Village de la Justice : Voudriez-vous nous présenter le barreau de Grenoble ? Quelles en sont selon vous les spécificités ?
Michèle Girot-Marc : « Avec ses 630 avocats (pour 157 477 habitants) [1], le barreau de Grenoble fait partie de la “Conférence des 100” où il tient la 17e place. Et 66% des avocats qui le composent sont des avocates.
C’est un barreau à fort potentiel !
Le barreau a des avocats spécialisés dans tous les domaines, y compris les plus pointus, tels les domaines de la cybercriminalité, du RGPD, du droit des marques, des nouvelles technologies, de l’environnement. Il comporte également des avocats spécialisés sur des secteurs classiques, que le droit pénal, famille, droit du travail, droit des sociétés... De plus, il dispose d’une véritable politique de formation.
Pour moi, il est indispensable que le savoir-faire de notre barreau soit corrélé par le faire savoir. Il est donc impératif que les justiciables aient conscience du potentiel du barreau ; qu’ils en connaissent les talents. Le barreau doit donc communiquer ! »
Quels sont, selon vous, les avantages pour un justiciable de choisir la proximité et de faire appel à un avocat de sa ville ?
« Certains justiciables peuvent penser qu’en prenant un avocat parisien ou un avocat lyonnais, ils seront mieux défendus. Je m’inscris en faux face à cette idée reçue, notamment, car l’avocat "du cru" connaît le magistrat ainsi que les habitudes de la juridiction. Cette connaissance de son environnement est un point fort et permet de mener à bien son dossier, de connaître à la fois la jurisprudence locale, et de connaître peut-être le point de droit sensible sur lequel le magistrat est très compétent et attend d’avoir un éclaircissement sur ce dossier, etc. Cela permet d’être plus précis et de gagner du temps. Après, chacun fait ce qu’il veut et chacun a le choix de son conseil ».
Le barreau de Grenoble manque-t-il d’avocats ?
« Ce n’est pas qu’il manque d’avocats, mais il est en capacité d’accueillir beaucoup plus d’avocats.
Par contre, depuis l’école des avocats a été centralisée à Lyon, peu d’avocats reviennent sur Grenoble. Il y a un vrai déficit d’attractivité par méconnaissance de son potentiel professionnel, et c’est aussi la raison pour laquelle la communication est importante. Il faut faire savoir aussi aux jeunes confrères que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. De plus, le barreau doit être vigilant à l’évolution de la pyramide des âges.
Il m’incombe de rappeler aux avocats que Grenoble propose une qualité de vie agréable tant sur le plan personnel que professionnel ».
Que diriez-vous aux avocats pour les faire venir au barreau de Grenoble ?
« Je leur dirai deux choses : premièrement, le barreau de Grenoble est un barreau de taille idéale, il fait partie des 20 plus gros barreaux de France, mais est à taille humaine et où tous les avocats se connaissent. Et, en second lieu, c’est un barreau où on n’est loin de rien.
La situation géographique du barreau est avantageuse : on est très proche des montagnes (on peut voir la neige, la nature de nos fenêtres) et pas très loin de la mer. Proche aussi des grands axes, que ce soit de l’Italie ou de la Suisse.
La taille du barreau de Grenoble est attractive, car tous les avocats se connaissent. Quand se présente une difficulté, on se passe un coup de téléphone, plutôt qu’un courrier incendiaire à quelqu’un qu’on ne connaît pas.
Donc, je milite pour le développement du barreau de Grenoble, parce qu’on a encore une large capacité d’accueil.
Le barreau cherche des collaborateurs, et il est des domaines où il y a de la place. Et, c’est aussi la raison pour laquelle je veux développer la qualité de vie au travail, c’est aussi pour dire aux confrères qui auraient la tentation de rester dans des mégalopoles, "venez sur des barreaux plus petits ; venez chez nous, vous y serez bien !" »
Propos de Me Girot-Marc recueillis le 24 janvier 2024.