[Nouvelle parution] "Pardonner", quand la justice restaurative apparaît comme une nécessité.

[Nouvelle parution] "Pardonner", quand la justice restaurative apparaît comme une nécessité.

Marie Depay,
Rédaction du Village de la Justice.

974 lectures 1re Parution: 5  /5

En guise de titre, un verbe tout simplement, mais pas n’importe lequel : "Pardonner". Un verbe fort, puissant qui donne la tonalité de ce livre. Mais que pardonner ? À qui ? Rien de moins qu’un meurtre, qu’une meurtrière... Tâche insurmontable pour certains, c’est pourtant ce qu’a fait Anaïs Gletty, victime "collatérale" de l’assassinat de son père et auteure de ce témoignage sincère qui se lit d’une traite !
La Rédaction du Village de la Justice vous invite à prendre connaissance de ce témoignage qui entraine le lecteur au cœur de la justice pénale, puis de la justice restaurative. Sans voyeurisme, l’occasion est donnée de vivre de l’intérieur le cheminement d’une victime jusqu’au pardon de la personne ayant assassiné son père. L’occasion de lire pour la première fois le face-à-face entre une victime et une accusée, sans a priori, sans animosité ni reproche, et ce, par l’intercession du processus de justice restaurative.
Nous tenons à présenter ce livre, car c’est la première œuvre littéraire qui parle de la justice restaurative de façon réelle et non pas sous la forme d’une fiction. Une lecture pouvant être utile à chacun de nous.

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Dans son livre, "Pardonner" Anaïs Gletty, avec l’aide de la journaliste Nathalie Mazier, témoigne de sa vie depuis l’assassinat de son père en février 2012 à sa rencontre en juin 2023 avec Bettina, auteure de ce crime.
De façon chronologique, le lecteur vit avec elle, l’annonce de la disparition de son père, l’enquête qui mène à la découverte du corps, les aveux de Bettina auteure de l’assassinat, le procès, sa volonté farouche de rencontrer Bettina afin de pouvoir se reconstruire, leur correspondance, le long processus de justice restaurative qui aboutit à leur rencontre.
Un témoignage puissant, qui semble si naturel, où l’on ressent les sentiments d’Anaïs Gletty et toujours cette volonté tenace de s’entretenir avec Bettina (souhait qui peut paraître incongru pour certain).
Elle y parviendra, il lui faudra attendre 11 ans... grâce la justice restaurative.
Une phrase d’Anaïs Gletty résume bien à nos yeux l’aboutissement de son "combat" : « Dans cette pièce, il n’y a plus ni victime, ni accusée. Seulement deux personnes qui viennent se raconter la triste histoire qui les lie (...) » (page 185).

En conclusion de son témoignage, l’auteure se dit réparée par la justice restaurative. Elle évoque aussi le point de vue de l’accusée, pour qui l’aboutissement de ce processus a été la vraie libération ; la rencontre qui en a découlé lui a permis de s’autoriser à déverrouiller ses projets de vie de femme libre.

L’entretien de la Rédac’ avec Anaïs Gletty.

Quelles ont été vos motivations à la rédaction de ce témoignage ?
« Lorsque j’ai commencé la rédaction de mon témoignage, j’étais déjà inscrite dans le processus de justice restaurative, mais la rencontre avec Bettina n’avait pas encore eu lieu. Aussi, dans un premier temps, mes motivations furent totalement personnelles, je souhaitais laisser une trace de mon histoire à ma famille, à mes enfants. Puis, dans un second temps, elles sont devenues plus altruistes. Voyant les bénéfices de la justice restaurative sur mon vécu, j’ai souhaité faire connaître cette dernière au plus grand nombre ».

S’il ne fallait en retenir qu’un, quel est le point fort de votre livre ?
« Pour le lecteur, le point fort de ce livre est que c’est un témoignage, qui apporte quelque chose de réel sur la justice restaurative, ce n’est pas une fiction.
À titre personnel, ce sont toutes les portes que ce témoignage m’ouvre. J’ai pu, par exemple, participer à des conférences pour parler de la justice restaurative et je souhaiterais pouvoir parler de ce processus auprès des prisonniers ».

Qu’auriez-vous fait si Bettina n’avait pas répondu à la première de vos lettres ?
« Je ne me suis jamais posée cette question..., mais, je pense que ma motivation était telle que j’aurais persévéré, par tout moyen, dans ma volonté d’échanger avec elle. Il me fallait à tout prix la rencontrer ».

Quel regard portez-vous sur le processus de justice restaurative et de ses acteurs ? Quelle leçon en tirez-vous ?
« Mon regard est hyper positif, j’avais besoin de ce processus pour pouvoir poursuivre ma vie. C’est un outil bénéfique, qui m’a beaucoup apporté, peut-être aussi parce que l’équipe qui m’a prise en charge était bien formée.

À mon sens, la justice pénale et la justice restaurative se complètent. Le procès, pénal, et donc le passage devant une juridiction, permet de faire connaître à la société qu’un tort a été causé et qu’une sanction a été attribuée. La justice restaurative quant à elle est le temps de l’écoute, des réponses. Au final, il n’y a plus de victime et d’accusé, mais des personnes qui se rencontrent et ont une histoire qui le lie ».

Faut-il du courage pour s’inscrire dans un tel parcours ?
« Je ne sais pas s’il faut parler de courage pour se lancer dans un tel processus... mais de l’envie, c’est certain, de la persévérance aussi ».

Quels conseils donneriez-vous à une personne souhaitant bénéficier de ce processus de réparation ?
« Il faut être bien entouré(e), par ses proches et/ou par des professionnels. À ce titre, une aide psychologique peut être proposée par l’équipe en charge du processus de justice restaurative.
Pour se lancer dans un tel processus, il faut avoir bien avancé soi-même sur le chemin de la reconstruction pour envisager de revoir la personne qui nous a causé du tort, qui nous a blessé.
Également, il faut être persévérant, le processus se faisant sur un temps long, ce n’est pas toujours facile, on se pose des questions sur le bien fondé de la démarche, il y a de la peur parfois aussi. Une chose est rassurante, c’est que le processus peut être arrêté à tout moment ».

Informations techniques :

Titre : Pardonner ;
Auteur : Anaïs Gletty accompagnée par Nathalie Mazier ;
Éditeur : Mareuil Éditions ;
ISBN : 978-2-372-54354-5 ;
Parution : mai 2024 ;
Prix : 20 euros ;
Nombre de pages : 209.

Marie Depay,
Rédaction du Village de la Justice.

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