Sélection Liberalis du week-end : Escapade dans les richesses de l’Angoumois et de la Charente Limousine.

(Découvrir /Tourisme) : Escapade dans les richesses de l’Angoumois et de la Charente Limousine !

Par Jean-Louis Roux-Fouillet

Les Charentes regorgent de sites patrimoniaux prestigieux qui contribuent grandement à sa renommée touristique, qu’ils soient situés dans ses villes, villages ou le long de son littoral. Elle s’enorgueillit d’avoir six monuments ou sites inscrits sur la liste prestigieuse du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco et largement plus d’un millier de monuments classés ou inscrits aux monuments historiques.

Du phare de Cordouan à Fort Boyard, du chantier de l’Hermione à l’Hôpital des Pèlerins de Pons, de la Corderie Royale au dernier pont transbordeur de France à Rochefort, des arènes de Saintes à l’abbaye royale de Saint-Jean d’Angély, en passant par l’Île d’Aix et des trésors moins connus, tels que la fontaine de Saint-Nazaire-sur-Charente ou de nombreuses églises romanes, les Charentes ont des atouts certains pour ceux qui aiment la diversité.

Ce territoire, où l’eau et la terre se mêlent, offre des paysages variés, des marais écologiques aux îles préservées, animés par le Conservatoire du Littoral et la Ligue pour la Protection des Oiseaux.

Intéressons-nous à la ville emblématique des lieux, Angoulême ville de la B.D. et de l’image, son hôtel de ville et ses deux tours médiévales héritées de l’ancien château des comtes d’Angoulême et l’incomparable cathédrale Saint-Pierre, joyau de l’art roman témoignent de la riche histoire de la cité des Valois.

Détails de la façade de Saint-Pierre d’Angoulême ©JLRF

La façade de Saint-Pierre est une Bande Dessinée avant l’heure, un chef-d’œuvre en forme de grand roman de pierre. Ici défilent 216 figures théologiques sur cinq travées et sept niveaux. Tout en haut, un Christ en gloire domine la composition. Il est entouré des quatre figures de l’Apocalypse. Ses traits sont naïfs et délicats. Il a un visage de Miséricorde.
La flamboyante façade de la cathédrale nous invite à passer le porche de l’édifice, dont l’intérieur a fait l’objet d’importantes rénovations.
Le trésor de la cathédrale d’Angoulême, qui n’a pas volé son nom, déploie sur trois salles, plus de 200 objets d’art sacré de la seconde moitié du XIXe siècle, ostensoirs, reliquaires, calices et pièces d’orfèvrerie, vêtements liturgiques et statues, mis en majesté depuis 2016, dans un sublime écrin conçu et scénographié par l’artiste Jean-Michel Othoniel.

Vitrail du trésor de la cathédrale d’Angoulême conçu par Jean-Michel Othoniel ©JLRF

Plus loin au pied des remparts, le Musée du papier a une très longue et belle histoire, écrite depuis le XIXe siècle en symbiose avec l’industrie papetière charentaise. On n’aurait pu rêver meilleur écrin que l’ancien site industriel du Nil, situé à fleur de Charente. Entre la papeterie artisanale, née au XIXe siècle, qui deviendra la fabrique du papier à cigarette Bardou-Le Nil, et la fin de toute activité industrielle, en 1972, cet endroit exceptionnel a connu toutes les étapes de la filière papier... Le musée pérennise la mémoire industrielle et ouvrière du lieu, du fameux « vélin d’Angoulême », qui a fait la réputation de la ville et de la papeterie charentaise de la fin des années 1830 jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Juste de l’autre côté de la Charente, trône depuis 2009 dans de superbes anciens chais, le plus important musée de la Bande dessinée en Europe, et oui, avant celui de Bruxelles ! Ce n’est pas moins de 43 000 albums, français et étrangers, 115 000 exemplaires de périodiques pour plus de 3 000 titres, 12 000 planches et dessins originaux, des objets de bandes dessinées, et des dizaines de milliers d’imprimés (revues, albums, affiches, etc.) qui composent la Cité Internationale de la BD et de l’Image, labellisé Musée de France.
Jusqu’au 10 novembre 2024, l’exposition « Croquez ! la BD met les pieds dans le plat », y propose un voyage sensible au cours duquel la nourriture s’érige peu à peu en témoin et révélateur des évolutions de notre société, voire des excès d’une époque. Des sangliers d’Obélix aux épinards de Popeye, de la morue aux fraises à la crème Chantilly de Gaston Lagaffe aux ramens de Naruto, ou encore de la salsepareille des Schtroumpfs, les exemples de ripailles et de mets plus ou moins raffinés ne manquent pas dans la bande dessinée…

