Une histoire passionnante que celle de Jeanne Chauvin. Elle est à faire connaître aux plus jeunes comme aux lecteurs chevronnés. En effet, Jeanne Chauvin fait partie de ces pionnières qui ont investi des espaces professionnels, sociaux, politiques... que la bien-séance et la bien-pensance, qui prédominaient jusqu’à la fin du XIXe siècle, réservaient aux hommes.
Jeanne Chauvin est née en 1862. C’est une jeune fille brillante et persévérante, elle obtient deux baccalauréats, en Lettres et en Sciences, et deux licences, en Philosophie et en Droit en 1890, devenant ainsi la deuxième femme de France titulaire d’un diplôme dans le domaine juridique. En 1892, elle devient la première Française à soutenir son doctorat en droit (son travail était consacré à "l’étude historique des professions accessibles aux femmes").
Docteur en Droit, elle est nommée professeure au sein de plusieurs lycées parisiens pour jeunes filles auxquelles elle enseigne des notions de droit civil et droit commercial notamment. Elle leur permet d’ouvrir ainsi leur esprit aux notions juridiques.
Le 1er décembre 1900, la loi permettant aux femmes d’accéder au barreau et à la plaidoirie est promulguée. Jeanne Chauvin, dont l’envie de plaider est forte, prête le serment d’avocat et devient, en 1901, la première femme avocate à plaider. Elle ouvre ainsi la voie de l’avocature à ses concitoyennes.
En parallèle de ses métiers de professeure et d’avocate, Jeanne investit la vie associative et militante et rejoint l’association l’Avant-courrière [1]. C’est dans ce cadre qu’elle rédige le projet de texte de la loi du 13 juillet 1907 loi du 13 juillet 1907 sur le droit pour les femmes mariées de disposer librement de leur salaire.
L’avènement des femmes dans le monde professionnel, ne se fait pas sans heurts et Jeanne Chauvin sera souvent conspuée, incomprise, esseulée. Mais cela ne fait rien, elle va de l’avant, pour elle, mais surtout pour les autres, pour toutes les autres.
Cette bande dessinée aux couleurs et graphisme élégants met à l’honneur ce destin passionné et volontaire. C’est également l’occasion de faire « un voyage illustré dans le Paris de la Belle Epoque ».
Cédons la parole à Aurélie Chenay, scénariste de cette bande dessinée.
Le Village de la Justice : Quelles ont été les motivations à la réalisation de cette bande dessinée ?
Aurélie Chaney : « Jeanne Chauvin fait partie des femmes qui ont marqué l’histoire de France. Pourtant, il existe extrêmement peu d’ouvrages documentés la concernant.
Avec “Jeanne Chauvin, la plaidoirie dans le sang”, je souhaitais rendre hommage au parcours exceptionnel de Jeanne Chauvin, dont la volonté sans faille a permis d’ouvrir la profession d’avocat aux femmes dès décembre 1900. J’avais également à cœur de faire connaître ses différents combats en faveur de l’émancipation féminine, assez peu connus du grand public. Je pense notamment à la loi du 13 juillet 1907 sur le droit pour les femmes mariées de disposer librement de leur salaire, dont le projet a été rédigé par Jeanne Chauvin à la demande de l’association l’Avant-Courrière ».
Pourquoi justement avoir choisi le format de la Bande-dessinée ?
« Le format dessiné offre au lecteur un voyage illustré dans le Paris de la Belle Epoque, grâce au travail remarquable réalisé par Djoïna Amrani, la dessinatrice qui m’a accompagnée sur ce projet ».
S’il ne fallait en retenir qu’un, quel est le point fort de cet ouvrage ?
« Cette bande dessinée offre un bel aperçu de la condition des femmes sur la période concernée.
L’ouvrage esquisse, en effet, nombre de sujets politiques et sociaux qui ont grandement marqué la fin du XIXe siècle, tels que l’épineuse question de l’éducation des jeunes filles, celui du rôle dévolu aux femmes dans une société encore très patriarcale et bien entendu les difficultés rencontrées par certaines jeunes femmes pour accéder à des professions considérées jusqu’alors comme réservées aux hommes, telles que la profession d’avocat… »
Voudriez-vous brièvement vous présenter ?
« Avocate de formation, j’ai exercé la profession d’avocat pendant près de 7 ans avant de me tourner vers le métier de juriste d’entreprise. Je partage aujourd’hui mon temps entre mon métier de responsable juridique et l’écriture de scénarios de bande dessinée ».
Informations techniques :
Scénariste : Aurélie Chaney ;
Dessinateur : Djoïna Amrani ;
Editeur : MARAbulles ;
EAN : 9782501163460 ;
Date de parution : 23/08/2023 ;
Prix du format papier : 23,95 euros ;
Prix du format numérique : 16,99 euros ;
Nombre de pages : 176.
À lire également dans le numéro 15 de la revue Actus des Barreaux à ce sujet, l’article d’Alain Baudin.
Bonne lecture !