La crise politique des États africains s’exprime le plus souvent par l’absence de démocratie, le système électoral pratiqué, l’inobservation de la légalité constitutionnelle ou le manque de transparence dans le déroulement des élections. Par conséquent, les élections sont dans la plupart des cas source d’instabilité en Afrique puisque le choix d’un système électoral a des effets directs sur les résultats électoraux et a de sérieuses conséquences notamment sur le plan national et politique.
À l’observation, l’Afrique est caractérisée par la pratique de trois types de systèmes électoraux, il convient de rappeler qu’ils ne sont pas les seuls, mais les plus affirmés. De prime, le système dictatorial est un système caractérisé par l’absence d’une démocratie électorale avec un régime centralisé dominant sur toute l’étendue du territoire. La Libye a été une victime de ce système avec le règne du président Kadhafi, règne qui en 2011 a conduit le pays dans une crise politique qui s’est d’ailleurs soldée par de nombreuses pertes en vie humaine. Il faut dire qu’à ce niveau l’instabilité politique a une fois de plus primée sur la paix. Or, la paix reste et demeure une valeur et un instrument capital pour le développement économique et industriel de l’Afrique.
Ensuite, le scrutin majoritaire à deux tours est un mode de scrutin qui permet l’élection d’un candidat après deux tours de scrutin. Les électeurs sont donc appelés à voter une première fois pour l’un ou l’autre des candidats. Un deuxième tour est ensuite organisé, ne mettant en lice que les candidats ayant le plus de voix. Lors de ce second tour, le candidat ayant récolté le plus de voix est élu. Selon les pays, deux ou plusieurs candidats peuvent être admissibles au second tour. Dans la très grande majorité des cas, la loi permet cependant à un candidat ayant rassemblé une majorité absolue de suffrages exprimés au premier tour d’être directement élu.
Ce mode de scrutin est utilisé dans nombre de pays africains pour l’élection présidentielle, c’est notamment le cas de la Côte d’ivoire, du Bénin, du Sénégal, de la République Centrafricaine et du Liberia. Toutefois, il convient de préciser que cette forme électorale n’a pas réalisée son dessein, qui était celui d’accroitre la démocratie électorale, de favoriser la consolidation du multipartisme, d’affirmer davantage le principe de l’alternance, de réduire le taux de contestations notamment après la proclamation des résultats électoraux, de maintenir la stabilité sociopolitique et la paix nationale. À titre illustratif, le cas le plus récent reste celui de la crise ivoirienne et dont le verdict électoral a fait sombrer le pays pendant plus d’un mois. Le scrutin électoral à deux tours est un système électoral qui présente l’inconvénient de favoriser la bipolarisation des forces politiques et reste caractérisé par une importante lenteur dans le processus de dépouillement. La crise politique ivoirienne commence après le second tour de l’élection présidentielle de 2010.
Les deux candidats, Laurent Gbagbo, président sortant et reconnu par le Conseil constitutionnel, et Alassane Ouattara, reconnu par la Commission électorale indépendante et la communauté internationale, revendiquent chacun la victoire. Or, les deux protagonistes s’accusent mutuellement de trafic et d’intimidations envers les électeurs. Cette situation a d’ailleurs donné lieu à de multiples affrontements avec pour conséquence de nombreuses pertes en vie humaine. Il faut reconnaitre que cette crise n’a pas profité à la Côte d’ivoire encore moins à l’Afrique toute entière, une Afrique qui est encore en pleine croissance.
Le système pratiqué est peut être et alors trop complexe pour les jeunes États africains qui jusqu’à ce jour n’ont point affirmé une véritable maturité démocratique. Par contre, Le mode de scrutin majoritaire à un tour est un mode de scrutin reconnu pour sa grande simplicité. Le candidat ayant rassemblé le plus de voix sur un territoire donné est élu en toutes circonstances. Bien qu’il soit fortement décrié il a jusqu’ici assuré la stabilité sociopolitique de certains pays, en l’occurrence le Cameroun. La dernière élection présidentielle c’est encore soldée par une brillante et éclatante stabilité nationale. Un système électoral qui préconise une démocratie libérale avec un multipartisme affirmé, caractérisé par l’existence d’une pluralité de partis politiques. En outre, il s’agit également d’un système moins complexe, de ce fait, plus approprié pour les États moins avancés démocratiquement, car les États africains ne disposent pas des infrastructures modernes capables de mener à bien le déroulement d’une élection présidentielle autre que celle d’un système majoritaire à un tour. Dans le cadre d’un système à deux tours, le décompte est pour la plupart manuel avec pour conséquence la lenteur dans le processus de dépouillement et les accusations de fraudes.
De plus, le système majoritaire à deux tours nécessite une technologie de décompte suffisamment avancée. Par contre, le système majoritaire uninominal à un tour est un système stable dans la mesure où les résultats sont moins contestés et plus fiables. Le Cameroun a longtemps pratiqué ce système électoral, d’abord avec l’élection présidentielle de 2004 qui a d’ailleurs été une réussite dans la politique du président BIYA notamment celle du maintien de la paix et de la stabilité politique, ensuite celle de 2011 qui s’est également résolue par une remarquable stabilité politique et paix nationale. Il ne serait pas exagéré de reconnaitre la réussite de l’organe chargé de l’organisation et de l’observation des élections « ELECAM », bien que critiqué et rejeté par l’opposition qui souhaitait l’installation d’un scrutin électoral à deux tours, cet organe a eu le mérite de mener à bien les élections présidentielles. Des honneurs sont également porté à la personne du président BIYA qui a d’ailleurs permis à cet organe de voir le jour et a suivi minutieusement son évolution depuis ses préliminaires jusqu’à son aboutissement.
La paix et la stabilité ont toujours été les fondamentaux du président BIYA, politique qui n’a pas toujours réussi aux autres chefs d’États africains. Le Cameroun a toujours pratiqué le système majoritaire uninominal à un tour et cela lui a toujours valu la paix et la sécurité interne, mieux une réelle stabilité politique. Par conséquent, il serait peut être opportun pour les États Africains d’opter pour ce système électoral.