et je privilégie la recherche d’une solution amiable par tous les moyens (conciliation, médiation, arbitrage, procédure participative, droit collaboratif), pour réduire les frais de justice et raccourcir les délais."
Mais les clients ne s’attendent-ils pas, question de culture médiatique, à aller au procès à chaque fois ? “C’est souvent leur première idée que d’aller au contentieux, mais chaque fois que cela est possible je leur explique qu’il est parfois plus intéressant de trouver une solution plus rapide et moins coûteuse, globalement, pour l’entreprise.” Elle fait ainsi régulièrement appel à des médiateurs, en ayant d’ailleurs pour projet de développer sa propre compétence en droit collaboratif et médiation.

Extrait de son site internet.

Sur la forme, “je pense qu’il est nécessaire de repenser le métier d’avocat et de l’adapter aux exigences du marché actuel. J’ai donc mis en place tous les outils possibles afin d’innover en permanence sur notre manière de travailler (NDLR : avec ses clients), pour d’assurer la meilleure qualité à mes prestations et suivre le fonctionnement de mes clients.

Je gère les dossiers sur le modèle de la « gestion de projet » : Pour moi, un avocat est un « ingénieur du droit » , un « prestataire de services juridiques » qui doit s’engager avec son client sur des procédures et délais, donnant ainsi de la visibilité au client, tout en se rapprochant de son mode de fonctionnement. Ce langage commun apporte le maximum d’efficacité et de visibilité à tout le monde."

En pratique, un calendrier de travail est défini et mis à jour pour chaque étape du dossier et l’avocate informe régulièrement ses clients des avancées de l’affaire (un reproche souvent fait aux avocats, le manque de communication en cours de dossiers, n’a pas cours ici).

Par ailleurs, je suis convaincue que l’utilisation des nouvelles technologies permet de proposer la meilleure qualité de service au prix le plus compétitif, par la réduction des coûts de structure, de fourniture et de gestion”.

Application ?

“D’abord la dématérialisation : tous les dossiers sont dématérialisés afin de limiter au maximum l’utilisation de papier et accélérer la communication . De même, je n’utilise que des ressources documentaires numérisés.”

L’écologie et le respect de l’environnement sont également des valeurs qu’elle défend, qui rejoignent d’ailleurs les préoccupations de réduction de coût et de dématérialisation : Thanh-Tuyen utilise souvent un outil de conférence virtuelle, permettant de travailler à distance sur un dossier avec ses clients.

Ces outils sont déjà standards et accessibles, tel Skype pour la vidéoconférence, la numérisation des documents avec un scanner classique, le RPVA et la signature électronique.

Autre choix de Thanh-Tuyen : La facturation se veut claire et précise.
Parce que je sais que la prévisibilité du budget est primordiale pour le client, je privilégie la facturation au forfait pour toutes les prestations de conseil, sous forme de pack.”
Il faut évidemment positionner l’offre pour qu’elle réponde aux attentes des clients en contenant les frais pour lui tout tout en étant rentable pour le cabinet. Un exercice qui ne semble pas inquiéter Thanh-Tuyen, qui bénéficie de frais de structures minimes, un atout pour ce type de facturation.

Thanh-Tuyen sait aussi communiquer pour développer son activité. Elle utilise ainsi quotidiennement Twitter, pour échanger et faire de la veille, et parvient ainsi parfois à entrer en contact avec des clients potentiels.

Elle est par ailleurs partenaire d’un prix “TPE PME”, s’offrant une visibilité en apportant un coaching juridique des lauréats.

Enfin, elle écrit dans des magazines pour entrepreneurs et participe à des ateliers de formation en ligne ou “physiques” pour les entrepreneurs (dans le cadre d’incubateurs ou d’organismes de formation). Une avocate volontariste donc !

Sur le fond de son métier, Thanh-Tuyen nous confie ce qui l’anime au-delà de son métier d’avocat : “Il m’importe de ne pas oublier que je ne suis pas qu’avocate, mais aussi femme, et mes choix professionnels visent aussi à mieux faire cohabiter ma vie professionnelle et ma vie personnelle”, en phase en cela avec son temps, qui conduit les femmes à vouloir mener de front et à égalité leur carrière et leur vie de femme... Un souhait tant générationnel que... logique en terme d’équilibre de vie (qui dit “équilibre” dit deux aspects, tels la balance !).

“Je souhaite aussi soutenir la place des femmes avocates et entrepreneuses, et d’une manière générale développer les moyens d’une conciliation réelle entre la carrière professionnelle et la vie privée.”. En phase là encore avec son époque et avec Madame le Bâtonnier de Paris...

A la lecture de ce portrait, vous conclurez peut-être que cette génération Y ne bouleverse finalement pas tout, semblant surtout à la recherche de plus d’équilibre de vie que ses aînés (davantage portés à leur époque par une soif de privilégier le travail et la carrière), tout en étant réaliste et exigeante sur l’exercice quotidien du métier d’avocat.

Une génération également qui ne renie pas toute envie d’évolution, car en intégrant tous les avantages des nouvelles technologies et d’autres modes de travail, elle joue à fond la carte du réseau (humain cette fois) pour saisir toutes les opportunités...

Une autre façon de développer son cabinet, mais finalement pas une autre façon de voir la profession.

Son site internet : http://www.nguyentran-avocat.com

Rédaction du village

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Notes de l'article:

[1co-working, un terme à la mode médiatique, en fait très proche dans le principe d’un schéma assez classique dans la profession, appelé partage de moyens : C’est le principe de l’espace de travail partagé, mais aussi du réseau d’échanges sur place.

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Discussion en cours :

  • par Eric Amar , Le 12 février 2013 à 10:07

    Bonjour,

    Profil et credo intéressant, en effet, mais ceci ne me semble nullement nouveau , au moins dans le monde des juristes d’entreprise :

    Depuis au moins une quinzaine d’années, nous privliégions une approche pragmatique et participative avec nos clients internes, en faisant partie des éauipes projets.

    Depuis des années, nous privilégions une approche non judiicaire des conflits, à la fois en les prévenant et en orientant le dossier, lorsque c’est possible, vers une voie transactionnelle.

    Mais Ms nguyen Tran nous apprend, il est vrai, que les avocats commencent, avec certes une quinzaine d’années de retard, à comprendre les besoins des entreprises.

    Félicitations en tous cas pour son approche.

    cordialement

    Eric Amar

    Directeur Juridique

    SDV Logistique Internationale ( Groupe Bolloré)

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