Must a écrit :Si je peux me permettre, Garfield a une vision de la province et de Paris puisqu'elle connait très bien les 2 apparemment...
Sans blague, ce clivage province / Paris devient fatigant sur ce forum...
Allez les admin, faites un VJ "province" et un VJ "Paris", et tout le monde sera content...
Auquel cas, il va de soi que je ne modèrerai que le VJ Paris. J'ai ma dignité.
Plus sérieusement, je vais répondre en particulier à ce cher Camille, pourtant un presque francilien vu son département (Vernon, c'est une grande banlieue de Paris non ?) mais un peu aux autres aussi.
Je lis que Paris et la centralisation incarnent le "mal français". Bon, j'ai beaucoup d'affection pour cette expression un peu orpheline, alors si quelqu'un a retrouvé ses parents, ça nous permettra de savoir de quoi on parle. Il est bien évident que nombre de sièges sociaux se trouvent à Paris et pourraient se trouver ailleurs (à vous de me dire lesquels parce qu'à bien y réfléchir, je ne vois pas tellement qui mais je ne connais pas les entreprises "moyennes grandes", celles aux effectifs consistants mais aux noms pas forcément éloquents) ; je travaille pour des compagnies d'assurances, siégeant dans des villes moyennes et -dans ma perception- fort peu attirantes de l'ouest et du centre-ouest. Je m'en explique plus loin.
Donc, Paris et le mal français. Et ou est, d'ailleurs. Une partie du mal parisien tient précisément à l'accaparement du pouvoir par les petits barons locaux, les notables provinciaux dans ce qu'il y a de plus détestable (la littérature française du XIXème siècle, qu'elle soit le fait de Tourangeaux ou de Normands, vous en offre des exemples). La forte croissance de Paris c'est précisément entre la Révolution et, grosso modo, la Belle époque qu'elle a eu lieu, avec une couche supplémentaire à la Libération. Mais la population était déjà en proportion de la France, équivalente. Or à cette époque, le pouvoir conservateur, réactionnaire, rural et composé de petits propriétaires, n'avait peur de rien de plus que de la révolte. Or, d'où sont venues les grandes révoltes qui traumatisaient leur imaginaires ? De la ville, en particulier de Paris. Pour ce pouvoir central, Paris, c'est la révolution, c'est les journées glorieuses de 1848, c'est la Commune. Leur objectif n'a jamais été autre que celui de brider Paris. Résultat, un centre plus ou moins cohérent (je suis généreux mais les autres villes françaises ne déparent pas tellement) et une série d'aberrations urbanistiques qu'on nomme couramment "banlieue". C'est bien précisément pour avoir refusé de voir en Paris une ville d'une importance supérieure à celle d'une simple capitale nationale qu'on se retrouve aujourd'hui avec une ville corsetée, dotée d'infrastructures certes de qualité mais insuffisantes encore. Toujours la même mentalité étriquée de la France des terres (celle qu'on oppose à la France des mers).
Revenons-en au sujet. Si on perd à Paris une quantité d'heures de travail colossales avec les transports, n'oubliez pas combien de fois notre productivité les rattrape et pensez au gâchis consécutif à l'incurie des gouvernants préférant soigner leur province plutôt que dépenser pour Paris.
Ca c'est pour une partie du constat. Personnellement, rien ne me donne envie de quitter Paris pour une quelconque ville de province (allez, on peut toujours faire exception pour un Strasbourg) ; bien sûr, je perds du temps dans les transports. A supposer que lire dans un train de banlieue ou dans le métro soit une perte de temps, c'est un point de vue que je ne partage pas non plus. Bêtement, les transports en commun ont cette supériorité sur la voiture que leur utilisateur ne conduit pas ; avec un peu de chance, il peut se consacrer à autre chose. Mais admettons que les transports vous effraient. J'ai grandi avec, je me souviens du métro bleu marine et blanc crème et des tickets chic et des tickets choc, j'étais tout petit mais ça me parle.
Paris ville stressante ? Oui et alors ? Le Parisien que je suis aime cette tension, cette nervosité et même si c'est parfois épuisant, c'est aussi une vie qui offre des émotions marquées et, avec un minimum de volonté, on ne s'ennuie pas ici. Caricature ? Possible, j'en lis depuis cinq pages, merci de m'accorder le droit au miroir.
Paris ville chère ? Oui, c'est sans doute le plus gros inconvénient, le logement est un poste aux tarifs assez délirants ; ça ne réjouit à peu près personne, sauf sans doute les provinciaux propriétaires de logements loués à ces tarifs délirants. Ca doit leur assurer une retraite confortable, une fois que leurs enfants n'ont plus besoin de ces logements pour leurs études.
A la limite, j'aurais presque envie d'être un peu plus piquant, professionnellement parlant : vous avez entrepris des études de droit, vous connaissiez ou auriez dû envisager la situation professionnelle à l'époque (ça peut changer en cinq ans mais ça peut aussi ne pas changer et là on parle de tendances lourdes de notre pays...) et vous rendre compte que l'essentiel des postes dans la fonction juridique est à Paris. Que les barreaux franciliens comptent la moitié des avocats du pays. Vous le saviez mais vous vous en plaignez parce que ça vous ne plaît pas, sans doute à raison. Vous faites quoi pour changer les choses ?
Je viens de lire le post de matthejoke (tiens je croyais que t'étais pas si fan de rugby que ça, bien que toulousain

) et je rejoins ce qu'il écrit. Dans une tonalité beaucoup moins conciliante en ce qui me concerne.
Parisiennement,
MEEM.