Vitraux des années 50 (à gauche) et du XXIe siècle de l’Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe ©JLRF

Au nord d’Angoulême, blottie entre le fleuve Charente et la forêt de la Boixel, veille depuis plus de 1000 ans, l’ancienne et impressionnante Abbaye bénédictine romane de Saint-Amant-de-Boixe. Mentionnée dès le IXe siècle, elle a été édifiée au XIe et XIIe siècle, grâce à la générosité des comtes d’Angoulême. Ce qui frappe dès l’entrée, c’est le vitrail contemporain créé en 2020 spécialement pour cet édifice, par les maîtres-verriers des Vitraux Dupuy. Cet imposant et magnifique vitrail de neuf mètres de haut et quatre de large illumine le chœur, avec des couleurs à dominante bleue et des formes géométriques inspirées des vitraux latéraux des années 50.
En prime, juste en face découvrez l’atelier du forgeron artisan coutelier Le Fer du Roy.

Entre Angoulême et Limoges, la région naturelle de Charente limousine recèle de trésors qui ont traversé les siècles. Cette escapade, à la fois patrimoniale et ludique, plonge au cœur d’un paysage bocager unique, à l’écart des villes. De bourgs en villages, ses chemins et sentiers invitent à la randonnée pédestre et équestre, au cyclotourisme et parcours VTT ou encore aux activités nautiques.
Au cœur d’un parc de 17 hectares, le coquet Château-Ferme de la Redortière datant du XIXᵉ siècle dominant le lac de Mas Chaban est un lieu idéal pour se ressourcer. Cinq chambres d’hôtes confortables vous y attendent. Le restaurant y propose des produits du terroir confectionné par la maîtresse de maison, et les spécialités régionales issus des productions de la ferme.

Le Château-Ferme de la Redortière en Charente Limousine ©JLRF

La région abrite également une riche collection de sites archéologiques gallo-romains, parmi eux, le site classé monument historique, Cassinomagus, nom d’une agglomération secondaire de l’époque. Son nom viendrait du gaulois « cassano » qui veut dire « chêne » et de « mago » qui lui signifie « marché », soit donc le « marché aux chênes ». Les thermes sont les bâtiments les mieux conservés d’un ensemble qui comprenait également un temple ainsi qu’un théâtre. La construction des thermes remonte au IIe siècle, sur près de 12 500 m² et seront utilisés jusqu’à la fin du IIIe siècle comme bains publics, moment où un incendie les détruisit.

À 25 kms, le Confolentais a obtenu la labellisation « Pays d’Art et d’Histoire ». La bourgade de Confolens a préservé de nombreux édifices de son passé médiéval, offrant une découverte enrichissante à pied. Parmi eux, le donjon, les charmantes maisons à colombages, ainsi que les deux ponts médiévaux méritent une exploration attentive. Le Pont Vieux traverse la Vienne en direction du quartier de la Fontorse, où une magnifique fontaine jaillit, tandis que le Pont du Goire conduit à un ancien quartier de tanneurs.
Chaque année en août, le Festival de Confolens accueille des musiciens et danseurs venus des cinq continents, transformant la cité médiévale en un lieu de festivités pendant six jours.

Vous pouvez terminer votre séjour dans le reposant Domaine de Longeville, situé à Esse, qui offre confort et authenticité dans une demeure des 17ᵉ et 18ᵉ siècle. Ces plus de 100 hectares hébergent chevaux, cerfs et daims en semi-libertés.

Confolens et son pont du 13ᵉ siècle au-dessus de la Vienne ©JLRF

Carnet d’adresses :
Informations sur les Charentes : www.infiniment-charentes.com
Cité Internationale de la BD et de l’Image : www.citebd.org
Château-Ferme de la Redortière : www.chateaudelaredortiere.com
Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe : https://abbayesaintamantdeboixe.fr
Le Fer du Roy : www.leferduroy.com
Domaine de Longeville : https://domaine-de-longeville.com

Photo en logo : Cité Internationale de la BD et de l’Image d’Angoulême ©JLRF