Le concept de formation par le jeu n’est pas, en effet, une nouveauté. Les formats possibles sont très variés : quizz, jeux de simulation, jeux de société, « serious game » … Les possibilités sont infinies pour trouver celui qui sera le plus adapté à ses besoins et à ses moyens. Et les solutions ludiques s’adressent à tous les publics - étudiants, professionnels du droit ou salariés d’une entreprise.
Si les outils numériques facilitent la création de ces formats ludiques - et leur accessibilité, en permettant une formation à distance - cette « gamification » peut aussi se traduire par des jeux plus classiques, en face à face. À titre d’exemple, le jeu de société créé par la direction juridique d’Immochan France, [Et qui avait remporté les deux Prix de l’innovation en management juridique en 2016.]] À destination des équipes opérationnelles, leurs jeux de plateau permettaient d’acquérir une culture juridique sur deux thématiques : le montage d’opération et le bail commercial.
Ou encore le projet présenté la Conserverie La belle-iloise, qui a créé un escape game afin de former une centaine de collaborateurs au RGPD.
Les applications de cette « gamification » sont donc multiples, et présentent de nombreux avantages. En plus de briser l’image rébarbative du droit, les créateurs de telles solutions constatent que les notions inculquées par ce biais sont acquises durablement par les joueurs. Un enjeu important quand les règles de droit ne doivent plus rester la seule affaire des juristes. L’exemple du RGPD est très parlant : pour s’assurer que l’entreprise respecte le règlement, il est important que chaque salarié en comprenne les enjeux et modifie ses pratiques, pour garantir la conformité de l’entreprise.
Mais ces solutions ludiques ne transmettent pas que des notions de droit : elles permettent aussi d’apprendre de nouvelles méthodes de travail et de management, ainsi que le travail collaboratif, quand il s’agit de jeux en équipe. Le jeu devient alors un outil pour acquérir des soft skills aujourd’hui essentiels dans les nouvelles organisations.
Le fait de « faire » permet également de développer sa créativité et son agilité. Plus encore, elle « apprend à apprendre » : en adoptant de nouvelles règles de jeu, on accepte d’entrer dans un univers inconnu, et de s’y adapter. Une qualité indispensable dans les conditions actuelles, car le numérique nous oblige aujourd’hui à changer nos méthodes et nos comportements face à des transformations rapides et complexes. L’agilité d’apprentissage est alors un atout pour s’adapter à un environnement en perpétuelle évolution, tout en restant autonome.
Enfin, la gamification peut également s’inviter dans la relation clients, notamment pour les avocats.
Le jeu aurait donc de beaux jours devant lui dans le monde du droit. Alors, la gamification réussira-t-elle à rendre le droit fun ?
D’autres exemples de gamification :
Nous avons testé pour vous un jeu des 7 familles proposé par un cabinet d’avocats spécialisé en IT et "Le serpent juridique", le jeu pour connaître les grands arrêts sur le bout des doigts., ainsi que Ténor, qui sera le meilleur avocat ? et enfin "Remise de Peine Supplémentaire" : un jeu pour prévenir la délinquance.
(2025) Le cabinet Admys avocats a créé un "serious game juridique sur les modifications contractuelles en marchés publics". (Source : Matthieu Kluczynski, Avocat associé au sein du Cabinet Admys Avocats sur Linked In.)
Aux Éditions Dalloz, vous trouverez le CoDeck Challenge. 100 questions pour tester vos connaissances juridiques, dans 10 matières : Droit civil et droit des personnes, Droit des obligations, Droit de la famille et Droit des biens, Droit constitutionnel, Droit pénal et Procédure pénale, Histoire du droit, Droit européen, Droit administratif, Droit des affaires, Droit social.
La société Dômes Pharma qui a créé un jeu sur le RGPD inspiré de l’émission télé "Burger Quizz" [1]
Vincent Chauveau, Notaire, a quant lui créé un jeu de société, "Maka7" [2], sur l’héritage [3]
La société Michelin a développé un jeu de formation et de sensibilisation à destination des salariés sur les risques liés au non-respect de la loi anti-trust.